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Jean 8.7
Vigouroux


La femme adultère

1 Or Jésus se rendit sur la montagne des Oliviers.
[8.1 A la montagne des Oliviers. Voir Matthieu, 21, 1.]
2 Et, de grand matin, il vint de nouveau dans le temple, et tout le peuple vint à lui ; et s’étant assis, il les enseignait.
3 Alors les scribes et les pharisiens lui amenèrent une femme surprise en adultère ; et ils la placèrent au milieu de la foule.
4 Et ils dirent à Jésus : Maître, cette femme vient d’être surprise en adultère.
5 Or Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Vous donc, que dites-vous ?
[8.5 Voir Lévitique, 20, 10. — Dans la loi. Voir Deutéronome, 20, vv. 22, 24.]
6 Ils disaient cela pour le tenter, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus, se baissant, écrivait avec son doigt sur la terre.
7 Et comme ils persistaient à l’interroger, il se releva, et leur dit : Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la pierre le premier.
[8.7 Voir Deutéronome, 17, 7.]

8 Puis, se baissant de nouveau, il écrivait sur la terre.
9 Mais, ayant entendu cela, ils se retirèrent l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés ; et Jésus demeura seul avec cette femme, qui était debout au milieu.
10 Alors Jésus, se relevant, lui dit : Femme, où sont ceux qui t’accusaient ? Personne ne t’a-t-il condamnée ?
11 Elle dit : Personne, Seigneur. Jésus lui dit : Moi non plus, je ne te condamnerai pas ; va, et désormais ne pèche plus.

Jésus, la lumière du monde

12 Jésus leur parla de nouveau, en disant : Je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie.
[8.12 Voir 1 Jean, 1, 5.]
13 Les pharisiens lui dirent donc : Vous vous rendez témoignage à vous-même ; votre témoignage n’est pas vrai.
[8.13 N’est pas vrai ; c’est-à-dire n’est pas valable, n’est pas acceptable.]
14 Jésus leur répondit : Quoique je me rende témoignage à moi-même, mon témoignage est vrai, car je sais d’où je viens, et où je vais ; mais vous, vous ne savez pas d’où je viens, ni où je vais.
15 Vous jugez selon la chair ; moi, je ne juge personne ;
16 et si je juge, mon jugement est vrai, car je ne suis pas seul ; mais je suis avec le Père, qui m’a envoyé.
17 Il est écrit dans votre loi que le témoignage de deux hommes est vrai.
[8.17 Voir Deutéronome, 17, 6 ; 19, 15 ; Matthieu, 18, 16 ; 2 Corinthiens, 13, 1 ; Hébreux, 10, 28.]
18 Or je me rends témoignage à moi-même ; et le Père, qui m’a envoyé, me rend aussi témoignage.
19 Ils lui disaient donc : Où est votre Père ? Jésus leur répondit : Vous ne connaissez ni moi, ni mon Père ; si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père.
20 Jésus dit ces choses, enseignant dans le temple, au lieu où était le trésor ; et personne ne l’arrêta, parce que son heure n’était pas encore venue.
[8.20 Où est le trésor, le tronc pour recevoir les aumônes. Voir Marc, 12, 41.]
21 Jésus leur dit encore : Je m’en vais, et vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché. Là où je vais, vous ne pouvez venir.
22 Les Juifs disaient donc : Est-ce qu’il se tuera lui-même, puisqu’il dit : Là où je vais, vous ne pouvez venir ?
23 Et il leur dit : Vous, vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut. Vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde.
24 Je vous ai donc dit que vous mourrez dans vos péchés ; car, si vous ne croyez pas à ce que je suis, vous mourrez dans votre péché.
25 Ils lui dirent donc : Qui êtes-vous ? Jésus leur répondit : Je suis le principe, moi qui vous parle.
26 J’ai beaucoup de choses à dire de vous et à juger en vous. Mais celui qui m’a envoyé est véridique, et ce que j’ai appris de lui, je le dis dans le monde.
[8.26 Voir Romains, 3, 4.]
27 Ils ne comprirent pas qu’il disait que Dieu était son Père.
28 Jésus leur dit donc : Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous connaîtrez ce que je suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je parle selon ce que le Père m’a enseigné.
29 Et celui qui m’a envoyé est avec moi, et il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable.
30 Comme il disait ces choses, beaucoup crurent en lui.
31 Jésus disait donc aux Juifs qui avaient cru en lui : Si vous demeurez dans ma parole, vous serez vraiment mes disciples
32 et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres.
33 Ils lui répondirent : Nous sommes la postérité d’Abraham, et nous n’avons jamais été esclaves de personne ; comment dites-vous : Vous serez libres ?
34 Jésus leur répondit : En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque commet le péché est esclave du péché.
[8.34 Voir Romains, 6, verset 15 et suivants ; 7, verset 14 et suivants ; 2 Pierre, 2, 19.]
35 Or l’esclave ne demeure pas toujours dans la maison ; mais le fils y demeure toujours.
36 Si donc le fils vous met en liberté, vous serez vraiment libres.
[8.36 Le Fils de Dieu. Bossuet : « Et quelle liberté vous donnera-t-il, sinon celle qu’il a voulu pour lui-même ? C’est-à-dire d’être dépendant de Dieu seul, dont il est si doux de dépendre, et le service duquel vaut mieux qu’un royaume, parce que cette même soumission qui nous met au-dessous de Dieu, nous met en même temps au-dessus de tout. Â»]
37 Je sais que vous êtes fils d’Abraham ; mais vous cherchez à me faire mourir, parce que ma parole n’a pas prise sur vous.
38 Moi, je dis ce que j’ai vu chez mon Père ; et vous, vous faites ce que vous avez vu chez votre père.
39 Ils lui répondirent : Notre père, c’est Abraham. Jésus leur dit : Si vous êtes fils d’Abraham, faites les œuvres d’Abraham.
40 Mais maintenant vous cherchez à me faire mourir, moi (homme) qui vous ai dit la vérité, que j’ai entendue de Dieu ; cela, Abraham ne l’a pas fait.
[8.40 Loin de là ; c’est-à-dire loin de faire les œuvres d’Abraham, vous cherchez, etc. C’est le seul sens conforme à la Vulgate aussi bien qu’au texte grec.]
41 Vous faites les œuvres de votre père. Ils lui dirent : Nous ne sommes pas des enfants de fornication ; nous avons un seul père, Dieu.
42 Jésus leur dit donc : Si Dieu était votre père, vous m’aimeriez, car c’est de Dieu que je suis sorti et que je suis venu ; je ne suis pas venu de moi-même, mais c’est lui qui m’a envoyé.
43 Pourquoi ne connaissez-vous pas mon langage ? Parce que vous ne pouvez entendre ma parole.
44 Vous avez le diable pour père, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été homicide dès le commencement, et il n’est pas demeuré dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, car il est menteur, et père du mensonge.
[8.44 Voir 1 Jean, 3, 8.]
45 Mais moi, quand je dis la vérité, vous ne me croyez pas.
46 Qui de vous me convaincra de péché ? Si je vous dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ?
47 Celui qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu. C’est pour cela que vous n’écoutez pas, parce que vous n’êtes pas de Dieu.
[8.47 Voir 1 Jean, 4, 6.]
48 Les Juifs lui répondirent donc, et lui dirent : N’avons-nous pas raison de dire que vous êtes un Samaritain et un possédé du démon ?
[8.48 Un Samaritain, terme injurieux, puisque les Samaritains étaient schismatiques et ennemis des Juifs.]
49 Jésus répondit : Je ne suis pas possédé du démon, mais j’honore mon Père ; et vous, vous me déshonorez.
50 Pour moi, je ne cherche pas ma propre gloire ; il est quelqu’un qui la cherche, et qui juge.
51 En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort.
52 Les Juifs lui dirent : Maintenant nous connaissons que vous êtes possédé du démon. Abraham est mort, et les prophètes aussi ; et vous dites : Si quelqu’un garde ma parole, il ne goûtera jamais la mort.
53 Etes-vous plus grand que notre père Abraham, qui est mort, et que les prophètes, qui sont morts aussi ? Qui prétendez-vous être ?
54 Jésus répondit : Si je me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien ; c’est mon Père qui me glorifie, lui dont vous dites qu’il est votre Dieu.
55 Et vous ne le connaissez pas ; mais moi, je le connais ; et si je disais que je ne le connais pas, je serais semblable à vous, un menteur. Mais je le connais, et je garde sa parole.
56 Abraham, votre père, a tressailli de joie, désirant voir mon jour ; il l’a vu, et il s’est réjoui.
57 Les Juifs lui dirent : Vous n’avez pas encore cinquante ans, et vous avez vu Abraham ?
[8.57 Cinquante ans. « Notre-Seigneur était beaucoup plus jeune, mais la cinquantième année était chez les juifs le terme fixé pour l’âge viril, l’âge parfait. C’est comme s’ils avaient dit : Vous n’avez pas encore atteint l’âge parfait, et vous avez vu Abraham ! Â» (CRAMPON)]
58 Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, je suis.
[8.58 Avant qu’Abraham eût été fait. La traduction ordinaire : Avant qu’Abraham fût, est, selon la remarque judicieuse de Bossuet, tout à fait inexacte, puisque l’être d’Abraham et celui de Jésus-Christ n’étaient ni les mêmes en soi ni expliqués par le même mot. Ajoutons que le grec, comme la Vulgate, emploie pour Abraham le verbe être fait, et pour Jésus-Christ, être, exister.]
59 Ils prirent donc des pierres, pour les jeter sur lui ; mais Jésus se cacha, et sortit du temple.

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