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Jean 11.1
Vigouroux


Jésus ressuscite Lazare

1 Il y avait un homme malade, Lazare, de Béthanie, le bourg de Marie et de Marthe, sa sœur.
[11.1-2 Béthanie, voir Matthieu, 21, 17. — Marie Madeleine, voir Matthieu, 27, 56. — Marthe, voir Luc, 10, 38. L’Evangéliste suppose connus de ses lecteurs les détails donnés par saint Matthieu et saint Luc sur cette famille aimée du Seigneur. Voir les concordances.]

2 Marie était celle qui oignit le Seigneur de parfum, et qui lui essuya les pieds avec ses cheveux ; Lazare, qui était malade, était son frère.
[11.2 Voir Matthieu, 26, 7 ; Luc, 7, 37 ; Jean, 12, 3.]
3 Ses sœurs envoyèrent donc dire à Jésus : Seigneur, voici que celui que vous aimez est malade.
[11.3 « Souvent, on dit à Jésus dans son Evangile : venez Seigneur, et guérissez ; imposez vos mains, touchez le malade, ici on dit simplement : Celui que vous aimez est malade. Jésus entend la voix du besoin d’autant plus que cette manière de le prier a quelque chose, non seulement de plus respectueux et de plus soumis, mais encore de plus tendre. Qu’elle est aimable cette prière ! Pratiquons-la, principalement pour les maladies de l’âme. Â» (BOSSUET.)]
4 Entendant cela, Jésus leur dit : Cette maladie n’est (ne va) pas à la mort ; mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle.
5 Or Jésus aimait Marthe, et Marie sa sœur, et Lazare.
6 Ayant donc appris qu’il était malade, il resta cependant deux jours encore dans le même lieu.
7 Il dit ensuite à ses disciples : Retournons en Judée.
8 Ses disciples lui dirent : Maître, les Juifs cherchaient récemment à vous lapider, et vous retournez là ?
9 Jésus répondit : Le jour n’a-t-il pas douze heures ? Si quelqu’un marche pendant le jour, il ne se heurte pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde ;
[11.9 N’y a-t-il pas douze heures dans le jour ? Les Juifs partageaient le jour de différentes manières.]
10 mais, s’il marche pendant la nuit, il se heurte, parce qu’il n’a pas de lumière en lui.
11 Après ces paroles, il leur dit : Lazare, notre ami, dort ; mais je vais le réveiller.
12 Ses disciples lui dirent donc : Seigneur, s’il dort, il sera sauvé.
13 Or Jésus avait parlé de sa mort ; mais ils crurent qu’il parlait de l’assoupissement du sommeil.
14 Jésus leur dit donc alors clairement : Lazare est mort ;
15 et je me réjouis, à cause de vous, de ce que je n’étais pas là, afin que vous croyiez. Mais allons auprès de lui.
16 Thomas, appelé Didyme, dit alors aux autres disciples : Allons-y, nous aussi, et mourons avec lui.
[11.16 Didyme signifie en grec jumeau. Thomas a en hébreu le même sens. Une tradition dit qu’il avait une sœur jumelle appelée Lydie.]
17 Jésus vint donc, et il trouva que Lazare était déjà depuis quatre jours dans le tombeau.
18 Or Béthanie était près de Jérusalem, à environ quinze stades.
[11.18 A environ quinze stades, un peu moins de trois kilomètres.]
19 Beaucoup de Juifs étaient venus auprès de Marthe et de Marie, pour les consoler au sujet de leur frère.
20 Dès que Marthe eut appris que Jésus venait, elle alla au-devant de lui ; mais Marie était assise dans la maison.
21 Marthe dit donc à Jésus : Seigneur, si vous aviez été ici, mon frère ne serait pas mort.
22 Mais je sais que, maintenant encore, tout ce que vous demanderez à Dieu, Dieu vous l’accordera.
23 Jésus lui dit : Ton frère ressuscitera.
24 Marthe lui dit : Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour.
[11.24 Voir Luc, 14, 14 ; Jean, 5, 21.]
25 Jésus lui dit : Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, quand même il serait mort, vivra,
[11.25 Voir Jean, 6, 40. — C’est moi qui suis, etc. ; c’est-à-dire c’est moi qui ressuscite et qui vivifie. Pour donner plus d’énergie au discours, les Hébreux employaient souvent les noms abstraits pour les noms concrets.]
26 et quiconque vit et croit en moi, ne mourra jamais. Crois-tu cela ?
27 Elle lui dit : Oui, Seigneur, je crois que vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant, qui êtes venu dans ce monde.
28 Lorsqu’elle eut dit ces choses, elle s’en alla, et appela Marie, sa sœur, à voix basse, en disant : Le Maître est là, et il te demande.
29 Dès que Marie eut entendu, elle se leva aussitôt, et alla auprès de lui.
30 Car Jésus n’était pas encore entré dans le bourg ; mais il était encore dans le lieu où Marthe l’avait rencontré.
31 Cependant, les Juifs qui étaient avec Marie dans la maison, et qui la consolaient, l’ayant vue se lever promptement et sortir, la suivirent, en disant : Elle va au sépulcre, pour y pleurer.
32 Lorsque Marie fut venue là où était Jésus, le voyant, elle tomba à ses pieds, et lui dit : Seigneur, si vous aviez été ici, mon frère ne serait pas mort.
33 Jésus, lorsqu’il la vit pleurer, et qu’il vit les Juifs qui étaient venus avec elle pleurer aussi, frémit en son esprit, et se troubla lui-même.
34 Et il dit : Où l’avez-vous mis ? Ils lui dirent : Seigneur, venez et voyez.
35 Et Jésus pleura.
36 Les Juifs dirent donc : Voyez comme il l’aimait.
37 Mais quelques-uns d’entre eux dirent : Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle-né, ne pouvait-il pas faire que celui-ci ne mourût pas ?
[11.37 Voir Jean, 9, 6.]
38 Jésus, frémissant donc de nouveau en lui-même, vint au sépulcre. C’était une grotte, et une pierre était placée par-dessus.
[11.38 C’était une grotte. « ;Le tombeau de saint Lazare fut vénéré dès les premiers temps du Christianisme. La petite porte du tombeau regarde le nord. L’entrée est obscure et difficile. [On y descend par] vingt-trois marches toutes usées. Le tombeau est une grotte souterraine pratiquée dans le rocher, mais ce rocher est dissous depuis longtemps, de sorte qu’on le prendrait facilement pour de la terre argileuse, excepté la partie avoisinant l’entrée où il a conservé toute sa dureté primitive. Ce changement est cause que nous trouvons aujourd’hui ce monument revêtu d’une maçonnerie dont la voûte est en ogive. [Il] se compose de deux chambres carrées, presque de même grandeur, d’à peu près trois mètres de long sur autant de large, et revêtues d’une maçonnerie assez grossière. La première est la chambre où se trouvait Notre-Seigneur quand il ressuscita Lazare. Du côté de l’est, on remarque une porte cintrée qui est murée depuis des siècles. Cette porte est précisément à l’entrée primitive du tombeau. Par une ouverture qui se trouve dans la paroi nord, on peut regarder dans le sépulcre proprement dit. De cette chambre on descend par un escalier bas et étroit de trois marches dans la chambre sépulcrale. La voûte en est légèrement ogivale. Quant à la couche funèbre de saint Lazare, nous ne savons plus si elle avait la forme de four à cercueil, d’auge ou de banc ; mais si l’on considère la forme carrée de la chambre, il paraît probable que cette couche était un banc surmonté d’un arceau. Cette chambre était disposée pour en contenir encore deux autres, ainsi qu’on en voit d’ailleurs en grand nombre, chacune des trois parois ayant son banc, tandis que celle où se trouve la porte d’entrée reste libre. Â» (LIEVIN DE HAMME.) — Une pierre était posée dessus. « Selon l’usage, une pierre fermait l’entrée de la grotte ; mais le corps de Lazare était au fond de la grotte, dans une chambre sépulcrale. Une pierre recouvrait la tombe proprement dite creusée dans le roc où était le corps de Lazare. Il y avait donc deux pierres à ôter : l’une qui permettait d’entrer dans la grotte, dans le monument ; l’autre, la véritable pierre tombale, dont l’encastrement dans le roc vif se voit encore. Ce fut celle-ci que Jésus ordonna de lever et qui laissa voir Lazare les pieds et les mains enveloppés de ses suaires. L’Evangéliste n’a mentionné naturellement que la pierre tombale qui recouvrait Lazare. Jésus avait dû descendre d’abord dans le monument par un escalier profond taillé dans le roc, puis de là descendre dans la chambre sépulcrale où Lazare avait été mis. Â» (J.-H. MICHON.)]
39 Jésus dit : Otez la pierre. Marthe, la sœur du mort, lui dit : Seigneur, il sent déjà mauvais ; car il y a quatre jours qu’il est là.
40 Jésus lui dit : Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ?
41 Ils enlevèrent donc la pierre. Et Jésus, levant les yeux en haut, dit : Père, je vous rends grâces de ce que vous m’avez écouté.
42 Pour moi, je savais que vous m’écoutez toujours ; mais je parle ainsi à cause du peuple qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est vous qui m’avez envoyé.
43 Ayant dit cela, il cria d’une voix forte : Lazare, viens dehors.
44 Et aussitôt le mort sortit, ayant les pieds et les mains liés de bandes, et le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : Déliez-le, et laissez-le aller.
[11.44 De bandelettes. On enveloppait les cadavres d’une grande quantité de bandelettes à la façon des Egyptiens.]
45 Beaucoup donc d’entre les Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et de Marthe, et qui avaient vu ce qu’avait fait Jésus, crurent en lui.
46 Mais quelques-uns d’entre eux allèrent trouver les pharisiens, et leur dirent ce qu’avait fait Jésus.
47 Les princes des prêtres (pontifes) et les pharisiens assemblèrent donc le conseil ; et ils disaient : Que ferons-nous ? Car cet homme fait beaucoup de miracles.
[11.47 Le conseil, le sanhédrin. — Les pontifes et les pharisiens assemblèrent le conseil. Suivant une ancienne tradition, le conseil fut assemblé à la maison de campagne de Caïphe, située sur le mont du Mauvais Conseil, qui a tiré de là son nom. Ce mont est à l’ouest de Jérusalem et forme la limite méridionale de la vallée de Ben-Hinnom.]
48 Si nous le laissons agir ainsi, tous croiront en lui, et les Romains viendront, et ruineront notre ville et notre nation.
[11.48 Les Romains viendront et ruineront notre pays.Les Romains viendront, et ils détruiront notre ville, notre temple et toute notre nation. C’est le prétexte dont ils couvraient leur intérêt caché et leur ambition. Le bien public impose aux hommes, et peut-être que les pontifes et les pharisiens en étaient véritablement touchés, car la politique mal entendue est le moyen le plus sûr pour jeter les hommes dans l’aveuglement et les faire résister à Dieu.
« On voit ici tous les caractères de la fausse politique et une imitation de la bonne, mais à contresens. La véritable politique est prévoyante et par là se montre sage. Ceux-ci font aussi les sages et les prévoyants : Les Romains viendront. Ils viendront, il est vrai, non pas comme vous pensez, parce qu’on aura reconnu le Sauveur ; mais au contraire, parce qu’on aura manqué de le reconnaître. La nation périra : vous l’avez bien prévu ; elle périra en effet ; mais ce sera par les moyens dont vous prétendiez vous servir pour la sauver, tant est aveugle votre politique et votre prévoyance. La politique est habile et capable : ceux-ci font les capables. Voyez avec quel air de capacité Caïphe disait : Vous n’y entendez rien ; il n’y entendait rien lui-même. Il faut qu’un homme meure pour le peuple ; il disait vrai, mais c’était d’une autre façon qu’il ne l’entendait. La politique sacrifie le bien particulier au bien public, et cela est juste jusqu’à un certain point. Il faut qu’un homme meure pour le peuple : il entendait qu’on pouvait condamner un innocent au dernier supplice, sous prétexte du bien public, ce qui n’est jamais permis car au contraire le sang innocent crie vengeance contre ceux qui le répandent. La grande habileté des politiques, c’est de donner de beaux prétextes à leurs mauvais desseins. Il n’y a pas de prétexte plus spécieux que le bien public, que les pontifes et leurs adhérents font semblant de se proposer. Mais Dieu les confondit, et leur politique ruina le temple, la ville, la nation qu’ils faisaient semblant de vouloir sauver. Â» (BOSSUET.)]

49 Mais l’un d’eux, nommé Caïphe, qui était le grand prêtre de cette année-là, leur dit : Vous n’y entendez rien,
[11.49 Voir Jean, 18, 14. — « Que signifient ces mots de saint Jean sur Caïphe : il était le pontife de cette année-là ? Les interprètes se divisent dans l’explication de ce passage. Suivant un certain nombre, par ces mots, Pontifex anni illius, répétés encore plus loin, saint Jean voudrait indiquer que c’était la première année du pontificat de Caïphe, le Sadducéen. Suivant d’autres, son intention serait de faire sentir l’avilissement du pontificat, sujet à passer, presque chaque année d’une personne à une autre, au gré des gouverneurs romains, et perdant à la fois l’inamovibilité, la considération et la sainteté. Plusieurs croient qu’il signale cette année entre les autres parce qu’elle a été marquée par des évènements d’une suprême importance, surtout par la substitution du sacerdoce de Jésus-Christ à celui d’Aaron. Toutes ces interprétations sont plausibles à quelque degré. Mais il ne paraît pas qu’on puisse supposer qu’Anne et Caïphe exerçaient alternativement le pontificat d’année en année. On n’a aucun exemple d’un pareil fait. S’il est dit dans les Actes des Apôtres qu’Anne était prince des prêtres, cela signifie seulement qu’il était à la tête d’une famille sacerdotale ; car saint Luc distingue parfaitement en cet endroit le grand-prêtre des princes des prêtres. Quant à la liaison qu’établit saint Jean entre la prophétie de Caïphe et son titre de grand-prêtre : « étant le pontife de cette année-là, il prophétisa, Â» il ne pouvait en être assuré que par révélation. C’était bien l’usage de recourir aux grands-prêtres dans les cas difficiles pour connaître la volonté de Dieu, et l’Ecriture en certains endroits semble leur attribuer des lumières surnaturelles. Mais rien n’autorise à dire que le don de prophétie fût une de leurs attributions. D’ailleurs ce mot de saint Jean, « il prophétisa Â», ne doit pas se prendre à la lettre, dit saint Thomas. Ce qui résulte des paroles de l’évangéliste, c’est que l’immolation du Sauveur a été décidée par celui qui avait la charge d’offrir chaque année le sacrifice d’expiation pour le peuple. Le grand-prêtre désigne bien ici et immole en quelque façon la victime divine qui va satisfaire pour les péchés du monde entier. En cela, il est, sans le savoir, l’instrument du ciel et l’organe de l’esprit de Dieu. Â» (L. BACUEZ.)]
50 et vous ne réfléchissez pas qu’il vaut mieux pour vous qu’un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse pas.
51 Or il ne dit pas cela de lui-même ; mais, étant grand prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation
52 et non seulement pour la nation, mais aussi pour rassembler en un seul corps les enfants de Dieu qui étaient dispersés.
[11.52 Les enfants de Dieu : l’Evangéliste appelle ainsi les Gentils par anticipation.]
53 A partir de ce jour, ils pensaient donc à le faire mourir.
54 C’est pourquoi Jésus ne se montrait plus ouvertement parmi les Juifs ; mais il s’en alla dans une région voisine du désert, dans une ville nommée Ephrem, et il demeurait là avec ses disciples.
[11.54 Ephrem, ville dont la situation n’est pas bien connue. Elle était dans le voisinage de Béthel, d’après Josèphe, et par conséquent au nord de Jérusalem.]
55 Or la Pâque des Juifs était proche, et beaucoup montèrent de cette région à Jérusalem avant la Pâque, pour se purifier.
[11.55 La Pâque des Juifs. Voir Matthieu, 26, 2. — Pour se purifier : ceux qui avaient commis quelque faute, encouru quelque impureté légale, désiraient se purifier d’avance à Jérusalem, afin de pouvoir, immédiatement après, célébrer convenablement la Pâque.]
56 Ils cherchaient donc Jésus, et se disaient les uns aux autres, debout dans le temple : Que pensez-vous de ce qu’il n’est pas venu à la fête ?
57 Mais les princes des prêtres et les pharisiens avaient donné ordre que, si quelqu’un savait où il était, il le déclarât, afin qu’on le saisît.

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