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1 Samuel 17.20
Vigouroux


Victoire de David contre Goliath

1 Or les Philistins, assemblant de nouveau leurs troupes pour combattre Israël, se réunirent à Socho de Juda, et campèrent entre Socho et Azéca, sur les confins de Dommim.
[17.1 Socho de Juda, aujourd’hui Schouwekéh, près de la Séphéla où habitaient les Philistins. ― Azéca était aussi une ville de Juda. ― Dommim, en hébreu Ephes-Dammim (dans 1 Paralipomènes, 11, 13, Phesdomim), dans la vallée d’Elah ou du Térébinthe.]
2 De leur côté, Saül et les enfants d’Israël s’étant aussi assemblés, vinrent dans la vallée du Térébinthe, et mirent leur armée en bataille pour combattre les Philistins.
[17.2 La vallée du Térébinthe, l’ouadi es-Sumt, près de Socho, ou une vallée voisine.]
3 Les Philistins étaient d’un côté, sur une montagne ; Israël était de l’autre côté, sur une autre montagne ; et il y avait une vallée entre eux.
4 Or un homme qui était bâtard (de père inconnu) sortit du camp des Philistins. Il s’appelait Goliath ; il était de Geth, et il avait six coudées et un(e ?) palme de haut.
[17.4 De la hauteur de six coudées et d’un(e ?) palme. Environ 3 mètres.]
5 Il avait un casque d’airain sur la tête ; il était revêtu d’une cuirasse à écailles, qui pesait cinq mille sicles d’airain.
[17.5 Cinq mille sicles d’airain. Environ 60 kilogrammes.]
6 Il avait aux cuisses (jambes) des cuissards (bottes) d’airain, et un bouclier d’airain lui couvrait les épaules.
7 La hampe de sa lance était comme l’ensouple des tisserands, et le fer de sa lance pesait six cents sicles de fer ; et son écuyer marchait devant lui.
[17.7 Six cents sicles, environ 7 kilogrammes 500 grammes.]
8 Et se tenant debout en face des bataillons d’Israël, il leur criait : Pourquoi venez-vous combattre en bataille rangée ? Ne suis-je pas Philistin, et vous serviteurs de Saül ? Choisissez un homme d’entre vous, et qu’il vienne se battre seul à seul.
9 S’il ose se battre contre moi et qu’il m’ôte la vie, nous serons vos esclaves ; mais si j’ai l’avantage sur lui, et si je le tue, vous serez nos esclaves, et vous nous serez assujettis.
10 Et ce Philistin disait : J’ai défié aujourd’hui toute l’armée d’Israël, et je leur ai dit : Donnez-moi un homme, et qu’il vienne se battre contre moi.
11 (Mais) Saül et tous les Israélites, entendant ce Philistin parler de la sorte, étaient frappés de stupeur, et tremblaient extrêmement.
12 Or David était fils de cet Ephrathéen de Bethléhem de Juda, nommé Isaï, dont il a été parlé auparavant, qui avait huit fils, et qui était vieux et avancé en âge au temps de Saül.
[17.12 Voir 1 Rois, 16, 1.]
13 (Mais) Les trois plus grands de ses fils avaient suivi Saül à l’armée ; l’aîné de ces trois, qui étaient allés à la guerre, s’appelait Eliab, le second Abinadab, et le troisième Samma.
14 (Or) David était le plus jeune de tous. Et lorsque les trois aînés eurent suivi Saül
15 il était revenu d’auprès de Saül, et était allé à Bethléhem pour mener paître le troupeau de son père.
16 Cependant ce (le) Philistin se présentait au combat le matin et le soir, et cela dura pendant quarante jours.
17 Or Isaï dit à David son fils : Prends pour tes frères un éphi de farine (grains rôtis) et ces dix pains, et cours à eux jusqu’au camp.
[17.17 Un éphi, 38 litres 88. ― Les Israélites qui faisaient la guerre devaient s’approvisionner eux-mêmes.]
18 Porte aussi ces dix fromages pour leur maître de camp (au tribun). Vois comment tes frères se portent, et sache en quelle compagnie ils sont.
[17.18 Au tribun. Voir Exode, 18, 21.]
19 Or Saül et ces (les) fils d’Isaï, et tous les enfants d’Israël combattaient contre les Philistins dans la vallée du Térébinthe.
20 David, s’étant donc levé dès la pointe du jour, laissa à un homme (gardien) le soin de son troupeau, et s’en alla portant son fardeau, selon l’ordre qu’Isaï lui avait donné. Il vint au lieu appelé Magala, où l’armée s’était avancée pour livrer la bataille ; et l’on entendait les cris pour signal du combat.
[17.20 Magala n’est pas un nom propre, mais désigne le campement des Israélites.]

21 Car Israël avait rangé en bataille toutes ses troupes ; et les Philistins étaient en ligne de l’autre côté.
22 David, ayant donc laissé ce qu’il avait apporté entre les mains du gardien des bagages, courut au lieu du combat, et s’enquit de l’état de ses frères, et s’ils se portaient bien.
23 Tandis qu’il parlait encore, ce Philistin de Geth, appelé Goliath, qui était bâtard (de père inconnu), sortit du camp des Philistins ; et David lui entendit proférer ses mêmes paroles.
[17.23 Leur ; c’est-à-dire ceux qu’il interrogeait.]
24 (Or) Tous les Israélites, ayant vu Goliath, s’enfuirent devant lui tremblants de peur.
25 Et quelqu’un d’Israël se mit à dire : Voyez-vous cet homme qui se présente au combat ? Il vient pour insulter (défier) Israël. Si quelqu’un le tue, le roi le comblera de richesses, lui donnera sa fille en mariage, et rendra la maison de son père exempte de tribut dans Israël.
26 Et David dit à ceux qui étaient auprès de lui : Que donnera-t-on à celui qui tuera ce Philistin, et qui ôtera l’opprobre d’Israël ? Car qui est ce Philistin incirconcis, pour insulter ainsi l’armée du Dieu vivant ?
27 Et le peuple lui répétait les mêmes choses, en disant : On donnera telle récompense à celui qui l’aura tué.
28 Mais Eliab, frère aîné de David, l’ayant entendu parler ainsi avec d’autres, s’irrita contre lui, et lui dit : Pourquoi es-tu venu, et pourquoi as-tu abandonné dans le désert ce peu de brebis ? Je sais quel est ton orgueil et la malignité de ton cœur, et que tu n’es venu ici que pour voir le combat.
29 David lui dit : Qu’ai-je fait ? N’est-il pas permis de parler ?
[17.29 N’est-ce pas, etc. Est-ce autre chose qu’une simple parole qui ne saurait tirer à conséquence ? ― Ou plutôt : N’est-il pas permis de dire une parole et de prendre quelques informations ?]
30 Et il se détourna un peu de lui, pour aller vers un autre, et il dit la même chose ; et le peuple lui répondit comme auparavant.
31 Or ces paroles de David furent entendues, et on les répéta devant Saül.
32 Et Saül l’ayant fait venir en sa présence, David lui dit : Que personne n’aie peur de ce Philistin ; moi votre serviteur, j’irai et je le combattrai.
33 (Et) Saül lui dit : Tu ne saurais résister à ce Philistin, ni combattre contre lui ; parce que tu es un enfant, tandis qu’il est un homme de guerre depuis sa jeunesse.
34 David répondit à Saül : Lorsque votre serviteur conduisait le troupeau de son père, il venait quelquefois un lion ou un ours, qui emportait un bélier du milieu du troupeau ;
[17.34 Voir Ecclésiastique, 47, 3. ― Le lion ou l’ours. Les animaux féroces étaient autrefois communs en Palestine.]
35 et alors je courais après eux, je les battais, et j’arrachais la proie de leur gueule ; et lorsqu’ils se jetaient sur moi, je les prenais à la gorge, je les étranglais et les tuais.
36 C’est ainsi que votre serviteur a tué un lion et un ours, et ce Philistin incirconcis sera comme l’un deux. J’irai contre lui, et je ferai cesser l’opprobre du peuple. Car qu’est ce Philistin incirconcis, pour oser maudire l’armée du Dieu vivant ?
37 Et David ajouta : Le Seigneur qui m’a délivré de la griffe du lion et de la patte (des griffes) de l’ours, me délivrera aussi de la main de ce Philistin. Saül dit donc à David : Va, et que le Seigneur soit avec toi.
38 Il le revêtit ensuite de ses armes, lui mit sur la tête un casque d’airain, et l’arma d’une cuirasse.
39 Et David, ayant ceint l’épée de Saül par-dessus ses vêtements, se mit à essayer s’il pourrait marcher avec ces armes, car il ne l’avait pas fait jusqu’alors. Et il dit à Saül : Je ne saurais marcher ainsi, parce que je n’y suis pas accoutumé. Ayant donc quitté ces armes
40 il prit le bâton qu’il avait toujours à la main ; il choisit dans le torrent cinq pierres très polies, et les mit dans sa panetière de berger ; et tenant à la main sa fronde, il marcha contre le Philistin.
41 (Or) Le Philistin s’avança aussi, et s’approcha de David, ayant devant lui son écuyer.
42 Et lorsqu’il eut aperçu David, et qu’il l’eut envisagé (regardé), voyant que c’était un jeune homme, blond (roux) et fort beau, il le méprisa
43 et lui dit : Suis-je un chien, pour que tu viennes à moi avec un bâton ? Et ayant maudit David en jurant par ses dieux
44 il ajouta : Viens à moi, et je donnerai ta chair aux oiseaux du ciel, et aux bêtes de la terre.
45 Mais David dit au Philistin : Tu viens à moi avec l’épée, la lance, et le bouclier ; mais moi je viens à toi au nom du Seigneur des armées, du Dieu des troupes d’Israël, auxquelles (que) tu as insulté (défiées) aujourd’hui.
46 (Aujourd’hui) Le Seigneur te livrera entre mes mains ; je te tuerai, et je te couperai la tête ; et je donnerai aujourd’hui les cadavres des Philistins aux oiseaux du ciel et aux bêtes de la terre ; afin que toute la terre sache qu’il y a un Dieu dans Israël
47 et que toute cette multitude d’hommes reconnaisse que ce n’est point par l’épée ni par la lance que le Seigneur sauve ; car il est l’arbitre de la guerre, et c’est lui qui vous livrera entre nos mains.
48 Le Philistin s’avança donc et marcha contre David. Et lorsqu’il s’en fut rapproché, David se hâta, et courut contre lui pour le combattre.
49 Il mit la main dans sa panetière, il en prit une pierre, la lança avec sa fronde, et en frappa le Philistin au front. La pierre s’enfonça dans le front du Philistin, et il tomba le visage contre terre.
50 Ainsi David remporta la victoire sur le Philistin, avec une fronde et une pierre ; il le renversa par terre et le tua. Et comme il n’avait point d’épée à la main,
[17.50 Voir Ecclésiastique, 47, 4 ; 1 Machabée, 4, 30.]
51 il courut, et se jeta sur le Philistin ; il prit son épée, la tira du fourreau, et acheva de lui ôter la vie en lui coupant la tête. Et les Philistins voyant que le plus vaillant d’entre eux était mort, s’enfuirent.
52 Et les Israélites et ceux de Juda se levant avec un grand cri, les poursuivirent jusqu’à la vallée et aux portes d’Accaron. Et plusieurs des Philistins tombèrent percés de coups dans le chemin de Saraïm jusqu’à Geth et Accaron.
[17.52 Accaron, Geth, deux des cinq grandes villes des Philistins. ― Saraïm, dans le texte original, désigne probablement les portes de Geth et d’Accaron.]
53 Les enfants d’Israël, étant revenus après avoir poursuivi les Philistins, pillèrent leur camp.
54 Et David prit la tête du Philistin et la porta à Jérusalem, mais il mit ses armes dans sa tente (son tabernacle).
[17.54 A Jérusalem. La citadelle de cette ville était encore occupée par les Jébuséens, mais la ville était sans doute déjà en la possession des Israélites. ― Dans son tabernacle, dans le Tabernacle de Dieu, non la demeure de David.]
55 Lorsque Saül vit David qui marchait pour combattre le Philistin, il dit à Abner, général de son armée : Abner, de quelle famille est ce jeune homme ? Abner lui répondit : Seigneur, je vous jure que (Votre âme vit !, note) je n’en sais rien.
[17.55 Votre âme vit ! c’est-à-dire je jure par votre âme. Comparer à 1 Rois, 1, 25 ; et Juges, 8, 19. ― Bien que David eût eu déjà des rapports avec Saül, il a pu n’être pas reconnu de lui, à cause de l’aliénation mentale du prince. Quant à Abner, qui avait vu aussi David auparavant, il feignit probablement de ne pas le reconnaître, pour ne pas affliger Saül en lui montrant l’état de son dérangement d’esprit. ― L’auteur lui-même rattache 1 Rois, 17, 12 à 1 Rois, 16, 18-22, en disant, au verset 12 : David, fils de cet homme Ephrathéen dont il a été parlé plus haut. On peut d’ailleurs observer que Saül demande quelle est la famille de David, non qui il est.]
56 Et le roi lui dit : Informe-toi de qui ce jeune homme est fils.
57 Et lorsque David fut revenu du combat, après avoir tué le Philistin, Abner l’amena et le présenta à Saül ; David avait à la main la tête du Philistin.
58 Et Saül dit à David : Jeune homme, de quelle famille es-tu ? David lui répondit : Je suis fils de votre serviteur Isaï, le Bethléhémite.

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