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1 Alors (Or) Abimélech, fils de Jérobaal, s’en alla à Sichem trouver les frères de sa mère, et tous ceux de la famille du père de sa mère, et il leur parla en ces termes : [9.1 A Sichem. Voir Genèse, note 12.6.] 2 Représentez ceci, leur dit-il, à tous les habitants de Sichem : Lequel est le meilleur pour vous, ou être dominé par soixante-dix hommes, tous enfants de Jérobaal, ou de n’avoir qu’un seul homme qui vous commande ? Et de plus, considérez que je suis votre os et votre chair. 3 Les frères de sa mère parlèrent de lui en ces termes à tous les habitants de Sichem, dont ils inclinèrent les cœurs en faveur d’Abimélech, en disant : C’est notre frère. 4 Et ils lui donnèrent soixante-dix sicles d’argent, qu’ils enlevèrent du temple de Baalberith. Abimélech, avec cet argent, leva une troupe de gens misérables et vagabonds qui le suivirent. [9.4 Le mot sicle est ici comme en bien d’autres endroits, sous-entendu, pour son poids et sa valeur. ― Soixante-dix sicles d’argent font près d’un kilogramme. ― Baalberith, le baal de l’alliance. Voir Juges, note 6.25.] 5 Il vint donc dans la maison de son père à Ephra, et il tua sur une même pierre les soixante-dix fils de Jérobaal, ses frères ; et de tous les enfants de Jérobaal, il ne resta que Joatham, le plus jeune de tous, qui se cacha. 6 Alors tous les habitants de Sichem s’assemblèrent avec toutes les familles de la ville de Mello, et allèrent établir roi Abimélech près du chêne qui était à Sichem. 7 Joatham, en ayant reçu la nouvelle, s’en alla au sommet du mont Garizim, où, se tenant debout, il cria à haute voix et dit : Ecoutez-moi, habitants de Sichem, comme vous voulez que (et qu’ainsi) Dieu vous écoute. [9.7 Le mont Garizim est coupé dans le bas par une ligne de rochers blancs à pic. A un endroit, devant Sichem, le rocher s’avance en forme de triangle. Au-dessous, dans le roc, il y a des cavernes. C’est sur ce rocher triangulaire que Joatham prononça son apologue.] [9.7-15 Cette fable rappelle celle des membres et de l’estomac que Ménénius Agrippa adressa au peuple romain révolté, Tite-Live, II, 30 ; La Fontaine, I. III, fable II.] 8 Les arbres allèrent un jour pour s’élire un roi, et ils dirent à l’olivier : Sois notre roi (Commande-nous). 9 L’olivier leur répondit : Puis-je abandonner mon suc et mon huile dont les dieux et les hommes se servent, pour venir m’établir au-dessus des arbres ? 10 Les arbres dirent ensuite au figuier : Viens, et règne sur nous. 11 Le figuier leur répondit : Puis-je abandonner la douceur de mon suc et l’excellence de mon fruit, pour venir m’établir au-dessus des arbres ? 12 Les arbres s’adressèrent aussi à la vigne, et lui dirent : Viens, et règne sur nous. 13 La vigne leur répondit : Puis-je abandonner mon vin, qui est la joie de Dieu et des hommes pour venir m’établir au-dessus des arbres ? [9.13 Qui réjouit Dieu ; expression figurée, qui doit se prendre dans le même sens que, l’odeur des victimes est une odeur agréable au Seigneur, que les parfums le récréent. D’ailleurs il est probable qu’au lieu de Dieu, il faut les dieux, comme le porte la Vulgate elle-même dans le passage parallèle (verset 9). Alors Joatham a très bien pu se servir de cette expression, puisque les païens auxquels il parlait, croyaient que leurs dieux prenaient réellement plaisir à la fumée des victimes et à l’odeur de leurs parfums et de leurs libations.] 14 Enfin tous les arbres vinrent au buisson : Viens, et règne sur nous. 15 Le buisson leur répondit : Si vous m’établissez véritablement votre roi, venez vous reposer sous mon ombre ; mais si vous ne le voulez pas, que le feu sorte du buisson, et qu’il dévore les cèdres du Liban. 16 Considérez donc maintenant si ç’a été pour vous une action juste et innocente de proclamer roi Abimélech ; si vous avez bien traité Jérobaal et sa maison ; si vous avez reconnu, comme vous deviez, les grands services de celui qui a combattu pour vous, [9.16 Est-ce justement, etc. ; littéralement si justement, voir Juges, 5, 8.] 17 et qui a exposé sa vie (son âme) à tant de périls pour vous délivrer des mains des Madianites ; [9.17 Qui a livré, etc. ; c’est-à-dire qui a exposé sa vie.] 18 et si vous auriez dû vous élever, comme vous l’avez fait, contre la maison de mon père, en tuant sur une même pierre ses soixante-dix fils, et en proclamant Abimélech, fils de sa servante, roi des habitants de Sichem, parce qu’il est votre frère. 19 Si donc vous aviez traité comme vous deviez Jérobaal et sa maison, et que vous ne lui ayez point fait d’injustice, qu’Abimélech soit votre bonheur, et puissiez-vous être aussi le bonheur d’Abimélech. 20 Mais, si vous avez agi contre toute justice, que le feu sorte d’Abimélech, qu’il consume les habitants de Sichem et de la ville de Mello, et que le feu sorte des habitants de Sichem et de la ville de Mello, et qu’il dévore Abimélech. 21 Ayant ainsi parlé, il s’enfuit et il s’en alla à Béra, où il demeura, parce qu’il craignait Abimélech, son frère. [9.21 Béra, dans la tribu de Juda, selon les uns ; Béeroth, dans la tribu de Benjamin, selon les autres.] 22 Abimélech fut donc prince d’Israël pendant trois ans. 23 Mais le Seigneur envoya un (très) mauvais esprit entre Abimélech et les habitants de Sichem, qui commencèrent à le détester 24 et à imputer à Abimélech leur frère, et aux principaux des Sichémites qui l’avaient soutenu, le crime du meurtre des soixante-dix fils de Jérobaal, et de la (cruelle) effusion de leur sang. 25 Ils lui dressèrent donc des embûches au haut des montagnes ; et, en attendant qu’il vînt, ils s’exerçaient à des brigandages et volaient les passants. Mais Abimélech en fut averti. [9.25 Au sommet des montagnes d’Hébal et de Garizim.] 26 Cependant Gaal, fils d’Obed, vint avec ses frères, et passa à Sichem ; et les Sichémites, à son arrivée, ayant pris une nouvelle confiance 27 sortirent dans la campagne, ravagèrent les vignes, foulèrent aux pieds les raisins ; et, dansant et chantant, ils entrèrent dans le temple de leur dieu, où, en mangeant et en buvant, ils faisaient des imprécations contre (maudissaient) Abimélech ; 28 et Gaal, fils d’Obed, criait à haute voix : Qui est Abimélech et qu’est Sichem, pour que nous servions Abimélech ? N’est-ce pas le fils de Jérobaal ? et n’a-t-il pas établi Zébul, son serviteur, pour gouverner sous lui les hommes de la maison d’Hémor, père de Sichem ? Pourquoi donc serions-nous assujettis à Abimélech ? [9.28 Sur les hommes d’Hémor ; sur la famille d’Hémor.] 29 Plût à Dieu que quelqu’un me donnât l’autorité sur ce peuple pour exterminer Abimélech ! Cependant on vint dire à Abimélech : Assemble une grande armée, et viens. 30 Zébul, gouverneur de la ville, ayant entendu ces discours de Gaal, fils d’Obed, entra dans une grande colère 31 et envoya en secret des courriers à Abimélech pour lui dire : Gaal, fils d’Obed, est venu à Sichem avec ses frères, et il excite la ville contre toi. [9.31 Ils attaquent la ville contre toi ; c’est-à-dire ils pressent la ville de se déclarer contre toi ; ou bien ils s’y fortifient pour résister contre toi.] 32 Viens donc de nuit avec les troupes qui t’accompagnent, et tiens-toi caché dans les champs ; 33 et au point du jour, lorsque le soleil se lèvera, viens fondre sur la ville. Quand Gaal sortira contre toi avec ses gens, profite de tes chances contre lui. 34 Abimélech, ayant donc marché la nuit avec toute son armée, dressa des embuscades en quatre endroits près de Sichem. 35 (Or) Gaal, fils d’Obed, sortit de la ville, et se tint à l’entrée de la porte, et Abimélech sortit de l’embuscade avec toute son armée. 36 Gaal, ayant aperçu les gens d’Abimélech, dit à Zébul : Voilà bien du monde qui descend des montagnes. Zébul lui répondit : Les ombres des montagnes que tu vois te paraissent des têtes d’hommes, et c’est là ce qui te trompe. 37 Gaal lui dit encore : Voilà un grand peuple qui sort du milieu de la terre, et j’en voie venir une colonne par le chemin qui regarde le chêne. [9.37 Le chêne ; probablement celui dont il est parlé au verset 6.] 38 Zébul lui répondit : Où est maintenant cette audace (ta bouche) avec laquelle tu disais : Qui est Abimélech pour nous tenir assujettis à lui ? Ne sont-ce pas là les gens que tu méprisais ? Sors donc et combats contre eux. 39 Gaal sortit alors à la vue de tout le peuple de Sichem, et combattit contre Abimélech. 40 Mais Abimélech le contraignit de fuir, le poursuivit et le chassa dans la ville ; et plusieurs de ses gens (nombres des siens) furent tués jusqu’à la porte de Sichem. 41 Abimélech se tint ensuite à Ruma, et Zébul chassa de la ville Gaal avec ses gens, et ne souffrit plus qu’il y demeurât. [9.41 Ruma, probablement l’el-Arma d’aujourd’hui.] 42 (Or) Le lendemain le peuple de Sichem sortit dans les champs, et Abimélech, l’ayant appris 43 amena son armée, la divisa en trois bandes, et dressa des embuscades dans les champs. Lorsqu’il vit que les habitants sortaient de la ville, il se leva de l’embuscade, et les chargea vivement 44 avec ses troupes, et il vint assiéger la ville. Cependant les deux autres corps de son armée poursuivaient les ennemis, qui fuyaient ça et là dans la campagne. 45 (Or) Abimélech attaqua la ville pendant tout ce jour ; et l’ayant prise, il en tua tous les habitants, et la détruisit au point de semer du sel là où elle avait été. [9.45 Le sel jeté en grande quantité dans un terrain le rend stérile. C’est pour cela que l’Ecriture dit une terre de sel, une terre salée, pour désigner une terre stérile. Les auteurs profanes emploient quelquefois la même locution.] 46 Ceux qui habitaient dans la tour de Sichem, ayant appris ces faits, entrèrent dans le temple de leur dieu Berith, où ils avaient fait alliance avec lui : ce qui avait valu à ce lieu le nom de Berith ; et il était extrêmement fortifié. [9.46 Berith en hébreu signifie pacte, alliance.] 47 Abimélech, ayant appris de son côté que les habitants de la tour de Sichem s’étaient réunis tous ensemble 48 monta sur la montagne de Selmon avec tous ses gens, coupa une branche d’arbre avec une hache, la mit sur son épaule, et dit à ses compagnons : Faites promptement ce que vous m’avez vu faire. 49 Ils coupèrent donc tous à l’envi des branches d’arbres, et suivirent leur chef ; et environnant la forteresse, ils y mirent le feu, et il arriva ainsi que mille personnes, tant hommes que femmes, qui demeuraient dans cette tour de Sichem, y furent tués par le feu ou par la fumée. 50 Abimélech marcha (ensuite) de là vers la ville de Thébès, qu’il investit et assiégea avec son armée. [9.50 Thèbes, aujourd’hui Tûbas, était sur la route qui conduit de Sichem à Bethsan, à quatre heures de marche de Sichem, au nord-est.] 51 (Or) Il y avait au milieu de la ville une haute tour, où les hommes et les femmes, et tous les principaux de la ville s’étaient réfugiés ; ils avaient barricadé solidement la porte, et étaient montés sur le haut de la tour pour se défendre par les créneaux (derrière les parapets). 52 Abimélech était au pied de la tour combattant vaillamment, et, s’approchant de la porte, il tâchait d’y mettre le feu. 53 En même temps une femme, jetant d’en haut un morceau d’une meule de moulin, brisa la tête à Abimélech, et en fit sortir la cervelle (brisa son crâne). [9.53 Voir 2 Rois, 11, 21.] 54 Aussitôt il appela son écuyer et lui dit : Tire ton épée et tue-moi, de peur qu’on ne dise que j’ai été tué par une femme. L’écuyer, obéissant à ses ordres, le tua. [9.54 Voir 1 Rois, 31, 4 ; 1 Paralipomènes, 10, 4. ― L’histoire profane loue quelques serviteurs qui ont rendu un pareil service à leurs maîtres ; tandis que David fit mourir l’Amalécite, qui se vantait de l’avoir rendu à Saül sur son instante prière. Le christianisme condamne également celui qui demande ce service et celui qui le rend. ― Une mort comme celle d’Abimélech, reçue de la main d’une femme, était considérée comme particulièrement ignominieuse. Voir 2 Rois, 11, 21.] 55 Abimélech étant mort, tous ceux d’Israël qui étaient avec lui retournèrent chacun dans sa maison. 56 Et Dieu rendit à Abimélech le mal qu’il avait commis contre son père en tuant ses soixante-dix frères. 57 Les Sichémites aussi reçurent la punition de ce qu’ils avaient fait ; et la malédiction que Joatham, fils de Jérobaal, avait prononcée, tomba sur eux.