Lamentations 3.8
Parole Vivante

Souffrance et consolation

¹ Moi, je suis l’homme qui a vu la souffrance sous les coups furieux du Seigneur.

² Dieu m’a mené dans des ténèbres de plus en plus épaisses, et non dans la lumière.
³ C’est contre moi que, tout au long du jour, il tourne et retourne sa main.
⁴ Il a usé ma chair, ma peau, il a brisé mes os.
⁵ Il a dressé des remparts contre moi, il m’a environné d’amertume et de peine.
⁶ Il m’a fait habiter dans des lieux ténébreux comme ceux qui sont morts depuis les temps anciens.
⁷ Il m’a enclos d’une épaisse muraille pour m’empêcher de m’évader. Il m’a chargé de lourdes chaînes.
⁸ J’ai beau crier et implorer, il n’écoute pas ma prière.
⁹ Il m’a barré tous mes chemins avec d’énormes pierres. Il rend ma route impraticable.
¹⁰ Il m’a épié comme un ours aux aguets, un lion en embuscade.
¹¹ Il m’a fait sortir du chemin et il m’a mis en pièces. Il m’a réduit à l’abandon.
¹² Il a bandé son arc, il m’a visé comme une cible.
¹³ Il a percé mes reins avec les flèches tirées de son carquois.
¹⁴ Pour tout mon peuple je suis devenu la risée, l’objet constant de leurs chansons.
¹⁵ Il m’a gavé d’herbes amères et il m’a abreuvé d’absinthe.
¹⁶ Il fait broyer du gravier à mes dents et il m’a foulé aux pieds dans de la cendre.
¹⁷ Faute de paix, mon âme est dégoûtée, tu as banni mon âme loin de la paix : je ne sais plus quel goût a le bonheur.
¹⁸ Alors, j’ai dit : « C’en est fait de ma force et de mon espérance dans le Seigneur ! ».
¹⁹ Oh ! Souviens-toi de mon humiliation et de mon abandon, de l’absinthe et du fiel (dont je suis abreuvé !)
²⁰ Sans cesse, mon âme s’en souvient, et elle est abattue en moi.
²¹ Mais voici la pensée que je me rappelle en mon cœur, et qui me rendra l’espérance :

²² Les grâces du Seigneur ne sont pas à leur terme, ses compassions ne sont pas épuisées.
²³ Chaque matin, elles se renouvellent. Oui, infinie est ta fidélité !

²⁴ Mon âme a dit : « L’Éternel est ma part, c’est pourquoi j’ai confiance en lui ».
²⁵ L’Éternel est plein de bonté pour ceux qui ont confiance en lui, pour ceux qui le recherchent.
²⁶ Il est bon d’attendre en silence la délivrance du Seigneur.
²⁷ C’est une bonne chose, pour l’homme, de porter le joug dans sa jeunesse.
²⁸ Qu’il se tienne à l’écart et garde le silence quand Dieu le lui impose !
²⁹ Qu’il se prosterne, la face contre terre, peut-être y aura-t-il de l’espoir pour cet homme.
³⁰ Qu’il présente la joue à celui qui le frappe, et qu’il se rassasie d’opprobre.
³¹ Car le Seigneur ne rejette pas pour toujours,
³² mais s’il afflige, il aura aussi compassion selon la grandeur de sa grâce.
³³ Ce n’est pas de bon cœur qu’il humilie et qu’il afflige les fils des hommes.
³⁴ Lorsque l’on foule aux pieds tous les prisonniers du pays,
³⁵ lorsque l’on fait fléchir le droit d’un homme sous les yeux du Très-Haut,
³⁶ lorsque l’on fait du tort à quelqu’un dans sa cause, le Seigneur ne le voit-il pas ?
³⁷ Qui donc n’a qu’à parler pour qu’une chose existe ? N’est-ce pas le Seigneur qui seul peut décider ?
³⁸ N’est-ce pas de la bouche du Dieu très-haut que viennent le malheur et le bonheur ?
³⁹ De quoi pourrait se plaindre l’homme ? Qu’il se plaigne plutôt de ses propres péchés !
⁴⁰ Examinons nos voies, scrutons notre conduite et revenons à l’Éternel !
⁴¹ Élevons nos cœurs et nos mains vers Dieu qui est aux cieux.
⁴² Nous avons été infidèles et nous nous sommes révoltés. Tu ne nous as pas pardonné :
⁴³ tu t’es drapé dans ta colère, tu nous as poursuivis et massacrés sans pitié !
⁴⁴ Tu t’es couvert d’une nuée pour empêcher notre prière de parvenir en ta présence !
⁴⁵ Tu as fait de nous le rebut et le déchet parmi les peuples,
⁴⁶ et tous nos ennemis ouvrent la bouche contre nous.
⁴⁷ Nous avons en partage la frayeur et la fosse, le désastre et la ruine !
⁴⁸ Je verse des torrents de larmes car le désastre frappe la fille de mon peuple.
⁴⁹ Mon œil pleure sans cesse, la douleur ne me laisse ni trêve ni répit
⁵⁰ jusqu’à ce qu’enfin l’Éternel, du haut des cieux, regarde et voie.
⁵¹ Mon âme est tourmentée par ce que voient mes yeux, à cause des malheurs des filles de ma ville.
⁵² Ils m’ont donné la chasse comme à un passereau, ceux qui me haïssent sans cause.
⁵³ Ils m’ont enfermé tout vivant pour me tuer dans une fosse, ils m’ont jeté des pierres.
⁵⁴ L’eau montait plus haut que ma tête, je me disais : « Je suis perdu ! ».
⁵⁵ Du fond de la fosse profonde, ô Éternel, j’ai invoqué ton nom,
⁵⁶ et tu as entendu lorsque je t’appelais : « Ne ferme pas l’oreille à mon cri de détresse ! ».
⁵⁷ Au jour où je t’ai invoqué, tu t’es tourné vers moi, tu m’as dit : « N’aie pas peur ! ».
⁵⁸ Tu es venu, Seigneur, tu as plaidé ma cause, tu m’as sauvé la vie.
⁵⁹ Tu as vu, Éternel, les maux dont on m’accable, prends ma défense en mains !
⁶⁰ Tu as été témoin de leur soif de vengeance, et de leurs complots contre moi.
⁶¹ Tu entends leurs outrages, ô Éternel, tu connais les complots qu’ils forgent contre moi,
⁶² et les méchants propos qu’à longueur de journée mes ennemis débitent, et les projets perfides qu’ils tiennent contre moi.
⁶³ Regarde-les, (Seigneur) : qu’ils s’assoient ou se lèvent, je leur sers de chanson.
⁶⁴ Tu les rétribueras, ô Éternel, suivant ce qu’ils méritent :
⁶⁵ leur cœur s’endurcira et tu les frapperas de ta malédiction.
⁶⁶ Tu les harcèleras dans ta colère ardente, et tu les détruiras de sous la voûte de tes cieux, ô Éternel !