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Méchanceté de Nabal
1 Or Samuel mourut ; et tout Israël, s’étant assemblé, le pleura ; et il fut enterré dans sa maison de Ramatha. Alors David descendit dans le désert de Pharan. [25.1 Voir 1 Rois, 28, 3 ; Ecclésiastique, 46, 23. ― Ramatha, Ramathaïm-Sophim. Voir 1 Rois, 1, 1.] 2 Or il y avait dans le désert de Maon un homme dont les biens étaient à Carmel. Cet homme était extrêmement riche. Il avait trois mille brebis et mille chèvres. Et il arriva qu’il faisait tondre ses brebis à Carmel. [25.2 Carmel, ville de Juda. Voir 1 Rois, 15, 12. ― Maon. Voir 1 Rois, 23, 24.] 3 Il s’appelait Nabal, et sa femme, Abigaïl. Abigaïl était très prudente et fort belle ; mais son mari était un homme dur, brutal, et très méchant. Il était de la race de Caleb. 4 David, ayant donc appris dans le désert que Nabal faisait tondre ses brebis 5 lui envoya dix jeunes hommes, auxquels il dit : Montez à Carmel et allez trouver Nabal. Saluez-le de ma part civilement (pacifiquement), 6 et dites-lui : Que la paix soit à mes frères et à toi ; que la paix soit sur ta maison ; que la paix soit sur tout ce que tu possèdes. 7 J’ai su que tes pasteurs, qui étaient avec nous dans le désert, tondent tes brebis ; nous ne leur avons jamais été a charge, et ils n’ont rien perdu de leur troupeau pendant tout le temps qu’ils ont été avec nous à Carmel. 8 Interroge tes serviteurs, et ils te le diront. Maintenant donc que tes serviteurs trouvent grâce devant tes yeux ; car nous venons dans un jour de joie. Donne à tes serviteurs et à David ton fils tout ce qu’il te plaira (ta main trouvera). [25.8 Dans un bon jour ; un jour de joie. C’était la coutume de faire des réjouissances dans le temps de la tonte des troupeaux.] 9 Les gens de David, étant venus trouver Nabal, lui dirent toutes ces paroles de la part de David ; puis ils se turent. 10 Mais Nabal leur répondit : Qui est David, et qui est le fils d’Isaï ? On ne voit autre chose aujourd’hui que des serviteurs qui fuient leurs maîtres. 11 Quoi donc ! j’irai prendre mon pain et mon eau, et la chair du bétail que j’ai tué pour mes tondeurs, et je les donnerai à des gens que je ne connais pas ! 12 Les serviteurs de David, étant retournés sur leurs pas, vinrent le trouver, et lui rapportèrent tout ce que Nabal avait dit. 13 Alors David dit à ses gens : Que chacun prenne son épée. Tous prirent leurs épées ; et David prit aussi la sienne, et marcha suivi d’environ quatre cents hommes, et deux cents demeurèrent pour garder les bagages. 14 Alors un des serviteurs de Nabal dit à sa femme Abigaïl : David a envoyé du désert des messagers pour bénir notre maître, qui les a traités avec rudesse. 15 Ces hommes nous ont été très utiles, et ils ne nous ont fait aucune peine. Tant que nous avons été avec eux dans le désert, nous n’avons éprouvé aucune perte. 16 Ils nous servaient comme de muraille la nuit et le jour, tout le temps que nous avons fait paître nos troupeaux au milieu d’eux. 17 C’est pourquoi voyez et pensez à ce que vous avez à faire ; car quelque grand malheur s’apprête à tomber sur votre maison, parce que cet homme-là est un fils de Bélial, et personne ne saurait lui parler. [25.17 Fils de Bélial. Voir Juges, 19, 22.] 18 Alors Abigaïl prit en grande hâte deux cents pains, deux outres de vin, cinq moutons (béliers) tout cuits, cinq boisseaux de farine d’orge (mesures de grains rôtis), cent masses de raisins secs, et deux cents de figues sèches. Elle mit le tout sur des ânes ; [25.18 Cinq mesures, hébreu seïm, environ 55 litres.] 19 et elle dit à ses gens : Allez devant moi, je marcherai derrière vous. Et elle ne dit rien de tout cela à Nabal son mari. 20 Etant donc montée sur un âne, comme elle descendait au pied de la montagne, elle rencontra David et ses hommes (alla au-devant d’eux), qui venaient dans le même chemin. 21 David disait alors : C’est bien en vain que j’ai conservé dans le désert tout ce qui était à cet homme, sans qu’il s’en soit rien perdu ; puisqu’il me rend le mal pour le bien. 22 Que Dieu traite les (fasse ceci aux, note) ennemis de David dans toute sa sévérité, si je laisse en vie demain matin qui que ce soit de ce qui appartient à Nabal (un seul urinant contre une muraille, note). [25.22 Que Dieu fasse ceci, etc. Voir Ruth, 1, 17. ― Un seul urinant, etc. Beaucoup d’interprètes entendent cette expression du chien, mais Bochart et après lui les meilleurs critiques l’entendent de l’homme ; et il faut convenir que tous les passages de l’Ecriture où elle se trouve favorisent le sentiment de ces derniers.] 23 Or Abigaïl n’eut pas plus tôt aperçu David, qu’elle descendit de dessus son âne. Elle tomba sur sa face devant lui, en se prosternant jusqu’à terre 24 et elle se jeta à ses pieds, et lui dit : Que cette iniquité, mon seigneur, tombe sur moi. Permettez, je vous prie, à votre servante de vous parler ; et écoutez les paroles de votre servante. 25 Que le cœur de mon seigneur le roi ne soit pas sensible à l’injustice de Nabal ; parce qu’il est insensé, et son nom même marque sa folie. Car pour moi, mon seigneur, je n’ai pas vu les gens que vous avez envoyés. 26 Maintenant donc, mon seigneur, aussi vrai que le Seigneur est vivant et que votre âme est vivante (le Seigneur vit, et votre âme vit, note), c’est le Seigneur qui vous a empêché de venir répandre le sang, et qui a conservé vos mains innocentes. Et maintenant, que vos ennemis, qui cherchent à vous nuire, deviennent semblables à Nabal. [25.26 Le Seigneur vit, et votre âme vit ! Voir Juges, 8, 19. ― De venir dans du sang ; de venir pour verser du sang. ― Vous a sauvé votre main ; c’est-à-dire a préservé votre main de le verser.] 27 Mais recevez ce présent (cette bénédiction) que votre servante vous apporte, mon seigneur, et faites-en part aux gens qui vous suivent. [25.27 Cette bénédiction ; c’est-à-dire ce présent. Voir Genèse, 33, 11.] 28 Remettez l’iniquité de votre servante ; car le Seigneur établira certainement votre maison, parce que vous combattez pour lui. Qu’il ne se trouve donc en vous aucune iniquité pendant tous les jours de votre vie. 29 Que s’il s’élève un jour quelqu’un, mon seigneur, qui vous persécute, et qui cherche à vous ôter la vie, votre âme sera conservée auprès du Seigneur votre Dieu, comme étant liée dans le faisceau des vivants ; mais l’âme de vos ennemis sera agitée, comme une pierre qui est lancée d’une fronde avec grand effort (comme du tournoiement rapide d’une fronde). [25.29 Cherche votre âme. Voir 1 Rois, 20, 1.] 30 Lors donc que le Seigneur vous aura fait tous les (grands) biens qu’il a prédits de vous, et qu’il vous aura établi chef sur Israël 31 le cœur de mon seigneur n’aura point ce scrupule ni ce remords, d’avoir répandu le sang innocent, et de s’être vengé lui-même. Et quand Dieu vous aura comblé de biens, vous vous souviendrez, mon seigneur, de votre servante. 32 David répondit à Abigaïl : Que le Seigneur Dieu d’Israël soit béni, de vous avoir envoyée aujourd’hui au-devant de moi. Que votre parole soit bénie 33 et soyez bénie vous-même, de ce que vous m’avez empêché de répandre le sang, et de me venger de ma propre main. 34 Car sans cela, je jure par le Seigneur Dieu d’Israël, qui m’a empêché de vous faire du mal, que si vous ne fussiez venue promptement au-devant de moi, il ne serait resté qui que ce soit en vie demain matin dans la maison de Nabal (un seul urinant contre une muraille). 35 David reçut donc de sa main tout ce qu’elle avait apporté, et il lui dit : Allez en paix dans votre maison ; j’ai fait ce que vous m’avez demandé, et je vous ai accueillie favorablement (honoré votre face). 36 Abigaïl vint ensuite auprès de Nabal ; et voici qu’il donnait dans sa maison un festin comme un (le) festin de (du) roi. Il avait le cœur joyeux, et était tout à fait ivre. Abigaïl ne lui parla de rien jusqu’au matin. 37 Mais le lendemain (au point du jour), lorsqu’il eut un peu dissipé les vapeurs du vin, sa femme lui rapporta tout ce qui s’était passé ; et son cœur devint en lui-même comme mort et semblable à une pierre. [25.37 Fut revenu de son ivresse ; littéralement : Eut digéré le vin. ― Mourut, c’est-à-dire fut glacé d’effroi.] 38 Dix jours s’étant passés, le Seigneur frappa Nabal, et il mourut. 39 Lorsque David eut appris la mort de Nabal, il dit : Béni soit le Seigneur qui m’a vengé de l’outrage de Nabal, et qui a préservé son serviteur du mal, et qui a fait que l’iniquité de Nabal est retombée sur sa tête. David envoya donc vers Abigaïl, et lui fit parler pour la demander en mariage. [25.39 De la main. Nous avons déjà remarqué que les Hébreux employaient le mot main pour exprimer les idées de moyen, d’instrument, d’entremise, etc.] 40 Les serviteurs de David vinrent la trouver à Carmel, et lui dirent : David nous a envoyés vers vous, pour vous témoigner qu’il souhaite de vous épouser. [25.40 Sur le Carmel, à la ville de Carmel, comme au verset 2.] 41 Abigaïl se prosterna aussitôt jusqu’à terre, et elle dit : Que (Voici) ta servante (; qu’elle) soit employée à servir et à laver les pieds des serviteurs de mon seigneur. [25.41 Ta servante. Abigaïl parle aux envoyés de David comme si lui-même eut été présent.] 42 Abigaïl se leva ensuite promptement, et monta sur un âne ; et cinq jeunes filles qui la servaient allèrent avec elle. Elle suivit les gens de David, et elle l’épousa. 43 David épousa aussi Achinoam qui était de Jezraël, et l’une et l’autre fut sa (furent ses) femme(s). [25.43 David avait déjà Achinoam, comme le prouve le verbe hébreu, qui est au plus-que-parfait, et le soin que prend fidèlement l’auteur sacré de toujours nommer Achinoam avant Abigaïl. ― De Jezraël, ville des montagnes de Juda.] 44 Mais Saül donna Michol, sa fille, femme de David, à Phalti, fils de Laïs, qui était de Gallim. [25.44 De Gallim, ville située entre Gabaa et Jérusalem.]