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1 Samuel 20.9
Vigouroux


Confirmation des dispositions de Saül envers David

1 Or David s’enfuit de Naïoth de Ramatha, et il vint dire à Jonathas : Qu’ai-je fait ? Quel est mon crime (iniquité) ? Quelle faute ai-je commise contre ton père, pour qu’il en veuille à ma vie ?
[20.1 En Ramatha. Voir 1 Rois, 19, 19. ― Il cherche mon âme ; hébraïsme, pour il cherche à m’ôter la vie.]
2 Jonathas lui dit : Non, tu ne mourras point ; car mon père ne fait aucune chose, ni grande ni petite, sans m’en parler. N’y aurait-il donc que cela seul qu’il eût voulu me cacher ? Non, cela ne sera point.
3 Et il se lia de nouveau à David par serment. Mais David lui dit : Ton père sait très bien que j’ai trouvé grâce à tes yeux ; c’est pourquoi il aura dit en lui-même : Il ne faut pas que Jonathas sache cela, de crainte qu’il ne s’en afflige ; car je jure par le Seigneur, et par ta vie, qu’il n’a, pour ainsi dire, qu’un point (pas) entre ma vie et ma mort.
4 (Et) Jonathas lui répondit : Je ferai pour toi tout ce que tu me diras.
5 C’est demain, dit David, le premier jour du mois (les calendes, note), et j’ai coutume de m’asseoir auprès du roi pour manger ; laisse-moi donc me cacher dans un champ jusqu’au soir du troisième jour.
[20.5 Les calendes ; c’est-à-dire la néoménie, ou fête de la nouvelle lune (voir Nombres, 28, 11-15), qui était célébrée par des sacrifices et un festin sacré. ― Jusqu’au soir du troisième jour, parce que le second jour était le jour du sabbat, et qu’il n’était pas permis, ce jour-là, de faire de longs voyages. D’un autre côté David ne pouvait pas savoir avant ce terme la disposition du roi à son égard.]
6 Si ton père, regardant à côté de lui, me réclame, tu lui répondras : David m’a prié de le laisser aller promptement à Bethléhem, sa patrie, parce qu’il y a là un sacrifice solennel pour tous ceux de sa tribu.
[20.6 Les victimes solennelles, annuelles.]
7 S’il dit : Bien ! il n’y a rien à craindre pour ton serviteur ; mais s’il s’irrite, sache que sa mauvaise volonté est arrivée à son comble.
8 Aie donc pitié de ton serviteur, puisque tu as voulu que ton serviteur contractât avec toi une alliance devant le Seigneur. (Mais) S’il y a en moi quelque crime (iniquité), ôte-moi toi-même la vie ; mais ne m’oblige pas de paraître devant ton père.
9 Jonathas lui dit : Dieu t’en garde ! car il n’est pas possible que, si j’apprends avec certitude que la haine de mon père contre toi est sans remède, je ne t’en avertisse pas.
10 David dit à Jonathas : S’il arrive que ton père te donne une réponse fâcheuse à mon sujet, par qui le saurai-je&nsp;?
11 Jonathas lui répondit : Viens, et sortons à la campagne. Quand ils furent tous deux sortis dans les champs
12 Jonathas dit à David : Seigneur Dieu d’Israël, si je puis découvrir le dessein de mon père demain ou après-demain, et si voyant quelque chose de favorable pour David, je ne le lui envoie pas dire aussitôt
13 traitez, Seigneur, Jonathas avec toute votre sévérité (que le Seigneur fasse ceci). Mais si la mauvaise volonté de mon père continue toujours contre toi, je t’en avertirai, et je te renverrai, afin que tu ailles en paix, et que le Seigneur soit avec toi comme il a été avec mon père.
[20.13 Que le Seigneur fasse ceci, etc. Voir Ruth, 1, 17.]
14 Et si je vis, tu me traiteras avec la bonté du Seigneur ; mais si je meurs,
[20.14 La miséricorde du Seigneur, c’est-à-dire la miséricorde semblable à celle du Seigneur, la plus grande possible.]
15 tu ne cesseras jamais d’en user avec bonté envers ma maison, quand le Seigneur aura exterminé les ennemis de David de dessus la terre jusqu’au dernier. Si je te manque de parole, que Dieu retranche Jonathas de sa maison, et que le Seigneur venge David de ses ennemis.
[20.15 Qu’il tire vengeance des ennemis ; littéralement : qu’il demande de la main des ennemis, qu’il demande compte à la main des ennemis. Comparer à Genèse, 9, 5.]
16 Jonathas fit donc alliance avec la maison de David, en disant : Que le Seigneur se venge (et le Seigneur tira vengeance) des ennemis de David.
17 Jonathas conjura encore David par l’amour qu’il lui portait ; car il l’aimait comme sa vie.
18 Et il dit à David : C’est demain le premier jour du mois (Demain sont les calendes, note), et on s’informera de toi ;
[20.18 Demain sont les calendes. Voir verset 5.]
19 car on verra ta place vide ces deux jours-ci. Tu viendras donc promptement le jour d’après la fête (au jour où il est permis de travailler), et tu te rendras au lieu où tu dois te cacher, et tu te tiendras près de la pierre nommée Ezel.
[20.19 On s’enquerra de ta place ; on demandera pourquoi elle est vide, et que tu ne l’occupes point. ― Au jour où il est permis de travailler ; c’est-à-dire le lendemain du sabbat, le troisième jour du mois.]
20 Je tirerai trois flèches près de cette pierre, comme si je m’exerçais à tirer au blanc.
21 J’enverrai aussi un jeune enfant (mon serviteur), et je lui dirai : Va et apporte-moi mes flèches.
[20.21 Mon serviteur ; littéralement dans le texte originel, le serviteur, mais, comme nous l’avons déjà remarqué, l’article se met très souvent, en hébreu, pour le pronom possessif. D’ailleurs toute la suite du discours justifie pleinement notre traduction.]
22 Si je lui dis : Les flèches sont en deçà de toi, ramasse-les ; alors viens, car tout sera en paix pour toi, et tu n’auras rien à craindre, aussi vrai que le Seigneur vit. (Mais) Si je dis à l’enfant : Les flèches sont au-delà de toi ; va-t’en en paix, parce que le Seigneur te renvoie (laisse aller).
[20.22 Le Seigneur vit ! Voir Juges, 8, 19.]
23 Mais pour la parole que nous nous sommes donnée l’un à l’autre, que le Seigneur en soit à jamais témoin entre toi et moi.
24 David se cacha donc dans le champ. Et le premier jour du mois étant venu, le roi se mit à table pour manger ;
[20.24 Manger du pain ; dans l’hébreu le pain. Voir 1 Rois, 14, 24.]
25 et lorsqu’il se fut assis, selon la coutume, sur son siège qui était contre la muraille, Jonathas se leva, et Abner s’assit à côté de Saül, et la place de David demeura vide.
[20.25 Près de la muraille. La place d’honneur en Orient est vis-à-vis la porte.]
26 Saül n’en parla point ce jour-là, ayant cru que peut-être David ne se serait pas trouvé pur.
[20.26 Il n’était pas permis de participer au festin des sacrifices, quand on avait contracté une impureté légale.]
27 Le second jour de la fête étant venu, la place de David se trouva encore vide. Alors Saül dit à Jonathas son fils : Pourquoi le fils d’Isaï n’est-il venu manger ni hier ni aujourd’hui ?
28 Jonathas répondit à Saül : Il m’a prié avec beaucoup d’instance d’agréer qu’il allât à Bethléhem
29 en me disant : Laissez-moi aller, je te prie, parce qu’il y a un sacrifice solennel dans notre (ma) ville, et l’un de mes frères est venu me chercher ; si donc j’ai trouvé grâce à vos yeux, permettez-moi d’y aller promptement pour voir mes frères. C’est pour cela qu’il n’est pas venu manger avec le roi.
30 Alors Saül, s’irritant contre Jonathas, lui dit : Fils de femme prostituée (qui ravit volontiers), est-ce que j’ignore que tu aimes le fils d’Isaï à ta honte et à la honte de ta mère infâme ?
31 Car tant que le fils d’Isaï vivra sur la terre, il n’y aura de sûreté, ni pour toi, ni pour ta royauté. Envoie-le donc chercher dès maintenant et amène-le-moi ; car il faut qu’il meure (un fils de mort, note).
[20.31 Fils de mort ; hébraïsme pour voué à la mort, digne de mort.]
32 (Mais) Jonathas répondit à Saül son père : Pourquoi mourra-t-il ? Qu’a-t-il fait ?
33 Saül prit une lance pour l’en percer. Jonathas reconnut donc que son père était résolu de faire mourir David
34 et il se leva de table dans une violente colère, et ne mangea point ce second jour de la fête ; car il était affligé à cause de David, parce que son père l’avait outragé.
[20.34 Une colère de fureur ; hébraïsme pour une colère furieuse.]
35 Le lendemain, dès le point du jour, Jonathas vint dans le champ, selon qu’il en était convenu avec David, et il amena avec lui un petit garçon (serviteur),
36 auquel il dit : Va, et rapporte-moi les flèches que je tirerai. L’enfant ayant couru, Jonathas tira une autre flèche plus loin.
37 L’enfant étant donc venu au lieu où était la première flèche que Jonathas avait tirée, Jonathas cria derrière lui, et lui dit : Voilà que la flèche est au-delà de toi.
38 Il lui cria encore, et il lui dit : Hâte-toi, ne t’arrête pas. L’enfant, ayant ramassé les flèches de Jonathas, les rapporta à son maître
39 sans rien comprendre à ce qui se passait ; car Jonathas et David étaient seuls à le savoir.
40 Jonathas donna ensuite ses armes à l’enfant, et lui dit : Va, (re)porte-les à la ville.
41 Quand l’enfant fut parti, David sortit du lieu où il était, qui regardait le midi ; et, se baissant jusqu’à terre, il se prosterna trois fois ; et s’embrassant, ils pleurèrent tous deux, mais David encore plus.
[20.41 Et il se prosterna ; littéralement : et il adora. Voir Genèse, 18, 2.]
42 Jonathas dit donc à David : Va en paix ; que ce que nous avons juré tous deux au nom du Seigneur demeure ferme ; et que le Seigneur, comme nous avons dit, en soit témoin entre toi et moi, et entre ta race et ma race à jamais.

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