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Actes 8.22
Vigouroux


1 En ce même jour, il s’éleva une grande persécution contre l’Eglise qui était à Jérusalem ; et tous se dispersèrent dans les régions de la Judée et de la Samarie, excepté les Apôtres.
2 Cependant des hommes craignant Dieu prirent soin du corps d’Etienne, et firent un grand deuil sur lui.
3 Mais Saul dévastait l’Eglise ; entrant dans les maisons, il en arrachait hommes et femmes, et les faisait mettre en prison.

Témoignage en Judée et environs

L’Évangile en Samarie

4 Cependant ceux qui avaient été dispersés allaient de lieu en lieu, annonçant la parole de Dieu.
5 Or Philippe, étant descendu dans la ville de Samarie, leur prêchait le Christ.
[8.5 Dans la ville de Samarie, ville de la tribu d’Ehpraïm fondée par le roi d’Israël Amri, qui en fit sa capitale. Elle donna plus tard son nom au pays de Samarie et aux Samaritains. Détruite par les Assyriens en 721 avant Jésus-Christ, rebâtie et de nouveau renversée par Jean Hyrcan, elle fut encore relevée de ses ruines et l’empereur Auguste la donna à Hérode-le-Grand qui l’appela Sébaste (ou Auguste) en l’honneur de son bienfaiteur. C’est aujourd’hui un village sans importance appelé Sébastiéh.]
6 Et les foules étaient attentives aux choses que Philippe disait, écoutant d’un commun accord, et voyant les miracles qu’il faisait.
7 Car beaucoup d’esprits impurs sortaient de ceux qu’ils possédaient, en poussant de grands cris.
8 Beaucoup de paralytiques et de boiteux furent aussi guéris.
9 Il y eut donc une grande joie dans cette ville. Or il y avait dans la ville un homme du nom de Simon, qui y avait exercé la magie auparavant, séduisant le peuple de Samarie, disant qu’il était quelqu’un de grand.
[8.9 Simon le magicien. « Le premier crime de Simon fut de vouloir acheter l’épiscopat, de prétendre trafiquer des dons de Dieu, et faire servir à ses intérêts les pouvoirs surnaturels que Dieu confère à ses ministres pour le salut des âmes. Loin de l’associer aux Apôtres, saint Pierre donna à ses successeurs l’exemple de la sévérité dont ils devaient user contre le trafic des choses saintes, en retranchant ce fourbe ambitieux de la société des fidèles et en le menaçant du sort le plus funeste ; mais ni cette menace, ni cette peine ne purent le ramener. — Opposé en tout à Simon Pierre, Simon de Samarie se mit bientôt à dogmatiser et devint le premier des hérésiarques. Saint Justin, qui était de la même ville que lui et qui devait connaître son histoire, nous apprend plusieurs particularités de sa vie et de sa doctrine. Ce séducteur se posait en antagoniste du Messie et s’attribuait à lui-même la divinité. Il opérait des prodiges au moyen de la magie. Il publiait, sous le titre d’Exposition, un livre qui contenait le germe des rêveries gnostiques, cette généalogie d’Eons, descendant d’un principe unique et subordonnés les uns aux autres, jusqu’au dernier qui est le monde. Pour la morale, il ne reconnaissait aucune distinction de vice et de vertu, et ne voyait de vérité ni de perfection que dans la gnose qu’il opposait à la foi. Mettant d’ailleurs sa conduite en harmonie avec ses principes, il vivait d’une manière fort répréhensible. Sa secte se perpétua jusqu’au cinquième siècle. La découverte des Philosphumena a confirmé ce que saint Justin et saint Irénée nous apprennent de ses caractères et de son importance. Simon fut, aux yeux des premiers fidèles, comme l’hérésie personnifiée, le type et le père de tous les hérésiarques. Â» (L. BACUEZ.)]
10 Tous l’écoutaient, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, et disaient : C’est lui qui est la vertu de Dieu, celle qu’on appelle la grande.
[8.10 Est la grande vertu ; littéralement : La vertu qui est appelée grande. Nous avons déjà fait remarquer qu’en hébreu l’expression être appelé signifie aussi simplement être.]
11 Et ils l’écoutaient, parce qu’il leur avait depuis longtemps troublé l’esprit par ses sorcelleries.
12 Mais lorsqu’ils eurent cru à Philippe, qui leur annonçait le royaume de Dieu, ils étaient baptisés, hommes et femmes, au nom de Jésus-Christ.
13 Alors Simon lui-même crut aussi : et après qu’il eut été baptisé, il s’attacha à Philippe ; et voyant les prodiges et les grands miracles qui se faisaient, il était dans la stupeur et l’admiration.
14 Quand les Apôtres, qui étaient à Jérusalem, eurent appris que les habitants de Samarie avaient reçu la parole de Dieu, ils leur envoyèrent Pierre et Jean
15 qui, étant venus, prièrent pour eux, afin qu’ils reçussent l’Esprit-Saint :
16 car il n’était encore descendu sur aucun d’eux, mais ils avaient été seulement baptisés au nom du Seigneur Jésus.
17 Alors ils leur imposaient les mains, et ils recevaient l’Esprit-Saint.
18 Lorsque Simon eut vu que par l’imposition des mains des Apôtres l’Esprit-Saint était donné, il leur offrit de l’argent,
[8.18 Il leur offrit de l’argent. C’est pour cela qu’on appelle simoniaques ceux qui achètent ou vendent à prix d’argent les choses spirituelles.]
19 en disant : Donnez-moi aussi ce pouvoir, afin que tous ceux à qui j’imposerai les mains reçoivent l’Esprit-Saint. Mais Pierre lui dit :
20 Que ton argent périsse avec toi, puisque tu as cru que le don de Dieu s’acquiert avec de l’argent !
21 Il n’y a pour toi ni part, ni héritage en cette affaire ; car ton cœur n’est pas droit devant Dieu.
22 Fais donc pénitence de cette iniquité, et prie Dieu, afin que, s’il est possible, cette pensée de ton cœur te soit pardonnée ;
23 car je vois que tu es rempli d’un fiel amer, et dans les liens de l’iniquité.
24 Simon répondit : Priez vous-mêmes le Seigneur pour moi, afin qu’il ne m’arrive rien de ce que vous avez dit.
25 Pour eux, après avoir rendu leur témoignage et annoncé la parole du Seigneur, ils retournèrent à Jérusalem, prêchant l’Evangile en de nombreuses régions des Samaritains.

L’Évangile annoncé à un eunuque éthiopien

26 Or un ange du Seigneur parla à Philippe, et lui dit : Lève-toi et va vers le midi, sur la route qui descend de Jérusalem à Gaza ; cette route est déserte (celle qui est déserte, note).
[8.26 Celle qui est déserte. Il y avait deux villes de Gaza ; l’une ancienne, qui était abandonnée, et la nouvelle, bâtie plus près de la mer. — Gaza. Pour se rendre de Jérusalem en Egypte et en Ethiopie, on passait par Gaza, ancienne ville philistine, située à la frontière sud-ouest de la Palestine, à onze milles de Jérusalem.]
27 Et se levant, il partit. Et voici qu’un Ethiopien, eunuque, officier de Candace, reine d’Ethiopie, et intendant de tous ses trésors, était venu adorer à Jérusalem.
[8.27 Candace. Ce nom ou ce titre était porté par toutes les reines qui gouvernaient la partie de l’Ethiopie dont la capitale était Napata, comme celui de Ptolémée était porté par tous les rois grecs d’Egypte. Eusèbe raconte que le trésorier éthiopien converti par saint Philippe prêcha à son retour le christianisme en Ethiopie. — L’eunuque de la reine Candace. « L’Ethiopie s’étendait alors dans la vallée du Nil, vers le sud. Candace était un titre dynastique, comme Arétas, Pharaon, Ptolémée, etc. L’eunuque de la reine d’Ethiopie n’était pas étranger à la religion juive ; autrement Corneille n’aurait pas été le premier Gentil baptisé ; c’était ou un Israélite d’origine, ou un prosélyte venu des [bords] du Nil à Jérusalem pour adorer le vrai Dieu, et prendre part aux solennités de son culte. On croit qu’il devint l’Apôtre de l’Ethiopie et qu’il prépara ses compatriotes à embrasser le christianisme. Quant à la voix qui se fait entendre à Philippe, aux lumières surnaturelles qui éclairent le prosélyte, à la promptitude avec laquelle l’évangéliste lui confère le baptême, à la disparition subite de celui-ci et aux consolations dont l’âme du néophyte est remplie, on peut voir dans l’histoire des saints une multitude de faits analogues. La ville de Gaza dont il est ici parlé, est celle dont Samson enleva les portes et où il fit périr un si grand nombre de Philistins. Â» (L. BACUEZ.)]
28 Il s’en retournait, assis sur son char, et lisait le prophète Isaïe.
29 Alors l’Esprit dit à Philippe : Approche-toi et rejoins ce char.
30 Et Philippe, accourant, l’entendit lire le prophète Isaïe ; et il lui dit : Crois-tu comprendre ce que tu lis ?
31 Il répondit : Et comment le pourrais-je, si quelqu’un ne me dirige ? Et il pria Philippe de monter et de s’asseoir auprès de lui.
32 Or le passage de l’Ecriture qu’il lisait était celui-ci : Comme une brebis il a été mené à la boucherie, et comme un agneau muet devant celui qui le tond, il n’a point ouvert la bouche.
[8.32 Voir Isaïe, 53, 7.]
33 Dans son abaissement (humiliation) son jugement a été aboli. Qui racontera sa génération, car sa vie sera retranchée de la terre ?
34 L’eunuque, répondant à Philippe, lui dit : Je t’en prie, de qui le prophète dit-il cela ? de lui-même ou de quelque autre ?
35 Alors Philippe, ouvrant la bouche et commençant par ce passage de l’Ecriture, lui annonça Jésus.
36 Et chemin faisant, ils rencontrèrent de l’eau ; et l’eunuque dit : Voici de l’eau ; qu’est-ce qui empêche que je sois baptisé ?
37 Philippe dit : Si tu crois de tout ton cœur, cela est possible. Il répondit : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu.
38 Il fit arrêter le char, et ils descendirent tous deux dans l’eau, et Philippe baptisa l’eunuque.
39 Lorsqu’ils furent remontés hors de l’eau, l’Esprit du Seigneur enleva Philippe, et l’eunuque ne le vit plus ; mais il continua son chemin, plein de joie.
40 Quant à Philippe, il se trouva dans Azot, et il annonçait l’Evangile à toutes les villes par où il passait, jusqu’à ce qu’il fût arrivé à Césarée. [8.40 Azot, une des cinq principales villes philistines, entre Ascalon et Jamnia, non loin de la Méditerranée, aujourd’hui petit village, appelé Esdûd. — Césarée. Voir plus loin, Actes des Apôtres, 9, 30.]

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