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Triste sort !
1 Mais hélas ! aujourd’hui, me voilà la risée de gamins dont les pères étaient si méprisables que je n’aurais daigné les mettre avec mes chiens pour garder mon troupeau. 2 D’ailleurs, que me ferait la force de leurs bras ? Ils seraient incapables d’atteindre l’âge mûr : 3 épuisés par la faim et par les privations, ils rôdent dans la steppe et dans la solitude. 4 Ils mangent des bourgeons cueillis sur les buissons, ils prennent les racines du genêt comme pain. 5 Ils ont été chassés du milieu de leur peuple, et l’on crie après eux comme après des voleurs. 6 Ils hantent les cavernes au flanc des précipices, ils logent dans des grottes ou parmi les rochers. 7 Dans les buissons d’épines retentissent leurs cris ; ils se couchent ensemble à l’abri des broussailles. 8 Fils de gens insensés, enfants qui sont sans nom, repoussés du pays !
9 Me voici devenu l’objet de leurs chansons ! Ils font de moi leur fable. 10 Ils ont horreur de moi, ils s’éloignent de moi. Sans retenue, ils osent me cracher au visage. 11 Car (Dieu) a détendu la corde de mon arc, et il m’a terrassé. Aussi rejettent-ils tout frein en ma présence. 12 À ma droite, ils se lèvent et me font lâcher pied, ils se fraient un accès jusqu’à moi pour me perdre ; 13 ils coupent ma retraite, travaillant à ma ruine, et nul ne les arrête. 14 Ils arrivent sur moi par une large brèche, et ils se précipitent au milieu des décombres. 15 La terreur m’envahit, ma gloire est emportée comme en un coup de vent, mon bonheur a passé, chassé comme un nuage.
16 Et maintenant, la vie s’écoule loin de moi. Les jours d’humiliation saisissent tout mon être. 17 La nuit perce mes os, je suis écartelé, et le mal qui me ronge ne prend pas de repos ; 18 avec toute sa force, il s’agrippe à ma robe, il se colle à mon corps comme une camisole. 19 Dieu m’a précipité au milieu de la fange, et je ne vaux pas mieux que la poudre et la cendre. 20 Je t’implore, ô mon Dieu, et tu ne réponds pas. Je me tiens devant toi pour que tu me remarques. 21 Que tu es devenu cruel à mon égard ! De ta main vigoureuse, tu t’acharnes sur moi ! 22 Tu m’as fait enlever sur les chevaux du vent, et tu me fais frémir au sein de l’ouragan. 23 Je ne le sais que trop : tu me mènes à la mort, au lieu de rendez-vous de tout être vivant.
24 Mais celui qui se noie n’étend-il pas sa main, et celui qui succombe ne va-t-il pas crier ? 25 Je pleurais autrefois avec les opprimés, et je compatissais à la peine du pauvre. 26 J’espérais le bonheur, et le malheur arrive, j’attendais la lumière et les ténèbres viennent. 27 Tout mon être intérieur bouillonne sans relâche. Des jours d’humiliation sont venus m’affronter. 28 Je m’avance, l’air sombre, et sans voir le soleil. Au milieu de la foule. Je me dresse et je hurle. 29 C’est comme si j’étais un frère du chacal ou bien un compagnon des filles de l’autruche. 30 Ma peau noircit et tombe, mes os sont consumés par le feu de la fièvre. 31 Ma harpe s’est changée en instrument funèbre, mon chalumeau n’émet que des lamentations.