/   /   /  2 Samuel 13:30     

2 Samuel 13.30
Vigouroux


Viol de Tamar par Amnon

1 Après cela, Amnon, fils de David, conçut une passion violente pour la sœur d’Absalom, autre fils de David, qui était très belle, et qui s’appelait Thamar ;
2 et la passion qu’il avait pour elle devint si excessive, que cet amour le rendit malade, parce que, comme elle était vierge, il paraissait difficile à Amnon de rien faire avec elle contre l’honnêteté.
3 Or Amnon avait un ami fort prudent, qui s’appelait Jonadab, fils de Semmaa, frère de David.
4 Jonadab dit donc à Amnon : D’où vient, fils du roi, que tu maigrisses ainsi de jour en jour ? Pourquoi ne m’en dis-tu pas la cause ? Amnon lui répondit : J’aime Thamar, sœur de mon frère Absalom.
5 Jonadab lui dit : Couche-toi sur ton lit, et fais semblant d’être malade ; et lorsque ton père viendra te voir, dis-lui : Que ma sœur Thamar vienne, je vous prie, pour m’apprêter à manger, et qu’elle me prépare quelque chose que je reçoive de sa main.
6 Amnon se mit donc au lit, et commença à faire le malade. Et lorsque le roi fut venu le voir, Amnon lui dit : Que ma sœur Thamar vienne, je vous prie, et qu’elle fasse devant moi deux petits gâteaux (bouillons), afin que je prenne à manger de sa main.
7 David envoya donc chez Thamar, et lui fit dire : Allez à la maison de votre frère Amnon, et préparez-lui à manger.
8 Thamar vint donc chez son frère Amnon, qui était couché. Elle prit de la farine, la pétrit et la délaya, et fit cuire deux gâteaux (bouillons) devant lui.
9 Et prenant ce qu’elle avait fait cuire, elle le versa, et le lui présenta. Mais Amnon n’en voulut pas manger, et il dit : Qu’on fasse sortir tout le monde. Lorsque tout le monde fut sorti,
[13.9 Elle le versa dans un vase, ou un plat.]
10 Amnon dit à Thamar : Porte ce mets dans mon cabinet (ma chambre), afin que je le reçoive de ta main. Thamar prit donc les petits gâteaux (bouillons) qu’elle avait faits, et les porta à Amnon, son frère, dans le cabinet (la chambre).
11 Et après qu’elle les lui eut présentés, Amnon se saisit d’elle, et lui dit : Viens, ma sœur, couche avec moi.
12 Elle lui répondit : Non, mon frère, ne me fais pas violence, cela n’est pas permis dans Israël ; ne faites pas cette folie.
13 Car je ne pourrai supporter mon opprobre, et tu passeras dans Israël pour un insensé. Mais demande-moi plutôt au roi en mariage, et il ne refusera pas de me donner à toi.
[13.13 Il ne me refusera pas à toi ; construction elliptique, pour : Il ne me refusera pas de me donner à toi en mariage.]
14 Mais Amnon ne voulut point se rendre à ses prières ; et, étant plus fort qu’elle, il lui fit violence, et abusa d’elle.
15 Aussitôt il conçut pour elle une étrange aversion (très grande haine), de sorte que la haine qu’il lui portait était encore plus excessive que la passion qu’il avait eue pour elle auparavant. Il lui dit donc : Lève-toi, et va-t’en.
16 Thamar lui répondit : L’outrage (Le mal) que tu me fais maintenant est encore plus grand que celui que tu viens de me faire. Amnon ne voulut point l’écouter ;
17 mais, ayant appelé le jeune homme qui le servait, il lui dit : Mets-la dehors, et ferme la porte derrière elle.
18 Or Thamar était vêtue d’une robe qui traînait en bas, car les filles du roi qui étaient encore vierges avaient coutume de s’habiller ainsi. Le serviteur d’Amnon la mit donc hors de la chambre, et ferma la porte derrière elle.
19 Alors Thamar ayant mis de la cendre sur sa tête, et déchiré sa robe, s’en alla en jetant de grands cris, et tenant sa tête couverte de ses deux mains.
[13.19 Comme nous l’avons déjà fait observer, on déchirait ses vêtements en signe de deuil et de douleur.]
20 (Or) Absalom, son frère, lui dit : Est-ce que ton frère Amnon a abusé de toi ? Maintenant, ma sœur, tais-toi, car c’est ton frère ; et n’afflige pas ton cœur pour cela. Thamar demeura donc dans la maison d’Absalom, son frère, désolée.
21 Lorsque le roi David apprit ce qui s’était passé, il s’en affligea fort ; mais (et) il ne voulut point attrister Amnon, son fils, car il l’aimait beaucoup, parce qu’il était son aîné.
22 (Or) Absalom ne parla en aucune sorte de tout cela à Amnon ; mais il conçut contre lui une grande haine de ce qu’il avait outragé (violé) sa sœur Thamar.

Meurtre d’Amnon et fuite d’Absalom

23 (Mais) Deux ans après, il arriva qu’Absalom fit tondre ses brebis à Baalhasor, qui est près d’Ephraïm ; et il invita tous les fils du roi.
[13.23 Baalhasor, ville de la tribu d’Ephraïm. ― Près d’Ephraïm, ville inconnue.]
24 Et il vint trouver le roi, et lui dit : Votre serviteur fait tondre ses brebis ; je supplie le roi de venir avec ses princes chez son serviteur.
25 (Et) Le roi dit à Absalom : Non, mon fils, ne nous invite pas tous à venir, de crainte que nous ne te soyons à charge. Et Absalom le pressa, mais David refusa d’y aller, et il le bénit.
26 Alors Absalom lui dit : Si vous ne voulez pas venir, je vous supplie au moins que mon frère Amnon vienne avec nous. Le roi lui répondit : Il n’est point nécessaire qu’il y aille.
27 Néanmoins Absalom le pressa tellement, qu’il laissa aller avec lui Amnon et tous ses frères. Or Absalom avait fait préparer un festin de roi.
28 Et il avait donné cet ordre à ses serviteurs : Remarquez lorsqu’Amnon commencera à être troublé par le vin, et que je vous dirai : Frappez-le, et tuez-le. Ne craignez point, car c’est moi qui vous commande. Soyez résolus, et agissez en hommes de cœur.
29 Les serviteurs d’Absalom exécutèrent donc à l’égard d’Amnon le commandement de leur maître ; et aussitôt tous les fils du roi, se levant de table, montèrent chacun sur sa mule, et s’enfuirent.
30 (Et) Comme ils étaient encore en chemin, le bruit parvint jusqu’à David qu’Absalom avait tué tous les fils du roi, sans qu’il en restât un seul.
31 Le roi se leva aussitôt, déchira ses vêtements, et se coucha par terre ; et tous ses officiers (serviteurs) qui se tenaient près de lui déchirèrent leurs vêtements.
32 Alors Jonadab, fils de Semmaa, frère de David, prenant la parole, dit : Que le roi, mon seigneur, ne suppose pas que tous les fils du roi ont été tués. Amnon seul est mort, parce qu’Absalom avait résolu de le perdre, depuis le jour qu’il avait fait violence à sa sœur Thamar.
[13.32 Il avait été mis dans la bouche Absalom ; c’est-à-dire probablement, qu’Absalom avait proféré le serment, ou avait donné l’ordre de détruire Amnon. L’hébreu est susceptible de ces deux sens ; le chaldéen porte dans le cœur d’Absalom.]
33 Que le roi, mon seigneur, ne se mette donc pas cela dans l’esprit ; et qu’il ne croie pas que tous ses fils aient été tués, car Amnon seul est mort.
34 Cependant Absalom s’enfuit. Et celui qui était en sentinelle, levant les yeux, vit une grande troupe qui venait par un chemin détourné à côté de la montagne.
35 Et Jonadab dit au roi : Voilà les fils du roi qui viennent ; ce qu’avait dit votre serviteur se confirme.
36 Comme il achevait ces mots, on vit paraître les fils du roi. Et lorsqu’ils furent arrivés, ils élevèrent la voix et pleurèrent. Et le roi et tous ses serviteurs fondirent aussi en larmes (pleurèrent d’un très grand pleur).
37 Absalom, ayant donc pris la fuite, se retira chez Tholomaï, fils d’Ammiud, roi de Gessur. Et David pleurait son fils (Amnon) tous les jours.
[13.37 Gessur. Voir L’introduction au livre de Josué, milieu de la partie B.]
38 Absalom demeura trois ans à Gessur, où il était venu se réfugier.
39 Et le roi David cessa de le poursuivre, parce qu’il s’était enfin consolé de la mort d’Amnon.

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