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Matthieu 23.8
Vigouroux


1 Alors Jésus parla aux foules et à Ses disciples
2 en disant : Les scribes et les pharisiens sont assis sur la chaire de Moïse.
[23.2 Voir 2 Esdras, 8, 4.]
3 Observez donc et faites tout ce qu’ils vous disent ; mais n’agissez pas selon leurs oeuvres, car ils disent, et ne font pas.
4 Ils lient des fardeaux pesants et insupportables, et ils les mettent sur les épaules des hommes ; mais ils ne veulent pas les remuer du doigt.
[23.4 Voir Luc, 11, 46 ; Actes des Apôtres, 15, 10.]
5 Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes ; c’est pourquoi ils portent de larges phylactères et de longues franges.
[23.5 Voir Deutéronome, 22, 12 ; Nombres, 15, 38. — Les phylactères ou préservatifs étaient des bandes de parchemin qu’on portait sur le front et sur le bras, et sur lesquelles étaient écrites certaines paroles de la loi. Comparer à Exode, 13, 16 ; Deutéronome, 6, 8 ; 11, 18. — Et des franges fort longues. Comparer à Matthieu, 9, 20.]
6 Ils aiment les premières places dans les festins, et les premières chaires dans les synagogues,
[23.6 Voir Marc, 12, 39 ; Luc, 11, 43 ; 20, 46.]
7 et à être salués dans les places publiques, et à être appelés Rabbi par les hommes.
8 Mais vous, ne vous faites point appeler Rabbi, car vous n’avez qu’un seul Maître, et vous êtes tous frères.
[23.8 Voir Jacques, 3, 1.]

9 Et ne donnez à personne sur la terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père qui est dans les Cieux.
[23.9-10 Ce qui se lit dans ces deux versets veut dire que nous devons mettre incomparablement notre Père céleste au-dessus de tout père selon la chair, et que nous ne devons suivre aucun maître qui nous détourne de Jésus-Christ. Mais cela ne nous empêche pas d’avoir, conformément à la loi divine, tout le respect dû pour nos pères selon la chair, pour nos pères spirituels (voir 1 Corinthiens, 4, 15), pour nos maîtres et nos précepteurs.] [23.9 Voir Malachie, 1, 6.]
10 Et qu’on ne vous appelle point maîtres, car vous n’avez qu’un seul Maître, le Christ.
11 Celui qui est le plus grand parmi vous, sera votre serviteur.
12 Quiconque s’élèvera, sera humilié, et quiconque s’humiliera, sera élevé.
[23.12 Voir Luc, 14, 11 ; 18, 14.]
13 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez le royaume des Cieux devant les hommes ; car vous n’y entrez pas vous-mêmes, et vous ne laissez pas entrer ceux qui désirent entrer.
14 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous dévorez les maisons des veuves, en faisant de longues prières ; c’est pourquoi vous recevrez un jugement plus rigoureux.
[23.14 Voir Marc, 12, 40.]
15 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous parcourez la mer et la terre pour faire un prosélyte, et, après qu’il l’est devenu, vous faites de lui un fils de la géhenne deux fois pire que vous.
[23.15 Fils de la géhenne ; c’est-à-dire de l’enfer ; hébraïsme, pour digne de l’enfer. Ainsi le sens est : Vous le rendez digne de l’enfer deux fois plus que vous. — Géhenne. Voir Matthieu, 5, 22. — Pour faire un prosélyte, un converti du paganisme au judaïsme. Les Rabbins distinguaient deux espèces de prosélytes : les prosélytes de la justice, qui ayant reçu la circoncision, observaient tous les préceptes de la loi mosaïque, et les prosélytes de la porte, non circoncis, mais habitant au milieu des Juifs et observant certains préceptes, les sept appelés noachiques. Ils étaient ainsi nommés sans doute parce que le Pentateuque parle des étrangers qui habitent « dans les portes Â» ou l’intérieur des villes juives. Voir Exode, 20, 10 ; Deutéronome, 14, 21 ; 24, 14.]
16 Malheur à vous, guides aveugles, qui dites : Si quelqu’un jure par le temple, ce n’est rien ; mais si quelqu’un jure par l’or du temple, il doit.
[23.16 Par le temple, dans le texte grec, naos. Voir Matthieu, 21, 12.]
17 Insensés et aveugles ! Car lequel est le plus grand ? l’or, ou le temple qui sanctifie l’or ?
18 Et si quelqu’un jure par l’autel, ce n’est rien ; mais si quelqu’un jure par le don qui est sur l’autel, il doit.
19 Aveugles ! Car lequel est le plus grand ? le don, ou l’autel qui sanctifie le don ?
20 Celui donc qui jure par l’autel, jure par l’autel et par tout ce qui est dessus.
21 Et quiconque jure par le temple, jure par le temple et par Celui qui y habite.
22 Et celui qui jure par le Ciel, jure par le trône de Dieu, et par Celui qui y est assis.
[23.23 Voir Luc, 11, 42. — La menthe est commune en Syrie et les Juifs en mettaient dans les synagogues et dans leurs maisons pour y répandre une bonne odeur. — L’aneth, l’anis, plante de la famille des ombellifères qui atteint un mètre de hauteur. Les Juifs se servaient des grains d’anis comme de condiment dans leur cuisine. — Le cumin est une plante également de la famille des ombellifères dont le fruit était aussi employé pour aromatiser le vin et pour d’autres usages culinaires.]
23 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui payez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, et qui avez abandonné ce qu’il y a de plus important dans la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité (foi). Il fallait faire ceci, et ne pas omettre cela.
24 Guides aveugles, qui filtrez le moucheron, et qui avalez le chameau.
25 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, et qu’au dedans, vous êtes pleins de rapines et d’impureté.
26 Pharisien aveugle, nettoie d’abord le dedans de la coupe et du plat, afin que le dehors devienne pur aussi.
27 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous êtes semblables à des sépulcres blanchis, qui, au dehors, paraissent beaux aux hommes, mais qui, au dedans, sont pleins d’ossements de morts et de toute sorte de pourriture.
[23.27 Les Juifs, dans la crainte qu’on ne se souillât en touchant les tombeaux, les blanchissaient au dehors afin qu’on les distinguât.]
28 Vous de même, au dehors, vous paraissez justes aux hommes ; mais, au dedans, vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité.
29 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui bâtissez des tombeaux aux prophètes, et qui ornez les monuments des justes.
30 et qui dites : Si nous avions vécu du temps de nos pères, nous ne nous serions pas joints à eux pour répandre le sang des prophètes.
31 Par là, vous témoignez contre vous-mêmes que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les prophètes.
32 Comblez donc aussi la mesure de vos pères.
33 Serpents, race de vipères, comment échapperez-vous au jugement de la géhenne ?
[23.33 Voir Matthieu, 3, 7. — Le jugement de la géhenne ; c’est-à-dire la condamnation à la géhenne, à l’enfer. Comparer à Matthieu, 5, 22.]
34 C’est pourquoi, voici que Je vous envoie des prophètes, et des sages, et des scribes ; et vous tuerez et crucifierez les uns, et vous flagellerez les autres dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville
35 afin que retombe sur vous tout le sang innocent qui a été répandu sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste, jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l’autel.
[23.35 Voir Genèse, 4, 8 ; Hébreux, 11, 4 ; 2 Paralipomènes, 24, 22. — Zacharie, fils de Barachie. « Il y a divers sentiments, plus ou moins plausibles, sur la personne de Zacharie, fils de Barachie. — Plusieurs interprètes pensent qu’il s’agit ici de celui que les zélateurs ont immolé dans le temple, pendant le dernier siège de Jérusalem. Notre-Seigneur aurait pu parler de ce meurtre à l’avance et annoncer qu’il serait puni ; mais il ne paraît pas le faire ici. Il parle au passé, comme d’un crime déjà commis. — D’autres supposent qu’il est question de Zacharie, le dernier des petits prophètes. Son père s’appelait bien Barachie ; mais si un personnage si connu, le plus récent des prophètes, avait été tué entre le vestibule et l’autel, est-il à croire qu’il n’en fût fait mention nulle part ? — La plupart croient, comme saint Jérôme, que ce Zacharie est celui qui fut lapidé par Joas, in atrio domus Domini, c’est-à-dire dans le parvis des prêtres, entre l’autel des holocaustes placé en avant du vestibule et le saint ou l’enceinte qui précédait immédiatement le Saint des Saints. C’était probablement un usage parmi les Juifs d’unir le meurtre d’Abel à celui de ce pontife, comme les deux crimes les plus odieux qui eussent jamais déjà été commis. Si l’on objecte que le meurtre de Zacharie était déjà bien ancien pour être cité comme le dernier dont ils fussent coupables, on répond que le livre dans lequel on le lisait était un des livres historiques les plus récents de leur canon. Ainsi le meurtre d’Abel se lisait aux premières pages de la Bible, et celui de Zacharie aux dernières. La difficulté de ce sentiment est que, selon les Paralipomènes, ce Zacharie était fils de Joiadas et non pas de Barachie. On peut néanmoins la résoudre de plusieurs manières : — 1° En supposant que le père de Zacharie, Joiadas, avait deux noms, qu’il était surnommé Barachie ou fils d’Achias, ce qui n’a rien d’invraisemblable. — 2° En prenant le mot fils dans le sens de petit-fils ou d’héritier, ce qui a lieu fréquemment. Si l’on suppose Barachie mort avant son père Joiadas, il était naturel que l’auteur des Paralipomènes donnât à Zacharie la qualification de fils, c’est-à-dire de descendant et d’héritier de Joiadas, son aïeul, plutôt que de Barachie, son père. Or, il paraît que l’âge de Joiadas confirme cette supposition. — 3° En supposant que les mots fils de Barachie, qui ne sont pas en saint Luc, et qui manquent dans le manuscrit du Sinaï, à cet endroit de saint Matthieu, ont été introduits par un des premiers copistes, qui aura cru qu’il s’agissait du dernier Zacharie. Â» (L. BACUEZ.) — Entre le temple, le naos, la maison de Dieu, et l’autel des holocaustes. Voir Matthieu, 21, 12.]
36 En vérité, Je vous le dis, toutes ces choses retomberont sur cette génération.
37 Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes, et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-Je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses petits sous ses ailes, et tu ne l’as pas voulu !
[23.37 Voir Luc, 13, 34.]
38 Voici que votre maison vous sera laissée déserte.
39 Car Je vous le dis, vous ne Me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur. [23.39 Jusqu’à ce que, etc. ; c’est-à-dire jusqu’à ce que vous me reconnaissiez pour le Messie, à la fin des temps, et que, dans mon avènement pour juger le monde, vous me saluiez par des acclamations comme votre Dieu et votre Seigneur.]

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