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Matthieu 20.27
Vigouroux


1 Le royaume des Cieux est semblable à un père de famille, qui sortit de grand matin afin de louer des ouvriers pour sa vigne.
[20.1-16 Cette parabole est une explication de la fin du chapitre précédent. Elle nous montre que Dieu est maître de ses dons, et qu’il peut se faire que celui qui a travaillé une heure mérite autant que celui qui a travaillé une journée entière, s’il l’a fait avec plus de zèle. Elle s’applique aux gentils qui, n’entrant qu’à la dernière heure dans l’Eglise, auront part à la même récompense que les Juifs qui y ont été appelés les premiers. — Il faut remarquer d’ailleurs que « quand Jésus-Christ se sert d’une comparaison, énonce une parabole, il ne veut pas nous faire entendre qu’il y ait toujours une parité complète entre l’allégorie et la vérité. Il ne faut prendre souvent que le fond des choses et les circonstances générales. Tout le reste n’est pour l’ordinaire qu’une espèce d’ornement sur lequel il est bon de ne pas trop s’appesantir. Il y a des traits qui sont nécessaires pour le complément de la figure, dit saint Jean Chrysostome, et qui ne le sont nullement pour la réalité. [Ici] l’excuse des ouvriers du soir, le murmure de ceux de la première heure, les reproches du maître n’ont point d’application. Â» (Mgr PICHENOT.)]
2 Et étant convenu avec les ouvriers d’un denier par jour, il les envoya à sa vigne.
[20.2 Un denier. Voir Matthieu, 18, 28.]
3 En sortant vers la troisième heure, il en vit d’autres qui se tenaient oisifs sur la place publique.
[20.3 Vers la troisième heure. Vers neuf heures du matin.]
4 Et il leur dit : Allez, vous aussi, à ma vigne, et je vous donnerai ce qui sera juste.
5 Et ils y allèrent. Il sortit encore vers la sixième et vers la neuvième heure, et il fit de même.
[20.5. Vers la sixième et la neuvième heure. Vers midi et trois heures de l’après-midi.]
6 Et étant sorti vers la onzième heure, il en trouva d’autres qui se tenaient là, et il leur dit : Pourquoi vous tenez-vous ici tout le jour sans rien faire ?
[20.6 Vers la onzième heure. Vers cinq heures du soir.]
7 Ils lui dirent : Parce que personne ne nous a loués. Il leur dit : Allez, vous aussi, à ma vigne.
8 Lorsque le soir fut venu, le maître de la vigne dit à son intendant : Appelle les ouvriers, et paye-leur le salaire, en commençant par les derniers, et en finissant par les premiers.
9 Ceux qui étaient venus vers la onzième heure vinrent donc, et reçurent chacun un denier.
10 Les premiers, venant ensuite, crurent qu’ils recevraient davantage ; mais ils reçurent, eux aussi, chacun un denier.
11 Et en le recevant, ils murmuraient contre le père de famille
12 disant : Ces derniers n’ont travaillé qu’une heure, et vous les avez traités comme nous, qui avons porté le poids du jour et de la chaleur.
13 Mais il répondit à l’un d’eux : Mon ami, je ne te fais point de tort ; n’es-tu pas convenu avec moi d’un denier ?
14 Prends ce qui t’appartient, et va-t-en ; je veux donner à ce dernier autant qu’à toi.
15 Ne m’est-il pas permis de faire ce que je veux ? ou ton œil est-il méchant parce que je suis bon ?
[20.15 Ton œil est-il mauvais ? Dans le style des Hébreux, comme dans celui des Grecs et des Latins, un mauvais œil est un œil jaloux et désigne un homme envieux et souvent un avare. Au contraire, un œil bon marque la bonté, la libéralité.]
16 Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers ; car il y en a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus.
[20.16 Voir Matthieu, 19, 30 ; Marc, 10, 31 ; Luc, 13, 30. — Ainsi les derniers, etc. Il semble au premier abord que la conclusion de cette parabole manque de justesse, et qu’il aurait fallu la terminer ainsi : Les derniers seront comme les premiers. C’est en effet le sens du texte original, où la particule de comparaison comme se trouve sous-entendue en vertu d’un hébraïsme que les auteurs du Nouveau-Testament ont souvent imité.]

Demande de la mère de Jacques et de Jean

17 Or Jésus, montant à Jérusalem, prit à part les douze disciples, et leur dit :
[20.17 Voir Marc, 10, 32 ; Luc, 18, 31.]
18 Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux princes des prêtres et aux scribes, et ils Le condamneront à mort ;
19 et ils Le livreront aux gentils, pour qu’ils se moquent de Lui, Le flagellent et Le crucifient ; et Il ressuscitera le troisième jour.
20 Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de Lui avec ses deux fils, et se prosterna en Lui demandant quelque chose.
[20.20 Voir Marc, 10, 35. — La mère des fils de Zébédée s’appelait Salomé. Ses deux fils étaient saint Jacques le Majeur et saint Jean l’Evangéliste.]
21 Il lui dit : Que veux-tu ? Ordonnez, Lui dit-elle, que mes deux fils, que voici, soient assis l’un à Votre droite, et l’autre à Votre gauche, dans Votre royaume.
22 Mais Jésus répondit : Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire le calice que Je dois boire ? Ils Lui dirent : Nous le pouvons.
[20.22 Ce calice désigne les souffrances de Jésus-Christ.]
23 Il leur dit : Oui, vous boirez Mon calice ; quant à être assis à Ma droite ou à Ma gauche, il ne M’appartient pas de vous le donner ; ce sera pour ceux auxquels Mon Père l’a préparé.
[20.23 Pour attacher ses disciples à la foi dont ils ne comprenaient pas encore la vertu, le Sauveur remet à son Père ce qui regarde la gloire, et ne se réserve que de prédire et de distribuer les afflictions ; quoique cependant tout ce qui est au Père soit au Fils, et tout ce qui est au Fils soit au Père (voir Jean, 17, 10).]
24 Les dix, ayant entendu cela, s’indignèrent contre les deux frères.
[20.24 Voir Marc, 10, 41. — Or les dix ; c’est-à-dire les dix autres apôtres.]
25 Mais Jésus les appela à Lui, et leur dit : Vous savez que les princes des nations les dominent ; et que les grands exercent la puissance sur elles.
[20.25 Voir Luc, 22, 25.]
26 Il n’en sera pas ainsi parmi vous ; mais que celui qui voudra devenir le plus grand parmi vous soit votre serviteur
27 et que celui qui voudra être le premier parmi vous soit votre esclave ;
28 de même que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et pour donner Sa vie comme la rançon d’un grand nombre.
[20.28 Voir Philippiens, 2, 7. — D’un grand nombre ; c’est-à-dire de tous, de tout le monde (ce qui constitue en effet un grand nombre), comme l’explique saint Jean dans sa première épître (voir 1 Jean, 2, 2). On pourrait encore entendre cette expression de ceux-là seulement qui, par leur foi et leur conduite vraiment chrétienne, ont une part réelle aux mérites du Sauveur, mérites que les autres ont volontairement refusé de s’appliquer.]

Guérison de deux aveugles

29 Lorsqu’ils sortaient de Jéricho, une grande foule Le suivit.
[20.29 Voir Marc, 10, 46 ; Luc, 18, 35.]
30 Et voici que deux aveugles, assis au bord du chemin, apprirent que Jésus passait ; et ils crièrent, en disant : Seigneur, Fils de David, ayez pitié de nous.
31 Et la foule les reprenait, pour les faire taire ; mais ils criaient plus fort, en disant : Seigneur, Fils de David, ayez pitié de nous.
32 Jésus S’arrêta, et Il les appela, et leur dit : Que voulez-vous que Je vous fasse ?
33 Ils Lui dirent : Seigneur, que nos yeux soient ouverts.
34 Ayant pitié d’eux, Jésus toucha leurs yeux ; et aussitôt ils recouvrirent la vue, et Le suivirent.

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