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Job 39.20
Vigouroux


1 Connais-tu le temps où les chèvres sauvages mettent bas dans les rochers, ou as-tu observé l’enfantement des biches ?
[39.1 Dans l’original, le premier animal est nommé littéralement grimpeur de rochers, c’est-à-dire chèvre sauvage, bouquetin, sorte de chamois semblable à celui de la Suisse et des Alpes Tyroliennes, qui habite les endroits les plus escarpés.]
2 As-tu compté les mois de leur portée, et sais-tu le temps où elles enfantent ?
[39.2 Les mois de leur conception ; c’est-à-dire les mois qui se sont écoulés depuis le moment où elles ont conçu leur fruit.]
3 Elles se courbent pour faire sortir leur faon, et elles le mettent au jour en poussant des gémissements (hurlements).
4 Leurs petits se séparent d’elles et vont aux pâturages ; ils s’éloignent et ne reviennent plus auprès d’elles.
5 Qui a mis en liberté l’âne sauvage (l’onagre), et qui a rompu ses liens ?
[39.5 L’onagre. Cet animal est très célèbre en Orient à cause de la rapidité de sa course, et c’est de cette qualité qu’il paraît tirer son nom oriental. On assure qu’aucun cavalier ne peut l’atteindre. Les poètes orientaux comparent à un troupeau d’onagres un escadron de cavaliers qui passent avec la rapidité de l’éclair. C’est un animal très sauvage, d’un roux cendré, à longues oreilles, qui vit en troupes dans les déserts.]
6 Je lui ai donné une demeure dans le désert, et des tentes dans la terre salée.
[39.6 Une terre de sel ; c’est un terrain rempli de nitre, inculte, stérile.]
7 Il méprise le tumulte de la ville ; il n’entend pas les cris d’un maître impérieux (exacteur).
8 Il regarde les montagnes où sont ses pâturages, et il cherche partout des herbages verts.
9 Le rhinocéros voudra-t-il te servir, et demeurera-t-il à ton étable ?
[39.9 Un rhinocéros. Dans l’original reem. Le nom de cet animal est diversement traduit. Les Septante l’ont rendu par licorne ; Aquila et la Vulgate par rhinocéros ; d’autres par oryx, espèce d’antilope ; Schultens, Gesenius, par buffle. Les questions qui se rapportent au reem, versets 9 à 12, et l’opposition qui est établie entre cet animal et le bœuf domestique prouvent qu’il s’agit du bœuf sauvage ou du buffle.]
10 Lieras-tu le (un) rhinocéros avec une corde pour qu’il laboure, et pour qu’il brise derrière toi les mottes des (glèbes aux) vallons ?
[39.10 A tes traits ; aux traits de ta charrue. ― Après toi ; en labourant, les animaux vont devant le labourant, et en hersant. ― Vallons ; c’est-à-dire sillons, comme ont traduit les Septante.]
11 Auras-tu confiance en sa grande rigueur (force), et lui abandonneras-tu tes travaux ?
12 Compteras-tu sur lui pour ramener ta récolte (tes semailles) et pour l’amasser dans ton aire ?
13 La plume (L’aile) de l’autruche est semblable à celle de la cigogne (du héron) et de l’épervier.
[39.13 Littéralement dans l’original : L’aile de l’autruche bat avec allégresse ; est-ce l’aile pieuse (de la cigogne qu’on appelle pieuse à cause de sa tendresse pour ses petits) ? Non ,; est-ce l’aile prenant l’essor (ou l’aile de l’épervier) ? Non, car elle ne vole pas.]
14 Lorsqu’elle abandonne ses œufs sur la terre, c’est toi peut-être qui les (r)échaufferas dans la poussière ?
[39.14 Les naturalistes et les voyageurs rapportent sur ce point des choses contradictoires. Si l’autruche ne néglige pas entièrement ses œufs, il paraît du moins certain qu’elle en prend peu de soin, surtout dans les jours qui suivent la ponte, et qu’elle les abandonne toujours quand elle est poursuivie par les chasseurs.]
15 Elle oublie qu’on les foulera aux pieds, ou que la bête sauvage les écrasera.
[39.15 L’autruche fait son nid dans un trou qu’elle creuse dans le sable. Les œufs mal enterrés ou dispersés sont souvent la proie des chacals et des hyènes.]
16 Elle est dure pour ses petits, comme s’ils n’étaient pas à elle. Elle a travaillé en vain (en les abandonnant) sans qu’aucune crainte l’y forçât.
[39.16 L’autruche travaille en vain, en pondant des œufs, en les plaçant dans un nid, en les couvant même pour un temps, puisqu’après cela elle les abandonne sans y être forcée par aucun motif de crainte. Si quelquefois les autres oiseaux quittent leur nid, c’est ou parce que leurs œufs ont été refroidis, ou qu’on a dérangé leur nid, ou qu’on les en a chassés et qu’on les a effarouchés. Mais l’autruche abandonne ses œufs, sans y être obligée par aucune de ces raisons.]
17 Car Dieu l’a privée de sagesse, et ne lui a pas donné l’intelligence.
[39.17 On sait que l’autruche est un animal oublieux et stupide. C’est ainsi que la dépeignent les naturalistes. ― Plus sot qu’une autruche, dit un proverbe arabe.]
18 Quand il le faut, elle élève ses ailes : elle se rit du cheval et de son cavalier.
[39.18 Elle se rit ; etc. Pline dit (liv. X, chap. I) que, lorsque l’autruche est poursuivie par les chasseurs, elle étend ses ailes dont elle s’aide, comme de voiles, pour courir, et qu’elle court ainsi avec une vitesse qui approche du vol le plus rapide. Diodore de Sicile ajoute (liv. II) qu’en courant elle lance des pierres avec ses pieds par derrière si violemment que souvent elle tue les chasseurs. ― Les naturalistes confirment ces détails. « La course des autruches est très rapide, dit l’un d’eux. Les lévriers les plus agiles ne peuvent les atteindre. L’Arabe lui-même, monté sur son cheval, est obligé de recourir à la ruse pour les prendre, en leur jetant adroitement un bâton dans les jambes. Dans leur fuite, elles lancent derrière elles des cailloux comme des traits contre ceux qui les poursuivent. »]
19 Est-ce toi qui donnes au cheval sa force, et qui lui fais pousser ses hennissements ?
[39.19 Environneras-tu, etc. ; c’est-à-dire peux-tu donner au cheval le hennissement qu’il fait retentir autour de son cou ? ― Rollin dit de la description du cheval : « Chaque mot demanderait d’être développé, pour en faire sentir la beauté… Les armées sont longtemps à se mettre en ordre de bataille… Tous les mouvements sont marqués par des signaux particuliers. Cette lenteur importune le cheval. Comme il est prêt au premier son de trompette, il porte avec impatience qu’il faille avertir tant de fois l’armée. Il murmure en secret contre tous ces délais, et ne pouvant demeurer en place, ni aussi désobéir, il bat continuellement du pied et se plaint en sa manière qu’on perde inutilement le temps à se regarder sans rien faire. Dans son impatience, il compte pour rien tous les signaux qui ne sont pas décisifs et qui ne font marquer que quelque détail dont il n’est pas occupé. Mais quand c’est tout de bon, et que le dernier coup de trompette annonce la bataille, alors toute la contenance du cheval change. On dirait qu’il distingue, comme par l’odorat, que le combat va se donner, et qu’il a entendu distinctement l’ordre du général, et il répond aux cris confus de l’armée par un frissonnement qui marque son allégresse et son courage. Qu’on compare les admirables descriptions qu’Homère et Virgile ont faites du cheval, on verra combien celle-ci est supérieure. »]
20 Le feras-tu bondir comme les sauterelles ? La fierté de son souffle répand (fait) la terreur.
[39.20 La gloire de ses naseaux, etc. Le souffle si fier de ses narines répand la terreur. Un cheval, animé et échauffé, montre une certaine audace par le souffle de ses narines, qui inspire de la crainte à ceux qui le voient.]

21 Il creuse du pied la terre, il tressaille d’audace, il s’élance au-devant des hommes armés.
22 Il dédaigne la peur, il ne recule pas devant le glaive.
23 Sur lui retentit le carquois, s’agitent la lance et le bouclier.
24 Il écume, il frémit, il dévore la terre ; il ne se contient pas au bruit du clairon (qui sonne le retour).
25 Dès qu’il entend la trompette, il dit : Allons ! De loin il flaire la bataille, la voix (l’exhortation) des chefs et les cris (confus) des armées.
26 Est-ce par ta sagesse que l’épervier se couvre de plumes, étendant ses ailes vers le midi ?
[39.26 Etendant ses ailes vers le midi. Ce mot fait allusion à l’habitude qu’a d’émigrer l’oiseau dont il est question, le net. Le sens de ce mot n’est pas certain, mais il désigne incontestablement un oiseau de passage.]
27 Est-ce par ton ordre que l’aigle s’élève(ra), et qu’il place(ra) son nid sur les hauteurs ?
28 Il demeure dans les rochers, dans les montagnes escarpées et dans les rocs inaccessibles.
29 De là il contemple sa proie, et ses yeux découvrent (voient) au loin.
30 Ses petits sucent le sang, et partout où se trouve un cadavre, il y fond aussitôt.
[39.30 Partout où est un cadavre. L’aigle ordinaire ne se nourrit pas de cadavres, mais il en existe une espèce qui les dévore volontiers. De plus, tous les aigles mangent les corps morts, avant qu’ils aient commencé à se corrompre.]

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