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Luc 3.14
Vigouroux


Ministère de Jean-Baptiste

1 La quinzième année du règne de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée ; Hérode, tétrarque de la Galilée ; Philippe, son frère, tétrarque de l’Iturée et de la province de Trachonite, et Lysanias, tétrarque de l’Abilène ;
[3.1 L’an quinzième du règne de César Tibère. Claude Tibère Néron, fils de Tibère Claude Néron et de Livia Drusilla, second empereur romain, était né à Rome l’an 42 avant notre ère. Sa mère Livia épousa l’an 38 l’empereur Auguste qui l’adopta, l’an 4 de notre ère, après lui avoir fait épouser l’an 11 avant Jésus-Christ sa fille Julie. Tibère fut associé en l’an 13 de notre ère au gouvernement de l’empire et chargé de l’administration des provinces. L’année suivante, en l’an 14, Auguste étant mort, son fils adoptif se trouva seul maître de l’empire. Il avait alors 55 ans. Il mourut en 37, à l’âge de 78 ans. Pendant son règne, il donna deux procurateurs à la Palestine, Valerius Gratus, qui garda sa charge onze ans (15-26 de notre ère) et Ponce Pilate, qui fut procurateur pendant dix ans (26-36). La 15e année de Tibère va du 19 août de l’an 28 jusqu’à la même époque de l’an 29 après Jésus-Christ. — Ponce Pilate. Voir Matthieu, 27, 2. — Hérode, tétrarque de Galilée. Hérode Antipas. Voir Matthieu, 14, 1. — Philippe le tétrarque ou Hérode Philippe était fils d’Hérode-le-Grand par sa cinquième femme, Cléopâtre de Jérusalem. C’est le seul des fils de ce roi qui n’ait pas laissé la réputation de mauvais prince. Il épousa à un âge assez avancé Salomé, fille d’Hérodiade, la danseuse qui demanda la tête de saint Jean-Baptiste. Philippe était tétrarque d’Iturée et du pays de Trachonite. L’Iturée, région montagneuse, conquise par le roi Aristobule environ un siècle avant Jésus-Christ, était au nord-est de la Palestine et à l’ouest de Damas. Ses habitants étaient célèbres par leurs brigandages et par leur habileté à tirer de l’arc. La Trachonite, l’ancien Argob, le Ledja actuel, était également habitée par des pillards qui demeuraient sous des tentes. L’empereur Auguste donna ce pays à Hérode le Grand, l’an 23 avant notre ère, pour qu’il le purgeât du brigandage. Saint Luc entend par Trachonite tout le pays situé au sud de l’Antiliban, à l’est du haut Jourdain et du lac de Tibériade jusqu’aux montagnes des Druses. Philippe gouverna ce pays 37 ans ; il embellit et agrandit Césarée de Philippe, qui reçut de lui ce surnom, et Bethsaïde-Julias et il mourut sans postérité l’an 34 de notre ère. — Lysanias n’est guère connu que de nom. C’était probablement le descendant d’un autre Lysanias, prince de Chalcis du Liban, que Cléopâtre avait fait périr insidieusement en 35 avant Jésus-Christ. — Abylène était le pays qui tirait son nom de la ville d’Abila. Il était situé entre le Liban et l’Hermon, au nord-ouest de Damas, à dix-huit milles romains de cette dernière ville et à trente-sept milles d’Héliopolis.]
2 sous les grands prêtres Anne et Caïphe, la parole du Seigneur se fit entendre à Jean, fils de Zacharie, dans le désert.
[3.2 Voir Actes des Apôtres, 4, 6. — Sous les grands prêtres Anne et Caïphe. Anne, fils de Seth, appelé par Josèphe Ananus, fut promu grand prêtre par Quirinus, gouverneur de Syrie, l’an 7 de notre ère. Au commencement du règne de Tibère, en l’an 14 (15 ?), il fut déposé par Valerius Gratus, procurateur de Judée et remplacé par Ismael, fils de Phabi. Bientôt après, Eléazar, fils d’Anne, reçut le souverain pontificat, qu’il dut céder l’année suivante à Simon, fils de Camith. Ce dernier fut remplacé par le gendre d’Anne, Joseph Caïphe, qui conserva cette dignité de l’an 27 ou 28 à l’an 36 ou 37. Anne vécut longtemps et cinq de ses fils furent tour à tour grands prêtres. Les Evangélistes l’ont nommé avec Caïphe, soit parce qu’il était son sagan ou vicaire, comme quelques-uns l’ont pensé, soit qu’il fut encore alors président du sanhédrin ou bien qu’ayant exercé les fonctions du souverain pontificat, il en portât encore le titre par honneur. Il devait, en tout cas, jouir d’une grande influence à Jérusalem, et en particulier auprès de Caïphe, son gendre. — Sur Caïphe, voir Matthieu, 26, 3. — Sur Jean, fils de Zacharie, voir Matthieu, 3, 1. — Dans le désert de Judée. Voir Matthieu, 3, 1.]
3 Et il vint dans toute la région du Jourdain, prêchant le baptême de pénitence pour la rémission des péchés,
[3.3 Voir Matthieu, 3, 1 ; Marc, 1, 4. — Toute la région du Jourdain, le Ghôr actuel.]
4 ainsi qu’il est écrit au livre des discours du prophète Isaïe : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ;
[3.4 Voir Isaïe, 40, 3 ; Jean, 1, 23. — Dans le désert de Judée.]
5 toute vallée sera comblée, et toute montagne et toute colline seront abaissées, ce qui est tortueux sera redressé, et ce qui est raboteux sera aplani ;
[3.5 La rédemption fait disparaître l’inégalité entre les hommes (saint Jérôme).]
6 et toute chair verra le salut de Dieu.
[3.6 Toute chair. Voir Matthieu, 24, 22.]
7 Il disait donc aux foules qui venaient pour être baptisés par lui : Race de vipères, qui vous a montrés à fuir la colère à venir ?
[3.7 Voir Matthieu, 3, 7 ; 23, 33.]
8 Faites donc de dignes fruits de pénitence, et ne commencez pas par dire : Nous avons Abraham pour père. Car je vous déclare que, de ces pierres, Dieu peut susciter des enfants à Abraham.
9 Déjà la cognée est mise à la racine des arbres : tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu.
10 Et les foules l’interrogeaient, en disant : Que ferons-nous donc ?
11 Et il leur répondait en ces termes : Que celui qui a deux tuniques en donne une à celui qui n’en a pas, et que celui qui a de quoi manger fasse de même.
[3.11 Voir Jacques, 2, 15 ; 1 Jean, 3, 17.]
12 Des publicains vinrent aussi pour être baptisés, et ils lui dirent : Maître, que ferons-nous ?
13 Et il leur dit : N’exigez rien au delà de ce qui vous a été ordonné.
14 Les soldats l’interrogeaient aussi, disant : Et nous, que ferons-nous ? Et il leur dit : N’usez de violence envers personne, ne calomniez pas, et contentez-vous de votre solde.
[3.14 Ni de fraude. Le mot du texte, qui signifie proprement calomnie, s’emploie assez souvent dans la Bible pour fraude, injustice.]

15 Cependant, comme le peuple supposait, et que tous pensaient dans leurs cœurs, que Jean était peut-être le Christ
16 Jean répondit, en disant à tous : Moi, je vous baptise dans l’eau ; mais il viendra quelqu’un de plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales : C’est lui qui vous baptisera dans l’Esprit-Saint et dans le feu.
[3.16 Voir Matthieu, 3, 11 ; Marc, 1, 8 ; Jean, 1, 26 ; Actes des Apôtres, 1 ,5 ; 11, 16 ; 19, 4. — La chaussure, les sandales. Voir Marc, 6, 9.]
17 Le van est dans sa main, et il nettoiera son aire ; et il amassera le blé dans son grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint pas.
[3.17 Voir Matthieu, 3, 12.]
18 Il évangélisait le peuple, en lui adressant encore beaucoup d’autres exhortations.
19 Mais, comme il reprenait Hérode le tétrarque, au sujet d’Hérodiade, femme de son frère, et de toutes les mauvaises actions qu’il avait commises,
[3.19 Voir Matthieu, 14, 4 ; Marc, 6, 17. — Hérode le tétrarque Antipas. Voir Matthieu, 14, 1. — Hérodiade, voir Matthieu, 14, 3. — Femme de son frère, voir Matthieu, 14, 3.]
20 Hérode ajouta encore à tous ses crimes celui d’enfermer Jean en prison.
21 Or, il arriva que, tout le peuple recevant le baptême, Jésus ayant aussi été baptisé, comme il priait, le ciel s’ouvrit,
[3.21 Voir Matthieu, 3, 16 ; Marc, 1, 10 ; Jean, 1, 32.]
22 et l’Esprit-Saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe ; et une voix se fit entendre du ciel : Tu es mon fils bien-aimé ; en toi je me suis complu.
[3.22 Voir Matthieu, 3, 17 ; 17, 5 ; Luc, 9, 35 ; 2 Pierre, 1, 17.]

Généalogie de Jésus

23 Or Jésus avait environ trente ans lorsqu’il commença son ministère, étant, comme on le croyait, fils de Joseph, qui le fut d’Héli, qui le fut de Mathat,
[3.23 Suivant plusieurs interprètes, saint Joseph, qui, selon la nature, était fils de Jacob, était, selon la loi, fils d’Héli. Car Héli et Jacob étaient frères utérins ; et Héli, l’ainé, étant mort sans postérité, Jacob, d’après la loi, épousa sa veuve et par suite de ce mariage, son fils Joseph fut réputé fils d’Héli selon la loi. D’autres disent que Joseph, fils de Jacob par nature, l’était d’Héli par alliance, ayant épousé Marie, qui en était la fille. — Sur la double généalogie de Notre-Seigneur, voir la note 26 à la fin du volume.]
24 qui le fut de Lévi, qui le fut de Melchi, qui le fut de Janné, qui le fut de Joseph
25 qui le fut de Mathathias, qui le fut d’Amos, qui le fut de Nahum, qui le fut d’Hesli, qui le fut de Naggé,
26 qui le fut de Mahath, qui le fut de Mathathias, qui le fut de Séméi, qui le fut de Joseph, qui le fut de Juda ;
27 qui le fut de Joanna, qui le fut de Réza, qui le fut de Zorobabel, qui le fut de Salathiel, qui le fut de Néri
28 qui le fut de Melchi, qui le fut d’Addi, qui le fut de Cosan, qui le fut d’Elmadan, qui le fut de Her
29 qui le fut de Jésus, qui le fut d’Eliézer, qui le fut de Jorim, qui le fut de Mathat, qui le fut de Lévi
30 qui le fut de Siméon, qui le fut de Juda, qui le fut de Joseph, qui le fut de Jona, qui le fut d’Eliakim
31 qui le fut de Méléa, qui le fut de Menna, qui le fut de Mathatha, qui le fut de Nathan, qui le fut de David
32 qui le fut de Jessé, qui le fut d’Obed, qui le fut de Booz, qui le fut de Salmon, qui le fut de Naasson
33 qui le fut d’Aminadab, qui le fut d’Aram, qui le fut d’Esron, qui le fut de Pharès, qui le fut de Juda
34 qui le fut de Jacob, qui le fut d’Isaac, qui le fut d’Abraham, qui le fut de Tharé, qui le fut de Nachor
35 qui le fut de Sarug, qui le fut de Ragaü, qui le fut de Phaleg, qui le fut d’Héber, qui le fut de Salé,
36 qui le fut de Caïnan, qui le fut d’Arphaxad, qui le fut de Sem, qui le fut de Noé, qui le fut de Lamech
37 qui le fut de Mathusalé, qui le fut d’Hénoch, qui le fut de Jared, qui le fut de Malaléel, qui le fut de Caïnan
38 qui le fut d’Hénos, qui le fut de Seth, qui le fut d’Adam, qui le fut de Dieu. [3.38 Qui fut de Dieu. « Ce simple mot, jeté là sans commentaire et sans réflexion, pour raconter la création, l’origine, la nature, les fins et le mystère de l’homme, est de la plus grande sublimité. Â» (E. LEFRANC.)]

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