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Genèse 32.15
Vigouroux


1 Mais Laban, se levant avant qu’il fît jour, embrassa ses fils et ses filles, les bénit et s’en retourna chez lui.

Préparatifs de la rencontre avec Ésaü

2 Jacob continuant son chemin, rencontra des anges de Dieu.
[32.2 Voir Genèse, 48, 16.]
3 Et, les ayant vus, il dit : Voici le camp de Dieu, et il appela ce lieu-là Mahanaïm, c’est-à-dire (le) camp.
[32.3 Mahanaïm, à l’est du Jourdain, au nord du Jaboc.]
4 Il envoya en même temps des gens (messagers) devant lui pour donner avis de sa venue à son frère Esaü, en la terre de Séir, au pays (dans la contrée) d’Edom ;
[32.4 Séir, Edom, l’Idumée. Voir Marc, note 3.8. ― Esaü ne s’était pas encore établi définitivement en Idumée, voir plus loin, Genèse, 36, 6, mais il y vivait alors en nomade, pour y faire paître ses troupeaux, et il fit plus tard la conquête du pays.]
5 et il leur donna cet ordre : Voici la manière dont vous parlerez à Esaü : Mon seigneur, Jacob, votre frère, vous envoie dire ceci : J’ai demeuré comme étranger chez Laban, et j’y ai été jusqu’à ce jour.
6 J’ai des bœufs, des ânes, des brebis, des serviteurs et des servantes ; et j’envoie maintenant (un message) vers mon seigneur, afin que je trouve grâce devant lui.
7 Ceux que Jacob avait envoyés revinrent lui dire : Nous sommes allés vers votre frère Esaü, et le voici qui vient lui-même en grande hâte au-devant de vous avec quatre cents hommes.
8 A ces mots, Jacob eut une grande peur ; et dans la frayeur dont il fut saisi, il divisa en deux troupes tous ceux qui étaient avec lui, et aussi les troupeaux, les brebis, les bœufs et les chameaux
9 en disant : Si Esaü vient attaquer une des troupes, l’autre qui restera sera sauvée.
10 Jacob dit ensuite : Dieu d’Abraham mon père, Dieu de mon père Isaac, Seigneur qui m’avez dit  : Retourne en ton pays et au lieu de ta naissance, et je te comblerai de bienfaits ;
11 je suis indigne de toutes vos miséricordes, et de la vérité (fidélité) que vous avez gardée envers votre serviteur. J’ai passé ce fleuve du Jourdain n’ayant qu’un bâton, et je retourne maintenant avec ces deux troupes.
12 Délivrez-moi, je vous prie, de la main de mon frère Esaü, parce que je le crains extrêmement, de peur qu’à son arrivée il ne frappe la mère avec les enfants.
13 Vous m’avez promis de me combler de biens et de multiplier ma race (postérité) comme le sable de la mer, dont la multitude est innombrable.
14 Jacob ayant passé la nuit en ce même lieu, il sépara de tout ce qui était à lui ce qu’il avait destiné pour en faire présent à Esaü, son frère :
15 Deux cents chèvres, vingt boucs, deux cents brebis et vingt béliers ;
16 trente femelles de chameaux (pleines) avec leurs petits, quarante vaches, vingt taureaux, vingt ânesses et dix ânons.
17 (Et) Il envoya séparément chacun de ces troupeaux, qu’il fit conduire par ses serviteurs, et il dit à ses hommes : Marchez toujours devant, et qu’il y ait de l’espace entre un troupeau et l’autre.
18 Il dit à celui qui marchait le premier : Si vous rencontrez Esaü, mon frère, et qu’il vous demande : A qui êtes-vous ? ou bien : Où allez-vous ? ou : A qui sont ces bêtes que vous menez ?
19 Vous lui répondrez : Elles sont à Jacob, votre serviteur qui les envoie pour présent à mon seigneur Esaü, et il vient lui-même après nous.
20 Il donna aussi le même ordre au second, au troisième, et à tous ceux qui conduisaient les troupeaux, en leur disant : Lorsque vous rencontrerez Esaü, vous lui direz la même chose.
21 Et vous ajouterez : Jacob, votre serviteur, vient aussi lui-même après nous. Car Jacob disait (a dit) : Je l’apaiserai par les présents qui vont devant moi ; et ensuite, quand je le verrai, peut-être me regardera-t-il favorablement.
22 Les présents marchèrent donc devant Jacob, et pour lui il demeura pendant cette nuit dans son camp.
23 Et s’étant levé de fort bonne heure, il prit ses deux femmes et leurs deux servantes, avec ses onze fils, et passa le gué du Jaboc.
[32.23 Le gué de Jaboc. Jaboc, sur la rive gauche du Jourdain, s’appelle aujourd’hui ouadi Zerka, le bleu, à cause de la couleur de ses eaux. Il se jette dans le Jourdain, entre le lac de Tibériade et la mer Morte, plus près de cette dernière. Il prend sa source à l’est du plateau de Galaad. Près de son embouchure, il n’est jamais à sec, et en hiver, il est souvent impossible de le passer à gué.]
24 Après avoir fait passer tout ce qui était à lui

Jacob à Peniel

25 il demeura seul en ce lieu-là. Et il parut en même temps un homme qui lutta contre lui jusqu’au matin.
[32.24 Un homme ; le prophète Osée (12, 4) lui donne le nom d’ange.]
26 Cet homme, voyant qu’il ne pouvait le surmonter, lui toucha le nerf de la cuisse, qui se sécha aussitôt.
27 Et il lui dit : Laisse-moi aller, car l’aurore commence déjà à paraître. Jacob lui répondit : Je ne vous laisserai point aller que vous ne m’ayez béni.
28 Cet homme lui demanda : Comment t’appelles-tu ? Il lui répondit : Je m’appelle Jacob.
29 Et le même homme ajouta : On ne te nommera plus à l’avenir Jacob, mais Israël ; car si tu as été fort contre Dieu, combien le seras-tu davantage contre les hommes ?
[32.28 On ne t’appellera plus, etc. c’est-à-dire : Tu ne t’appelleras plus seulement Jacob, tu t’appelleras aussi Israël. Ce dernier nom fut donné plus particulièrement à ses descendants, puisqu’ils ne furent connus que sous la dénomination d’Israélites.]
30 Jacob lui fit ensuite cette demande : Dites-moi, je vous prie, comment vous vous appelez. Il lui répondit : Pourquoi me demandes-tu mon nom ? Et il le bénit en ce même lieu.
31 Jacob donna le nom de Phanuel à ce lieu-là, en disant : J’ai vu Dieu face à face, et mon âme a été sauvée.
[32.31 Comme on l’a déjà remarqué plusieurs fois, par le mot âme les Hébreux entendaient souvent la personne, l’individu même. Comme c’était anciennement une opinion générale que l’on ne pouvait Dieu ou un ange sans en mourir, quelques interprètes supposent que le sens de ce passage est : J’ai vu le Seigneur, et cependant je n’en suis pas mort ; mais il est plus naturel de croire que Jacob voulait dire par là que Dieu l’avait délivré de la frayeur extrême qu’il avait de son frère Esaü, au-devant duquel il alla ensuite avec plus de confiance. ― Phanuel était probablement entre le Djébel Adjloun et le Djébel Djeloud.]
32 Aussitôt qu’il eut passé ce lieu qu’il venait de nommer Phanuel, il vit le soleil qui se levait, mais il se trouva boiteux (boitait) d’une jambe.
33 C’est pour cette raison que jusqu’aujourd’hui les enfants d’Israël ne mangent point du nerf des bêtes, se souvenant de celui qui fut touché en (du nerf qui se dessécha dans) la cuisse de Jacob, et qui demeura sans mouvement.

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