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Matthieu 15.3
Vigouroux


Le cœur humain

1 Alors des scribes et des pharisiens de Jérusalem s’approchèrent de Jésus, en disant :
[15.1 Voir Marc, 7, 1.]
2 Pourquoi Vos disciples violent-ils la tradition des anciens ? Car ils ne lavent pas leurs mains lorsqu’ils mangent du pain.
[15.2 Voir Marc, 7, 5. — Manger du pain ou manger le pain, dans la langue des Hébreux, signifie simplement prendre de la nourriture, faire un repas. — La tradition des anciens, c’est-à-dire des ancêtres, désigne les préceptes pour la plupart rituels qui, d’après les Juifs d’alors, avaient été donnés oralement par Moïse et transmis oralement jusqu’à eux soit pour expliquer la loi, soit pour la compléter. Ils y attachaient la même importance qu’à la loi écrite. Le précepte de laver les mains avant de manger était une addition à la loi écrite. Dans saint Marc, 7, 7, Jésus appelle cette tradition la tradition des hommes, par opposition avec la véritable loi de Dieu.]
3 Mais Jésus leur répondit : Et vous, pourquoi violez-vous le commandement de Dieu, à cause de votre tradition ? Car Dieu a dit :
4 Honore ton père et ta mère ; et : Que celui qui maudira son père ou sa mère soit puni de mort.
[15.4 Voir Exode, 20, 12 ; Deutéronome, 5, 16 ; Ephésiens, 6, 2 ; Exode, 21, 17 ; Lévitique, 20, 9 ; Proverbes, 20, 20. — Mourra de mort ; c’est-à-dire il mourra infailliblement, il sera puni de mort sans rémission. Dans la Bible, comme dans les auteurs profanes, ce genre de répétition a pour but de donner de la force et de l’énergie au discours.]
5 Mais vous, vous dites : Quiconque aura dit à son père ou à sa mère : Tout don que je fais à Dieu vous profitera, (satisfait à la loi)
6 ne sera pas tenu d’honorer son père ou sa mère (Et cependant il n’honore point son père et sa mère). Ainsi, vous avez annulé le commandement de Dieu par votre tradition.
7 Hypocrites, Isaïe a bien prophétisé de vous, quand il a dit :
8 Ce peuple M’honore des lèvres, mais son cœur est loin de Moi ;
[15.8 Voir Isaïe, 29, 13 ; Marc, 7, 6.]
9 ils Me rendent un culte inutile, enseignant des doctrines et des ordonnances humaines.
[15.9 Jésus-Christ veut censurer ici les commandements contraires à la loi de Dieu, comme l’oubli et la négligence des parents, sous prétextes que l’on donne à Dieu, ou au moins ceux qui ne conduisent nullement à la vraie piété, comme le lavement fréquent des mains, sans égard à la pureté du cœur.]
10 Puis, ayant appelé à Lui les foules, Il leur dit : Ecoutez et comprenez.
11 Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme ; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui souille l’homme.
[15.11 On abuse souvent de ces paroles pour autoriser la violation de l’abstinence prescrite par l’Eglise. Il est vrai que les viandes qui entrent dans le corps de l’homme ne peuvent souiller son âme ; mais le mépris des lois de l’Eglise établie par Jésus-Christ lui-même, la sensualité, voilà ce qui souille et rend coupable devant Dieu. C’est ainsi qu’Adam n’a pas été souillé par le fruit qui entra dans sa bouche, mais par sa désobéissance à la loi de Dieu.]
12 Alors les disciples, s’approchant, Lui dirent : Savez-vous que les pharisiens, en entendant cette parole, se sont scandalisés ?
13 Mais Il répondit : Toute plante que mon Père céleste n’a pas plantée sera déracinée.
[15.13 Voir Jean, 15, 2.]
14 Laissez-les : ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles ; or, si un aveugle conduit un aveugle, ils tombent tous deux dans la fosse.
[15.14 Voir Luc, 6, 39.]
15 Pierre, prenant la parole, Lui dit : Expliquez-nous cette parabole.
[15.15 Voir Marc, 7, 17.]
16 Et Jésus dit : Vous aussi, êtes-vous sans intelligence ?
17 Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche va dans le ventre, et est jeté dans un lieu secret ?
18 Mais ce qui sort de la bouche part du cœur, et c’est là ce qui souille l’homme.
19 Car c’est du cœur que sortent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les fornications, les vols, les faux témoignages, les blasphèmes.
20 Voilà les choses qui souillent l’homme ; mais manger sans s’être lavé les mains ne souille pas l’homme.

Jésus et la femme non juive

21 Etant parti de là, Jésus Se retira du côté de Tyr et de Sidon.
[15.21 Voir Marc, 7, 24. — Du côté de Tyr et de Sidon, villes de Phénicie, sur la Méditerranée, au nord de la Palestine.]
22 Et voici qu’une femme chananéenne, venue de ces contrées, s’écria, en Lui disant : Ayez pitié de moi, Seigneur, Fils de David ; ma fille est affreusement tourmentée par le démon.
23 Mais Il ne lui répondit pas un mot. Et les disciples, s’approchant de Lui, Le priaient, en disant : Renvoyez-la, car elle crie derrière nous.
[15.23 Jésus-Christ ne répondit rien à cette femme pour éprouver sa foi.]
24 Il répondit : Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël.
[15.24 Voir Matthieu, 10, 6 ; Jean, 10, 3. — Le Messie avait été envoyé pour sauver les nations aussi bien que les Juifs, mais il ne devait point prêcher au milieu d’elles ; cette mission était réservée à ses apôtres.]
25 Mais elle vint, et L’adora, en disant : Seigneur, secourez-moi.
26 Il répondit : Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens.
[15.26 Les Juifs traitaient les gentils de chiens, à cause de la corruption de leurs mœurs.]
27 Mais elle dit : Oui, Seigneur ; mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres.
28 Alors Jésus lui répondit : O femme, ta foi est grande ; qu’il te soit fait comme tu le veux. Et sa fille fut guérie à l’heure même.
29 Etant parti de là, Jésus vint près de la mer de Galilée ; et montant sur une montagne, Il S’y assit.
[15.29. Sur la montagne. Voir Matthieu, 14, 23. — La mer de Galilée. Voir la note 33 à la fin du volume.]
30 Alors des foules nombreuses s’approchèrent de Lui, ayant avec elles des muets, des aveugles, des boiteux, des estropiés et beaucoup d’autres malades ; et elles les jetèrent à Ses pieds, et Il les guérit :
[15.30 Voir Isaïe, 35, 5.]
31 de sorte que les foules étaient dans l’admiration, voyant les muets parler, les boiteux marcher, les aveugles voir ; et elles glorifiaient le Dieu d’Israël.

Multiplication des pains pour quatre mille hommes

32 Or Jésus, ayant appelé Ses disciples, leur dit : J’ai pitié de cette foule ; car il y a déjà trois jours qu’ils restent avec Moi, et ils n’ont rien à manger ; et Je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur qu’ils ne défaillent en chemin.
[15.32 Voir Marc, 8, 1.]
33 Les disciples Lui dirent : Comment donc trouverons-nous, dans ce lieu désert, assez de pains pour rassasier une si grande foule ?
34 Et Jésus leur dit : Combien avez-vous de pains ? Ils Lui dirent : Sept, et quelques petits poissons.
35 Alors Il ordonna à la foule de s’asseoir par terre.
36 Et prenant les sept pains et les poissons, et rendant grâces, Il les rompit, et les donna à Ses disciples ; et les disciples les donnèrent au peuple.
37 Tous mangèrent, et furent rassasiés ; et on emporta sept corbeilles, pleines des morceaux qui étaient restés.
38 Or ceux qui mangèrent étaient au nombre de quatre mille hommes, sans compter les enfants et les femmes.
39 Ayant ensuite renvoyé la foule, il monta sur une barque, et vint sur les confins de Magédan. [15.39 Magédan ou Magdala, comme porte le texte grec, aujourd’hui el-Medjdel, sur la rive occidentale du lac de Tibériade, à l’extrémité méridionale de la plaine de Génésareth, à une heure et quart environ au nord de Tibériade. On croit que c’est là qu’était née Marie-Madeleine et que c’est de Magdala qu’elle tirait son surnom.]

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