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Daniel 9.15
Vigouroux


Prière et confession de Daniel

1 La première année de Darius, fils d’Assuérus, de la race des Mèdes, qui régna sur l’empire (le royaume) des Chaldéens,
[9.1-27 3° Prophétie des 70 semaines d’années, chapitre 9. ― La troisième vision développe la prophétie messianique contenue dans les chapitres 2 et 7. La première année de Darius le Mède, Daniel pensait aux soixante-dix ans que devait durer la captivité, d’après la prophétie de Jérémie, et priait Dieu de pardonner ses péchés à son peuple. L’ange Gabriel lui apparaît alors, et lui annonce à quelle époque viendra le Messie. Daniel désirait connaître à quel moment finiraient les soixante-dix ans de la captivité ; Dieu lui révèle une délivrance bien plus importante, dont celle que Jérémie avait prédite n’était que la figure.] [9.1 Darius ; le même que celui qui est mentionné à Daniel, 5, 31.]
2 la première année de son règne, moi, Daniel, je compris, par les livres saints, d’après le nombre des années dont le Seigneur avait parlé au prophète Jérémie, que la désolation de Jérusalem devait durer (afin que fussent accomplis les) soixante-dix ans (de la désolation de Jérusalem).
[9.2 Les livres saints, les divines Ecritures, parmi lesquelles se trouvaient les prophéties de Jérémie. ― Les soixante-dix ans, etc. Voir Jérémie, 25, 11-12 ; 29, 10.]
3 Je tournai mon visage vers le Seigneur mon Dieu, pour le prier et le conjurer dans les jeûnes, le sac et la cendre.
4 Je priai le Seigneur mon Dieu, je lui fis cette confession (confessai mes fautes) et je dis : Je vous supplie, Seigneur, Dieu grand et terrible, qui gardez votre alliance et votre miséricorde envers ceux qui vous aiment et qui observent vos commandements.
[9.4 Voir 2 Esdras, 1, 5.]
5 Nous avons péché, nous avons commis l’iniquité, nous avons fait des actions impies, nous nous sommes éloignés et nous nous sommes détournés de vos commandements et de vos préceptes.
[9.5 Voir Baruch, 1, 17.]
6 Nous n’avons pas obéi à vos serviteurs les prophètes, qui ont parlé en votre nom à nos rois, à nos princes, à nos pères et à tout le peuple du pays.
7 A vous, Seigneur, est la justice, et à nous la confusion du visage, telle qu’elle est aujourd’hui pour les hommes de Juda, et pour les habitants de Jérusalem, et pour tout Israël, pour ceux qui sont près et pour ceux qui sont loin, dans tous les pays où vous les avez chassés, à cause des iniquités qu’ils ont commises contre vous.
8 Seigneur, à nous la confusion du visage, à nos rois, à nos princes et à nos pères, qui ont péché.
9 Mais vous, Seigneur notre Dieu, la miséricorde et la propitiation ; car nous nous sommes retirés de vous
10 et nous n’avons pas écouté la voix du Seigneur notre Dieu, pour marcher dans sa loi, qu’il nous avait prescrite par ses serviteurs les prophètes.
11 Tout Israël a transgressé votre loi et s’est détourné pour ne pas entendre votre voix ; et la malédiction (a distillé sur nous) et l’exécration qui est décrite dans le livre de Moïse, serviteur de Dieu, a découlé sur nous, parce que nous avons péché contre Dieu.
[9.11 Dans le livre de Moïse. Voir Lévitique, chapitre 26 ; Deutéronome, du chapitre 27 au chapitre 29.]
12 Et il a accompli les paroles qu’il avait prononcées contre nous et contre nos princes qui nous ont jugés, pour amener sur nous un grand mal(heur), tel qu’il n’en a jamais existé sous tout le ciel, et qui est arrivé à Jérusalem.
13 Selon qu’il est écrit dans la loi de Moïse, tous ces maux sont tombés sur nous, et nous n’avons pas supplié votre face, Seigneur notre Dieu, de manière à nous détourner de nos iniquités et à être attentifs à votre vérité.
[9.13 Votre vérité ; votre fidélité dans l’exécution de vos paroles, soit promesses, soit menaces.]
14 Aussi le Seigneur a veillé sur ce mal(heur), et il l’a amené sur nous. Le Seigneur notre Dieu est juste dans toutes les œuvres qu’il a faites, car nous n’avons pas écouté sa voix.
15 Et maintenant, Seigneur notre Dieu, qui avez tiré votre peuple du pays d’Egypte avec une main puissante, et qui vous êtes fait un nom tel qu’il est aujourd’hui, nous avons péché, nous avons commis l’iniquité.
[9.15 Voir Baruch, 2, 11 ; Exode, 14, 22.]

16 Seigneur, selon toute votre justice, je vous en conjure, que votre colère et votre fureur se détournent de votre ville de Jérusalem et de votre montagne sainte ; car, à cause de nos péchés et des iniquités de nos pères, Jérusalem et votre peuple sont en opprobre à tous ceux qui nous environnent.
17 Maintenant donc, écoutez, notre Dieu, les prières et les supplications de votre serviteur ; montrez votre face sur votre sanctuaire, qui est désert ; faites-le pour vous-même.
18 Abaissez, mon Dieu, votre oreille et écoutez ; ouvrez vos yeux, et voyez notre désolation et cette ville sur laquelle votre nom a été invoqué ; car ce n’est pas à cause de notre justice que nous vous présentons humblement nos prières, mais à cause de vos nombreuses (abondantes) miséricordes.
[9.18 Sur laquelle, etc. ; selon d’autres : Laquelle a été appelée de votre nom ; qui porte votre nom. Le texte hébreu est susceptible de ces deux sens.]
19 Exaucez(-nous), Seigneur ; apaisez-vous, Seigneur ; soyez attentif et agissez ; ne tardez pas, mon Dieu, pour vous-même, parce que votre nom a été invoqué sur cette ville et sur votre peuple.

Les 70 semaines

20 Comme je parlais encore et que je priais, et que je confessais mes péchés et les péchés d’Israël mon peuple, et que j’offrais humblement mes prières, en présence de mon Dieu, pour la montagne sainte de mon Dieu
21 comme je parlais encore dans ma prière, voici que l’homme Gabriel, que j’avais vu au commencement dans la vision, vola rapidement, et me toucha, au temps du sacrifice du soir.
[9.21 L’homme Gabriel. Voir Daniel, 8, 16.]
22 Il m’instruisit et il me parla, et il dit : Daniel, je suis venu maintenant pour t’instruire et pour que tu comprennes.
23 Dès le commencement de tes prières la parole est sortie, et je suis venu pour te l’annoncer, car tu es un homme de désirs ; sois donc attentif à mon discours, et comprends la vision.
[9.23 Un homme de désirs ; hébraïsme, pour un homme très désirable, très digne d’être aimé.]
24 Soixante-dix semaines ont été décrétées sur (abrégées pour) ton peuple et sur (pour) ta ville sainte, pour (afin) que la prévarication soit abolie, que le péché trouve sa fin, que l’iniquité soit effacée, que la justice éternelle soit amenée, que la vision et la prophétie soient accomplies, et que le saint des saints reçoive l’onction.
[9.24-27 Voici la traduction de cette importante prophétie d’après le texte original : « Soixante-dix semaines, dit-il, ont été fixées pour ton peuple et pour ta ville sainte, afin que la prévarication soit abolie, que le péché finisse et que l’iniquité soit effacée [par la mort de Jésus-Christ] ; afin que la justice éternelle [le Messie, voir Jérémie, 23, 6 ; 33, 16 ; Isaïe, 45, 8 ; 1 Corinthiens, 1, 30], vienne [sur la terre], que les visions et les prophéties soient accomplies [en Jésus-Christ qu’elles ont annoncé], et que le Saint des saints [le Verbe de Dieu fait chair] soit oint [ou rempli de la vertu du Saint-Esprit, voir Actes des Apôtres, 10, 38 ; Isaïe, 61, 1 ; Luc, 4, 18]. ― Sache-le donc et remarque-le bien : Depuis la publication de l’ordre qui sera donné pour rebâtir Jérusalem jusqu’au prince Messie [ou Christ], il y aura sept semaines, et soixante-deux semaines, et les places et les murailles de la ville seront rebâties dans des temps difficiles. Et après soixante-deux semaines, le Christ sera mis à mort, et le peuple qui doit le renier ne sera plus son peuple. Un peuple, avec son chef qui doit venir [Vespasien ou Titus, avec l’armée romaine], détruira la ville de Jérusalem et le sanctuaire ; elle finira par une ruine entière ; quand la guerre sera terminée, arrivera la désolation qui lui a été prédite. ― [Alors le Christ] fera une alliance ferme [et stable, comme l’avait prédit Jérémie, 31, 31], avec un grand nombre, [avec tous ceux qui voudront embrasser sa foi et participer ainsi à ses mérites, car il est mort pour tous], dans une semaine, [par l’effusion de son sang et la prédication de l’Evangile] ; et au milieu de la semaine, [quand le Messie sera immolé], les oblations et les sacrifices cesseront, [ils seront rendus inutiles et sans valeur par la mort de Jésus-Christ, de qui ils tiraient leur vertu]. Et l’abomination de la désolation sera dans le temple, et la désolation durera jusqu’à la consommation et à la fin. » Cette dernière partie de la prophétie est obscure dans le texte original. « L’hébreu à la lettre : Et sur l’aile, l’abomination de désolation, dit Calmet. Cette aile marque le temple, du consentement des anciens interprètes. On peut donner ce nom principalement au toit et à la hauteur du temple, voir Matthieu, 9, 5. L’abomination se vit dans le temple, lorsque les Romains l’ayant pris, y plantèrent leurs enseignes chargées des figures de leurs dieux et des images des Césars ; ou bien cette abomination marque les infamies, les meurtres et les autres sacrilèges qui furent commis dans ce lieu saint par les Juifs mêmes, pendant le dernier siège. Le Prophète ajoute que l’abomination y demeurera, usque ad consummationem et finem…, ou plutôt, suivant l’hébreu, jusqu’à la ruine déterminée, jusqu’à ce que le temple soit entièrement ruiné. C’est le sens le plus naturel ; les termes de l’orignal marquent ordinairement une perte entière et l’exécution des plus sévères jugements de Dieu. » Il faut remarquer que la profanation du temple par Antiochus est aussi prédite, voir Daniel, 11, 31, mais la profanation commise par le roi Séleucide n’est pas l’accomplissement de la prophétie que nous avons ici ; cette dernière se rapporte incontestablement aux temps messianiques. La profanation du temple par le roi syrien ne fut que partielle et temporaire, celle des Romains fut complète et définitive. Quant aux chiffres que nous donne cette prophétie, en voici la valeur : les soixante-dix semaines d’années font 490 ans. L’ange Gabriel les divise en trois parties  : la première est de sept semaines ou de 49 ans, après lesquels les murs de Jérusalem seront achevés ; la seconde est de soixante-deux semaines, ou 434 ans, à la fin desquels le Christ sera oint ; la troisième comprend la soixante-dixième semaine, au milieu de laquelle le Messie sera mis à mort. La détermination de ces dates n’est pas sans offrir des difficultés. La plupart des commentateurs font partir les soixante-dix semaines de l’édit d’Artaxerxès, vers l’an 445. Depuis cette date jusqu’à la 15e année de Tibère, qui est l’année du baptême du Notre-Seigneur, il s’est écoulé 475 ans ; nous arrivons ainsi à peu de chose près à la 70e semaine, au milieu de laquelle le Sauveur fut crucifié.] [9.24 Voir Jean, 1, 45. ― Soixante-dix, etc. ; c’est-à-dire, le temps de la captivité a été abrégé et réduit à soixante-dix semaines en faveur de ton peuple et de ta ville sainte. Ces soixante-dix semaines qui sont des semaines d’années (Comparer à Lévitique, 25, 8), et qui font quatre cent quatre-vingt-dix ans, se comptent depuis l’ordre donné par Artaxerxès Longuemain pour le rétablissement de Jérusalem. Cette prophétie de Daniel, qui commence à ce verset et se continue aux trois suivants, ne saurait avoir d’autre objet que le Messie, Jésus de Nazareth. Aussi le très petit nombre des interprètes, qui l’appliquent à Cyrus ou à Alexandre, a contre lui non seulement toute l’antiquité, mais encore la lettre même du texte sacré. ― La Vulgate porte : ont été abrégées ; mais abréger signifie ici, de même que le mot hébreu nekhtak, dont il est la traduction, trancher, arrêter, déterminer, fixer, comme à Isaïe, 10, 22, où consummatio abbreviata signifie un malheur total et déterminé. Ce n’est pas une prophétie conditionnelle et incertaine, mais sûre, qui s’accomplira au temps marqué.]
25 Sache donc et remarque. Depuis l’ordre donné pour rebâtir Jérusalem, jusqu’au Christ chef, il y aura sept semaines et soixante-deux semaines ; et les places et les murs seront rebâtis en des temps d’angoisse (difficiles).
26 Et, après soixante-deux semaines, le Christ sera mis à mort, et le peuple qui doit le renier ne sera plus à lui. Un peuple, avec un chef qui doit venir, détruira la ville et le sanctuaire ; et sa fin sera la ruine, et, après la fin de la guerre, viendra la désolation décrétée.
[9.26 Il ne sera pas son peuple. L’hébreu porte : Le Messie sera exterminé [ou retranché, mis à mort], et ce n’est pas lui. Ce dernier membre de phrase incomplet est diversement interprété, mais le sens le plus simple et le plus naturel est celui de notre Vulgate : Le peuple qui l’a renié n’est plus à lui.]
27 (Mais) Il confirmera l’alliance avec un grand nombre pendant (dans) une semaine, et, au milieu de la semaine, les victimes (l’oblation) et le sacrifice cesseront, l’abomination de la désolation sera dans le temple, et la désolation durera jusqu’à la consommation et jusqu’à la fin. [9.27 Voir Matthieu, 24, 15. ― La désolation. La fin de cette désolation fut une entière ruine commencée par Titus et achevée par Adrien. ― Pour suivre l’ordre des temps, il semble qu’il faut passer d’ici au chapitre 14, qui, ne se trouvant pas dans les exemplaires hébreux, a été renvoyé à la fin du livre dans les exemplaires grecs et latins.]

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