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Actes 17.10
Vigouroux


L’Évangile à Thessalonique et à Bérée

1 Après avoir traversé Amphipolis et Apollonie, ils vinrent à Thessalonique, où les Juifs avaient une synagogue.
[17.1 Amphipolis, ville de Macédoine sur le Strymon, qui l’entourait, colonie athénienne, métropole sous les Romains de la première subdivision de la Macédoine. — Apollonie, autre ville de Macédoine, dans le district de Mydonie, dédiée à Apollon, d’où elle tirait son nom. Elle était située entre Amphipolis et Thessalonique, à trente milles romains de la première et à trente-six milles de la seconde. — Thessalonique, métropole de la seconde partie de la Macédoine, port de mer sur le golfe Thermaïque, ville très peuplée et très florissante au temps de saint Paul. Elle tirait son nom de Thessalonica, sœur d’Alexandre-le-Grand et femme de Cassandre, qui l’avait bâtie.]
2 Selon sa coutume Paul entra auprès d’eux, et pendant trois jours de sabbat il discutait avec eux d’après les Ecritures
3 expliquant et démontrant qu’il avait fallu que le Christ souffrît et ressuscitât d’entre les morts ; et le Christ, disait-il, c’est Jésus que je vous annonce.
4 Quelques-uns d’entre eux crurent et se joignirent à Paul et à Silas, ainsi qu’une grande multitude de prosélytes et de païens, et beaucoup de femmes de qualité.
[17.4 Silas. Voir Actes des Apôtres, 15, 22.]
5 Mais les Juifs, devenus jaloux, prirent avec eux quelques hommes méchants de la populace, et ameutant la foule, ils troublèrent la ville ; et assaillant la maison de Jason, ils cherchaient Paul et Silas pour les mener devant le peuple.
[17.5 Jason était probablement le parent de saint Paul mentionné dans Romains, 16, 21.]
6 Mais ne les ayant pas trouvés, ils traînèrent Jason et quelques frères devant les magistrats de la ville, en criant : Ces hommes qui troublent la ville et qui sont venus ici
7 Jason les a reçus, et ils agissent tous contre les décrets de César, soutenant qu’il y a un autre roi, Jésus.
8 Ils excitèrent ainsi le peuple et les magistrats de la ville qui les écoutaient.
9 Mais ayant reçu caution de Jason et des autres, ils les laissèrent aller.
10 Aussitôt, pendant la nuit, les frères firent partir Paul et Silas pour aller à Bérée. Lorsqu’ils y furent arrivés, ils entrèrent dans la synagogue des Juifs.
[17.10 Bérée, ville de la troisième subdivision de la Macédoine, non loin de Pella, au pied du mont Bermius. Sosipatre, qui fut un des compagnons de saint Paul, était de Bérée, s’il est le même que Sopater d’Actes des Apôtres, 20, 4, comme cela est probable.]

11 Or ceux-ci étaient plus nobles de sentiments que ceux de Thessalonique ; ils reçurent la parole avec beaucoup d’avidité, examinant tous les jours les Ecritures, pour vérifier ce qu’on leur disait.
12 Beaucoup d’entre eux crurent, ainsi que des femmes grecques de qualité, et un grand nombre d’hommes.
13 Mais quand les Juifs de Thessalonique eurent appris que la parole de Dieu était aussi prêchée par Paul à Bérée, ils y vinrent aussi, soulevant et troublant la foule.
14 Alors les frères firent aussitôt partir Paul, pour qu’il allât jusqu’à la mer ; quant à Silas et Timothée, ils demeurèrent à Bérée.

L’Évangile à Athènes

15 Ceux qui conduisaient Paul le menèrent jusqu’à Athènes ; et après avoir reçu de lui, pour Silas et Timothée, l’ordre de venir au plus tôt auprès de lui, ils partirent.
[17.15 Athènes, la célèbre ville de l’Attique, faisait partie du temps de saint Paul de la province romain d’Achaïe ; mais c’était une ville libre, jouissant à ce titre de beaucoup de privilèges et en particulier de celui de diriger elle-même ses affaires intérieures. Il y avait à Athènes quatre collines, dont trois, au nord, formaient une espèce de demi-cercle : l’Acropole, à l’est, rocher d’environ 45 mètres de hauteur ; à l’ouest, l’Aréopage ou colline de Mars (Arès), moins élevé que l’Acropole, et ensuite le Pnyx où se tenaient les assemblées du peuple. La quatrième colline, appelée le Muséum, était au sud. L’agora ou place publique (verset 17) qui servait de lieu de réunion et de marché était dans la vallée entre les quatre éminences. Saint Paul fut pris de l’agora pour être conduit sur la colline de l’Aréopage (verset 19) où le grand tribunal auquel la colline donnait son nom tenait ses séances. Saint Paul est conduit sur la colline de l’Aréopage (non devant le tribunal pour y être jugé) afin d’exposer sa doctrine devant la multitude. Ces faits se passaient en l’an 53.]
16 Pendant que Paul les attendait à Athènes, son esprit était surexcité en lui-même, en voyant la ville livrée à l’idolâtrie.
17 Il disputait donc dans la synagogue avec les Juifs et les prosélytes, et tous les jours sur la place publique avec ceux qui s’y trouvaient.
[17.17 Prosélytes. Voir Actes des Apôtres, 2, 11.]
18 Quelques philosophes épicuriens et stoïciens discutaient avec lui ; et les uns disaient : Que veut dire ce discoureur ? et d’autres : Il semble annoncer de nouveaux dieux ; parce qu’il leur annonçait Jésus et la résurrection.
[17.18 Des dieux ; littéralement : des démons. Mais, sous le nom de démons, les Grecs entendaient des dieux à leur manière. — Quelques philosophes épicuriens et stoïciens. Les Epicuriens (disciples d’Epicure, né à Samos (341-270 avant Jésus-Christ), mais d’origine athénienne et ayant passé la plus grande partie de sa vie à Athènes), faisaient consister le bien moral dans le plaisir et croyaient que les dieux ne s’occupaient pas des hommes. Leur doctrine était donc en opposition complète avec l’Evangile. Les Stoïciens, ainsi appelés du portique (stoa en grec) où leur fondateur Zénon (IVe siècle avant Jésus-Christ) enseignait à Athènes, faisaient consister la sagesse dans la résignation et le mépris de la douleur. Leur enseignement favorisait l’orgueil et était ainsi en contradiction avec le christianisme.]
19 Et l’ayant pris, ils le menèrent à l’Aréopage, en disant : Pouvons-nous savoir quelle est cette nouvelle doctrine que tu enseignes ?
20 Car tu apportes à nos oreilles des choses nouvelles ; nous voulons donc savoir ce qu’elles signifient.
21 Or tous les Athéniens, et les étrangers qui demeuraient à Athènes, ne passaient leur temps qu’à dire ou à entendre quelque chose de nouveau.
22 Paul, au milieu de l’Aéropage, dit : Athéniens, en toutes choses je vous vois en quelque sorte religieux à l’excès.
23 Car en passant, et en regardant vos objets sacrés, j’ai trouvé aussi un autel sur lequel il était écrit : A un (Au) Dieu inconnu. Ce que vous adorez sans le connaître, moi je vous l’annonce.
[17.23 Pausanias, dans sa description d’Athènes, dit que l’autel au Dieu inconnu était près de Phalère où peut-être saint Paul avait débarqué.]
24 Dieu, qui a fait le monde et tout ce qu’il contient, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite point dans des temples bâtis par les hommes,
[17.24 Voir Genèse, 1, 1 ; Actes des Apôtres, 7, 48. — La divinité n’est point renfermée dans les temples, comme en ayant besoin pour sa demeure, ou pour d’autres usages, ainsi que les païens le croyaient. Mais, comme elle est présente en tout lieu, elle se trouve là, comme ailleurs.]
25 et il n’est pas servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous la vie, la respiration, et toutes choses.
26 Il a fait naître d’un seul toute la race des hommes, pour habiter sur la face entière de la terre, ayant fixé des temps précis, et les limites de l’habitation des peuples
27 afin qu’ils cherchent Dieu, et qu’ils tâchent de le toucher et de le trouver, quoiqu’il ne soit pas loin de chacun de nous.
28 Car c’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être ; et comme quelques-uns de vos poètes l’ont dit : Nous sommes aussi de sa race.
[17.28 Quelques-uns de vos poètes, Aratus, poète cilicien, compatriote de saint Paul, et Cléante, disciple de Zénon. Ces deux poètes vivaient au troisième siècle avant Jésus-Christ.]
29 Etant donc de la race de Dieu, nous ne devons pas croire que la Divinité est semblable à de l’or, à de l’argent, ou à de la pierre, sculptés par l’art et l’industrie des hommes.
30 Mais Dieu, ne tenant pas compte de ces temps d’ignorance, annonce maintenant aux hommes qu’ils aient tous et partout à faire pénitence ;
31 parce qu’il a fixé le (un) jour où il doit juger le monde selon l’équité, par l’homme qu’il a établi, et qu’il a accrédité auprès de tous, en le ressuscitant d’entre les morts.
32 Mais lorsqu’ils entendirent parler de la résurrection des morts, les uns se moquèrent, et les autres dirent : Nous t’entendrons sur ce point une autre fois.
33 C’est ainsi que Paul sortit du milieu d’eux.
34 Quelques hommes cependant se joignirent à lui et devinrent croyants ; entre autres Denis, membre de l’Aéropage, une femme nommée Damaris, et d’autres avec eux. [17.34 Denys l’aréopagite, c’est-à-dire juge au tribunal de l’Aréopage, selon la tradition de l’Eglise, devint le premier évêque de Paris et fut martyrisé à Montmartre. — Damaris. La mention qui est faite ici d’elle prouve qu’elle était de haut rang. On a supposé sans preuve que c’était la femme de Denys l’Aréopagite.]

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