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L’Éternel et les idoles
1 Et maintenant écoute, Jacob mon serviteur, et toi Israël que j’ai choisi. [44.1 Voir Jérémie, 30, 10 ; 46, 27.] 2 Voici ce que dit le Seigneur qui t’a fait, qui t’a formé, et qui est ton soutien depuis le sein de ta mère : Ne crains pas, mon serviteur Jacob, mon (et toi le très) juste que j’ai choisi. [44.2 Le très juste (rectissime). La Vulgate a rendu (voir Deutéronome, 32, 15) le même mot hébreu par bien-aimé (dilectus), et c’est ainsi que l’ont traduit les Septante dans les deux endroits. La racine hébraïque à laquelle on attache généralement l’idée de justice, de droiture, signifie, selon nous, être heureux, fortuné. Dans tous les cas, c’est un nom propre symbolique qui s’applique au peuple d’Israël.] 3 Car je répandrai des eaux sur le (un) sol altéré, et des fleuves sur la terre desséchée ; je répandrai mon esprit sur ta race et ma bénédiction sur ta postérité ; 4 et ils (elles) germeront parmi les herbes, comme les saules auprès des eaux courantes. 5 L’un dira : Je suis au Seigneur ; l’autre (celui-là) se réclamera du nom de Jacob ; un autre écrira de sa main : Au Seigneur, et il se glorifiera du (sera assimilé, par le) nom (, à) d’Israël. [44.5 Et par le nom, etc. ; il se fera honneur de porter le nom d’Israël.] 6 Voici ce que dit le Seigneur, le roi d’Israël, et son rédempteur, le Seigneur des armées : Je suis le premier, et je suis le dernier, et il n’y a pas de Dieu hors de moi. [44.6 Voir Isaïe, 41, 4 ; 48, 12 ; Apocalypse, 1, vv. 8, 17 ; 22, 13. ― 5e Discours : Contraste entre Dieu et les idoles, chapitre 44, versets 6 à 23. Le prophète nous montre la grandeur du vrai Dieu qu’il met en opposition avec la vanité des dieux ridicules des gentils. ― Israël doit se confier en Dieu, parce qu’il lui annonce à l’avance ce qu’il se propose de faire, versets 6 à 8 ; tandis que les dieux des gentils trompent leurs adorateurs, parce qu’ils ne sont que de vaines images, œuvres des hommes, versets 9 à 17 ; l’aveuglement des païens peut seul fermer les yeux sur le néant de leurs divinités, versets 18 à 20. Puisse Israël, lui du moins, comprendre que l’idolâtrie n’est qu’un mensonge, et servir le Seigneur qui l’aime et lui pardonne ses péchés, versets 21 à 23 ! ― Le tableau de la vanité des idoles est un morceau littéraire achevé.] 7 Qui est semblable à moi ? Qu’il parle et qu’il prophétise, et qu’il m’expose par ordre ce que j’ai fait depuis que j’ai établi ce peuple antique ; qu’il prédise l’avenir et ce qui doit arriver. [44.7 Qu’ils, etc. ; que les faux dieux annoncent et exposent par ordre à leurs adorateurs le passé et l’avenir.] 8 Ne craignez pas, et ne vous troublez pas : depuis longtemps je te l’ai fait savoir (entendre), et je te l’ai annoncé ; vous êtes mes témoins. Y a-t-il un autre Dieu que moi, et un créateur que je ne connaisse pas ? 9 Tous les fabricants d’idoles ne sont rien, et leurs œuvres si chères ne leur serviront de rien. Ils sont eux-mêmes témoins qu’elles ne voient pas et ne comprennent pas, afin qu’ils soient confondus. 10 Qui est-ce qui forme un dieu, et qui fond une statue qui n’est bonne à rien ? 11 Tous ceux qui ont part à ce travail seront confondus, car ces artisans ne sont que des hommes ; (qu’)ils s’assemble(ro)nt tous, et (qu’)ils se présente(ro)nt, et tous ensemble ils seront effrayés et seront couverts de honte. 12 Le forgeron (a) travaille(é) avec sa (une) lime, il façonne le fer (a formé l’idole) avec le charbon(s) (ardents) et le marteau ; il travaille de (toute la force de) son bras (vigoureux) : il aura faim jusqu’à n’en pouvoir plus, il aura soif et il sera épuisé. [44.12 Voir Sagesse, 13, 11. ― Au moyen, etc. ; c’est-à-dire qu’il met le fer dans le feu. ― Son bras vigoureux ; ou très vigoureux ; littéralement, et par hébraïsme, le bras de sa force.] 13 Le charpentier étend sa (sculpteur en bois a étendu la) règle, il façonne le bois (a formé l’idole) avec le rabot, il le dresse à l’équerre, il lui donne ses traits avec le compas, et il fait l’image d’un homme, comme (représentant) un bel homme qu’il placera (habitant) dans une maison. 14 Il abat des cèdres, il prend une yeuse ou (un chêne vert et) un chêne, qui était debout parmi les arbres de la forêt, il (a) plante(é) un pin que la pluie fait croître. 15 Ces arbres servent à l’homme pour brûler (le feu) ; il en prend (lui-même) et il se chauffe, il en met au feu pour cuire du pain ; et de ce qui reste il fait un dieu, et l’adore ; il en fait une image (taillée au ciseau) devant laquelle il se prosterne. [44.15 Les hommes, etc. ; littéralement elle est devenue (facta est) aux hommes par le feu. Ce féminin singulier se rapporte vraisemblablement au substantif pin (pinum), qui en latin est féminin. Dans les textes hébreu et grec, le verbe est également au singulier. ― Lui-même ; c’est-à-dire le sculpteur dont il est parlé dans les versets précédents.] 16 Il brûle au feu la moitié de ce bois, et de l’autre moitié il fait cuire sa viande, il prépare ses aliments, et se rassasie ; il se chauffe et dit : Bon, (Ah !) j’ai chaud (je me suis chauffé), je vois la flamme ; 17 et avec le reste il se fait un dieu et une idole devant laquelle il se prosterne, qu’il adore et qu’il prie, en disant : Délivre-moi, car tu es mon dieu. 18 Ils ne connaissent (n’ont pas su) et ne comprennent rien (n’ont pas compris) ; leurs yeux sont couverts, de sorte qu’ils ne voient pas, et que leur cœur ne comprend pas. 19 Ils ne rentrent pas en eux-mêmes, ils ne réfléchissent pas, et ils n’ont pas le bon (assez de) sens de (pour) dire : J’en ai brûlé la moitié au feu, et j’ai cuit des pains sur ses charbons ; j’ai fait cuire de la viande, que j’ai mangée, et avec le reste je ferais(-je) une idole ! (?) Je me prostern(er)ais(-je) devant un tronc d’arbre ! 20 Une partie est réduite en cendre ; son (un) cœur insensé adore l’autre (idole), et il ne sauve(ra) pas son âme, en disant : C’est sans doute un mensonge qui est dans ma main.
Retour d’Israël chez lui
21 Souviens-toi de ceci, Jacob et Israël, parce que tu es mon serviteur, je t’ai formé ; tu es mon serviteur, Israël, ne m’oublie pas. 22 J’ai effacé tes iniquités comme une nuée, et tes péchés comme un nuage (une vapeur) : reviens à moi, car je t’ai racheté. [44.22 Comme un nuage et comme un vapeur ; sont dissipés et disparaissent.] 23 Cieux, louez le Seigneur, parce qu’il a fait miséricorde ; extrémités de la terre, soyez dans l’allégresse ; montagnes, forêts avec tous vos arbres, faites retentir des louanges, parce que le Seigneur a racheté Jacob, et qu’il a manifesté sa gloire en Israël (se glorifiera). 24 Voici ce que dit le Seigneur qui t’a racheté (ton rédempteur), et qui t’a formé dès le sein de ta mère : Je suis le Seigneur qui fais tout, qui ai étendu seul les cieux, qui ai affermi la terre sans que personne ne m’aidât (est avec moi) ; [44.24 et suivants. 6e Discours : Cyrus, l’oint de Jéhovah, libérateur d’Israël, du chapitre 44, verset 24 au chapitre 45. Les promesses deviennent plus précises, le Prophète annonce par son nom le futur libérateur d’Israël, Cyrus. ― Dieu, qui a tout crée et qui sait tout, veut tenir ses promesses, relever Jérusalem, ouvrir Babylone au conquérant, à Cyrus, son oint, qui sera son instrument et le restaurateur de la ville sainte, chapitre 44, versets 24 à 28. A la force irrésistible de ses armes, on verra qui l’envoie : Cyrus ne connaissait pas Jéhovah, mais Jéhovah l’a pris à son service, afin que les gentils reconnaissent sa puissance divine et que la bénédiction céleste descende sur terre, chapitre 45, versets 1 à 8. Israël doit donc se soumettre au Seigneur, se confier en lui et ne pas redouter Cyrus, car il est l’instrument de son salut, versets 9 à 13, celui qui doit exécuter ses vengeances contre les païens et faire reconnaître sa divinité, verset 14. Israël reconnaît son Dieu, versets 15 à 17. La promesse s’accomplira, les gentils confesseront Dieu, versets 18 à 21, car tous les peuples doivent le servir et être rendus heureux par lui, versets 22 à 26.] [44.24 Et nul n’est avec moi ; pour faire ces choses avec moi.] 25 j’annule les prodiges des devins, je rends les augures insensés (jetant les magiciens dans la fureur), je renverse l’esprit des sages, et je change leur science en folie ; [44.25 Dans la fureur (in furorem) ; ou dans l’aveuglement. ― Faisant tourner en arrière ; c’est-à-dire couvrant de confusion, comme la Vulgate elle-même a traduit l’expression hébraïque correspondante dans 3 Rois, 2, vv. 16, 20. ― Rendant, etc. ; convainquant leur vaine science de folie.] 26 je confirme (suscitant) la parole de mon (son) serviteur, et j’accomplis les oracles (conseils) de mes envoyés ; je dis à Jérusalem : Tu seras habitée ; et aux villes de Juda : Vous serez rebâties, et je relèverai leurs ruines (et à ses déserts, je donnerai la vie). [44.26 Son serviteur, ses messagers, ses déserts. C’est ce que portent l’hébreu et les Septante aussi bien que la Vulgate. Ne sachant à qui se rapportent les pronoms son, ses, plusieurs traducteurs ont changé le texte sacré, et ont mis mon, mes. Pour nous, nous n’avons pas cru que ce fût un motif suffisant de changer le texte sacré. ― Je donnerai la vie (suscitabo) aux déserts ; en les peuplant d’habitants.] 27 Je dis à l’abîme : Dessèche-toi, (Sois détruit, et) je tarirai tes fleuves. 28 Je dis à Cyrus : Tu es mon pasteur, et tu accompliras toute ma volonté. Je dis à Jérusalem : Tu seras rebâtie (édifiée) ; et au temple : Tu seras fondé. [44.28 Cyrus ; roi de Perse, est nommé par son propre nom plus de cent ans avant sa naissance, ce qui prouve jusqu’à l’évidence l’inspiration divine du prophète Isaïe. ― Mon pasteur. Le nom de pasteur que Dieu donne à Cyrus prouve sa qualité de roi ; car les anciens donnaient le titre de pasteur aux princes ; c’est l’épithète ordinaire qu’Homère leur donne. Sous ce rapport encore, Cyrus est la figure de Jésus-Christ, le pasteur par excellence. ― C’est ce verset et le suivant, que les Juifs montrèrent à Cyrus, à la fin de la captivité, d’après le témoignage de Josèphe, ce qui le détermina à leur permettre de retourner en Palestine. Le nom de Cyrus signifie, d’après Ctésias et autres, soleil. Il paraît venir de la même racine, mais il ne se confond pas avec le nom du soleil, qui est, en zend, hvaré (karé), d’où l’on a tiré des noms propres comme Charsid, qui signifie éclat du soleil ou soleil. Sur les monuments, le nom de Cyrus est écrit Kuru ou Khuru ; ainsi on lit sur son tombeau : Adam K’ur’us Khsâyathiya Hakkâmanisiya. « Je suis Cyrus, le roi, l’Achéménide. » Son nom est identique avec celui du fleuve Kur. Voir Strabon, XV, 3, 6.]