/   /   /  Psaume 103:9     

Psaumes 103.9
Vigouroux


Hymne de louange

1 De David (lui-même).
Mon âme, bénis le Seigneur. Seigneur mon Dieu, vous avez fait paraître magnifiquement votre grandeur. Vous vous êtes revêtu de majesté et de splendeur (avez revêtu la louange et l’honneur),
[103 Ce psaume contient, des œuvres du Créateur, une magnifique description qui rappelle le premier chapitre de la Genèse, et une exhortation à louer l’auteur de ces merveilles. ― « Qu’il nous soit permis d’indiquer dans les hymnes que [renferme] le livre des Psaumes, une de celles que nous regardons comme les modèles parfaits de ces sortes de composition : c’est le Psaume 103, que l’on pourrait appeler l’hymne de la création. Qu’on le lise : qu’on lise ensuite tout ce qui a été écrit de plus estimé sur cette matière si souvent traitée, en prose et en vers, depuis Hésiode jusqu’à Ovide, depuis Cicéron et Pline jusqu’à Buffon, et nous ne craignons pas qu’on puisse ensuite en citer qui soit du ton et de la hauteur de ce psaume. » (GATIEN ARNOULT.) ― « Les tableaux répandus dans la Bible, dit Châteaubriand, peuvent servir à prouver doublement que la poésie descriptive est née, parmi nous, du Christianisme. Job, les Prophètes, l’Ecclésiaste, et surtout les Psaumes, sont remplis de descriptions magnifiques. Le psaume Benedic. anima mea, est un chef-d’œuvre dans ce genre… Horace et Pindare sont restés bien loin de cette poésie. » ― « On peut dire, écrit Alexandre de Humboldt, que le 103e psaume est à lui seul une esquisse du monde. » Le Seigneur, revêtu de lumière, a étendu le ciel comme un tapis. Il a fondé la terre sur sa propre solidité, en sorte qu’elle ne vacillât pas dans toute la durée des siècles. Les eaux coulent du haut des montagnes dans les vallons, aux lieux qui leur ont été assignées, afin que jamais elles ne passent les bornes prescrites, mais qu’elles abreuvent tous les animaux des champs. Les oiseaux du ciel chantent sous le feuillage. Les arbres de l’Eternel, les cèdres que Dieu lui-même a plantés, se dressent pleins de sève. Les oiseaux y font leur nid, et l’autour bâtit son habitation sur les sapins. » Dans le même psaume est décrite la mer « où s’agite la vie d’êtres sans nombre. Là passent les vaisseaux et se meuvent les monstres que tu as créés, ô Dieu, pour qu’ils s’y jouent librement. » L’ensemencement des champs, la culture de la vigne qui réjouit le cœur de l’homme, celle de l’olivier, y ont aussi trouvé place. Les corps célestes complètent ce tableau de la nature. « Le Seigneur a créé la lune pour mesurer le temps, et le soleil connaît le terme de sa course. Il fait nuit : les animaux se répandent sur la terre, les lionceaux rugissent après leur proie et demandent leur nourriture à Dieu. Le soleil paraît : ils se rassemblent et se réfugient dans leurs cavernes, tandis que l’homme se rend à son travail et fait sa journée jusqu’au soir. » On est surpris, dans un poème lyrique aussi court, de voir le monde entier, la terre et le ciel, peints en si grands traits : à la vie confuse des éléments est opposée l’existence calme et laborieuse de l’homme, depuis le lever du soleil jusqu’au moment où le soir met fin à ses travaux. Ce contraste, ces vues générales sur l’action réciproque des phénomènes, ce retour à la puissance invisible et présente qui peut rajeunir la terre ou la réduire en poudre, tout est empreint d’un caractère sublime. »] [103.1 Louange ; c’est ici le vrai sens du mot confessionem de la Vulgate, ainsi que du texte correspondant des Septante : l’hébreu porte majesté.] [103.1-4 Eloge de l’œuvre du premier et du second jours de la création.]
2 enveloppé de lumière comme d’un vêtement. Vous étendez le ciel comme une tente ;
[103.2 Couvert de lumière. Voir 1 Timothée, 6, 16. ― Tente ; littéralement peau. Chez les Hébreux, la tente ne se composait, dans l’origine, que de peaux de bêtes que l’on étendait sur des perches fortement fixées en terre, pour que la tente pût résister à la violence du vent.]
3 vous couvrez d’eaux les parties supérieures ; vous montez sur les nuées, et vous marchez sur les ailes des vents ;
[103.3 Sa partie ; c’est-à-dire la partie du ciel, exprimée dans le verset précédent. Le Psalmiste fait allusion à ce qui est dit dans Genèse, 1, 7.]
4 vous faites de vos anges des vents (rapides), et de vos ministres un feu brûlant.
[103.4 Voir Hébreux, 1, 7. ― Qui faites, etc. ; qui donnez à vos anges la rapidité des vents et à vos ministres l’ardeur des flammes.]
5 Vous avez fondé la terre sur sa base (solide), elle ne sera jamais renversée.
[103.5-9 Formation de la terre.]
6 L’abîme l’enveloppe comme un vêtement ; les (des) eaux s’élève(ro)nt au-dessus des montagnes.
[103.6 L’abîme, la mer. Description de l’état de la terre avant que les eaux et l’aride ou la terre ferme fussent séparées.]
7 Mais devant votre menace (réprimande) elles fuiront ; la voix de votre tonnerre les épouvantera.
8 Les (Des) montagnes s’élèvent, et les (des) vallées descendent au lieu que vous leur avez fixé.
9 Vous leur avez prescrit des bornes qu’elles ne passeront point, et elles ne reviendront pas couvrir la terre.
10 Vous faites jaillir les (des) sources (fontaines) dans les vallées ; les eaux s’écoule(ro)nt entre les montagnes.
[103.10-14a Production des sources, des animaux et des plantes.]
11 Toutes les bêtes des champs s’y abreuve(ro)nt ; les ânes sauvages soupire(ro)nt après elles dans leur soif.
[103.11 L’onagre, demeurant les déserts les plus reculés, et par conséquent plus exposé à souffrir la soif qu’aucun autre animal moins sauvage.]
12 Au-dessus d’elles habite(ro)nt les oiseaux du ciel ; ils f(er)ont entendre leurs voix du milieu des rochers.
13 Vous arrosez les montagnes des eaux qui tombent d’en haut (avec les eaux supérieures du ciel) ; la terre sera rassasiée du fruit de vos œuvres.
[103.13 Avec les eaux supérieures du ciel ; littéralement avec ses eaux supérieures ; or le pronom ses (suis) se rapporte à ciel, qui est exprimé au verset précédent. Comparer au verset 3.]
14 Vous faites croître l’herbe (du foin) pour les bêtes, et les plantes (de l’herbe) pour l’usage de l’homme. Vous faites sortir le pain de la terre,
[103.14b-18 Les trois principales productions nourricières (céréales, vin et huile) ; les pluies qui fécondent la terre et les animaux qui habitent les montagnes.] [103.14 De l’herbe (herbam), l’hébreu signifie légume, plante nourrissante.]
15 et le vin qui réjouit le cœur de l’homme. Vous lui donnez l’huile, pour qu’elle répande la joie sur son visage ; et le pain, pour qu’il fortifie son cœur.
[103.15 Avec l’huile. Les anciens croyaient que les onctions d’huile faites sur le corps étaient presque aussi nécessaires que la nourriture.]
16 Les arbres de la campagne se rassasient, aussi bien que les cèdres du Liban, qu’il a plantés.
17 C’est là que les oiseaux font leurs nids. La demeure (nid) du héron domine les autres (est le premier de tous).
[103.17 Le nid ; littéralement la maison. ― Et le premier de tous. Le héron niche plus tôt que tous les autres oiseaux ; et il fait son nid sur les plus hauts arbres. ― L’hébreu porte au lieu de : le nid du héron est le premier de tous, « les cyprès sont la maison (ou la demeure) de la cigogne. »]
18 Les hautes montagnes sont (servent de retraite) pour les cerfs, et les rochers pour les hérissons.
19 Il a fait la lune pour marquer les temps ; le soleil connaît l’heure de son coucher.
[103.19 Il a fait la lune, etc. Ce sont, en effet, les différentes phases de la lune qui ont fourni aux premiers hommes l’occasion de déterminer les mois et les années. Comparer à Ecclésiastique, 43, 6.] [103.19-23 Les astres.]
20 Vous avez répandu les ténèbres, et la nuit est venue ; c’est alors (durant la nuit) que toutes les bêtes de la forêt se mettent en mouvement.
21 Les petits des lions rugisse(ro)nt après leur proie, et demande(a)nt à Dieu leur nourriture.
22 Le soleil se lève (s’est levé), et ils se rassemblent (sont rassemblés), et vont se coucher dans leurs tanières.
23 L’homme sort pour son ouvrage et pour son travail jusqu’au soir.
24 Que vos œuvres sont grandes (magnifiques), Seigneur ! Vous avez fait toutes choses avec sagesse ; la terre est toute remplie de vos biens.
[103.24-26 Les habitants des mers.]
25 Voici la vaste mer, aux bras immenses (et spacieuse des deux côtés) : là sont les reptiles sans nombre, les (des) animaux grands et petits.
[103.25 Des deux côtés ; c’est-à-dire par sa longueur et sa largeur. Le terme hébreu que la Vulgate a rendu par mains (manibus) signifie aussi côtés ; et comme il est ici au duel, il ne peut avoir d’autre sens que celui que nous lui avons donné dans notre traduction. ― Reptiles ; c’est-à-dire poissons. Comparer à Genèse, 1, 20.]
26 C’est là que passent les navires, ce monstre (dragon) que vous avez formé pour s’y jouer.
[103.26 Ce dragon, en hébreu, Léviathan, mot qui désigne ordinairement ordinairement le crocodile, mais qui signifie ici un grand cétacé.]
27 Tous attendent de vous que vous leur donniez leur nourriture en son (au) temps (voulu).
[103.27-30 Dieu donne la nourriture et la vie.]
28 Lorsque vous la leur donnez, ils la recueille(ro)nt ; lorsque vous ouvrez votre main, ils s(er)ont tous remplis de vos biens.
29 Mais si vous détournez votre visage, ils seront troublés ; vous leur retirerez le souffle, et ils tomberont en défaillance (périront) et retourneront dans leur poussière.
30 Vous enverrez votre souffle (esprit), et ils seront créés, et vous renouvellerez la face de la terre.
31 Que la gloire du Seigneur soit célébrée à jamais ; le Seigneur se réjouira dans ses œuvres.
[103.31-35 Gloire à Dieu pour toutes ses merveilles.]
32 Il (Lui qui) regarde la terre et la fait trembler ; il touche les montagnes et elles fument.
[103.32 Qui touche les montagnes, etc. Comparer à Exode, 19, 18.]
33 Je chanterai le Seigneur toute ma vie ; je célébrerai (jouerai du psaltérion en l’honneur de) mon Dieu tant que je serai.
[103.33 Voir Psaumes, 145, 2.]
34 Puissent mes paroles lui être agréables ; pour moi je me délecterai (mettrai mes délices) dans le Seigneur.
35 Que les pécheurs et les impies (hommes iniques) disparaissent de la terre, en sorte qu’ils ne soient plus. Mon âme, bénis le Seigneur. (Alleluia). [103.35 Bénis, mon âme, le Seigneur. Ces paroles sont la répétition du refrain initial, verset 1.]

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