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2 Samuel 14.18
Vigouroux


Retour d’Absalom

1 (Mais) Joab, fils de Sarvia, ayant reconnu que le cœur du roi se rapprochait d’Absalom
2 fit venir de Thécua une femme habile, et il lui dit : Fais semblant d’être dans l’affliction ; prends un vêtement de deuil, et ne te parfume point, afin que tu paraisses comme une femme qui pleure un mort depuis longtemps.
3 Ensuite tu te présenteras au roi, et tu lui tiendras tels et tels discours. Et Joab lui mit dans la bouche les paroles qu’elle devait dire.
4 Cette femme de Thécua s’étant donc présentée au roi, se jeta à terre devant lui, se prosterna, et lui dit : O roi, sauvez-moi. (!)
5 Le roi lui dit : Que demandes-tu (as-tu) ? Elle lui répondit : Hélas ! je suis une femme veuve ; car mon mari est mort.
6 (Or) Votre servante avait deux fils, et ils se sont querellés dans les champs, où il n’y avait personne qui pût les séparer ; et l’un d’eux a frappé l’autre, et l’a tué.
7 Et maintenant tous les parents se soulèvent contre votre servante, et disent : Donne-nous celui qui a tué son frère, afin que nous le fassions périr pour la vie de son frère qu’il a tué, et que nous détruisions l’héritier. Ainsi ils veulent éteindre l’étincelle qui me reste, pour ne laisser à mon mari ni nom ni survivant sur la terre.
8 Le roi dit à cette femme : Retourne chez toi ; je donnerai des ordres à ton sujet.
9 Elle lui répondit : Seigneur roi, s’il y a en ceci de l’injustice, qu’elle retombe sur moi et sur la maison de mon père ; mais que le roi et son trône soit innocent.
10 Et le roi dit : Si quelqu’un parle contre toi, amène-le-moi, et sois sûre qu’il ne te troublera plus.
11 Elle dit encore : Je vous conjure par le Seigneur votre Dieu d’empêcher que les parents ne s’élèvent l’un après l’autre, pour venger par la mort de mon fils le sang de celui qui a été tué. Le roi lui répondit : Vive le Seigneur (vit) ! il ne tombera pas à terre un seul cheveu de la tête de ton fils.
[14.11 Les proches du sans, étaient les plus proches parents, qui, selon la loi, étaient les vengeurs obligés du sang versé.]
12 Et la femme ajouta : Permettez à votre servante de dire encore un mot. Parle, dit le roi.
13 La femme lui dit : Pourquoi pensez-vous de la sorte à l’égard du peuple de Dieu, et pourquoi le roi a-t-il prononcé cette parole, de manière à pécher en ne rappelant pas son fils qu’il a banni ?
[14.13 Contre le peuple de Dieu. Le peuple aimait Absalom, et le regardait comme héritier naturel du trône. ― Et pourquoi le roi, etc. ; ce qui signifie : Pourquoi le roi m’a-t-il parlé de manière à tomber en faute, puisque d’un côté, il m’accorde la grâce de mon fils, meurtrier de son frère, et que de l’autre, il refuse à son peuple le retour d’Absalom, qui n’est pas plus coupable que mon fils ?]
14 Nous mourons tous, et nous nous écoulons sur la terre comme des eaux qui ne reviennent plus ; et Dieu ne veut pas qu’une âme périsse, mais il diffère l’exécution de son arrêt, de peur que celui qui a été rejeté ne se perde entièrement.
[14.14 Voir Ezéchiel, 18, 32 ; 33, 11.]
15 C’est pourquoi je suis venue dire cette parole à mon seigneur le roi devant le peuple, et votre servante a dit : Je parlerai au roi, pour voir si le roi exaucera en quelque manière la prière de sa servante.
[14.16 Le roi a écouté, pour délivrer sa servante ; hyperbate, pour : Le roi a écouté sa servante pour la délivrer.]
16 Le roi a déjà écouté sa servante, pour la délivrer elle et son fils de la main de tous ceux qui voulaient les exterminer de l’héritage du Seigneur.
17 Permettez donc à votre servante de parler encore, afin que ce que le roi mon seigneur a ordonné, s’exécute comme un sacrifice promis à Dieu. Car le roi mon seigneur est comme un ange de Dieu, qui n’est touché ni des bénédictions ni des malédictions. C’est pourquoi le Seigneur votre Dieu est avec vous.
[14.17 S’accomplisse comme un sacrifice promis à Dieu ; ou bien : devienne comme un sacrifice agréable à Dieu. ― Qu’il ne s’émeut, etc. ; qui ne se laisse ébranler ni par les éloges, ni par le blâme des hommes.]
18 Alors le roi dit à cette femme : Je te demande une chose ; avoue-moi la vérité (ne me cache point la chose que je te demande). La femme lui répondit : Parlez, mon seigneur le roi.
19 Et le roi dit : La main de Joab n’est-elle pas en tout cela ? La femme répondit : Mon seigneur le roi, je vous jure par votre vie, que Dieu conserve, que rien n’est plus véritable que ce que vous dites ; car c’est votre serviteur Joab qui m’a donné cet ordre, et qui a mis dans la bouche de votre servante tout ce que je viens de dire.
20 C’est lui qui m’a commandé de vous parler ainsi en parabole. Mais vous, monseigneur le roi, vous êtes sage comme l’est un ange de Dieu, et vous pénétrez tout ce qui se fait sur la terre.
21 Le roi dit donc à Joab : Je t’accorde la grâce que tu me demandes ; va, et fais revenir mon fils Absalom.
22 Alors Joab, tombant le visage contre terre, se prosterna, bénit le roi, et lui dit : Monseigneur le roi, votre serviteur reconnaît aujourd’hui qu’il a trouvé grâce devant vous ; car vous avez accompli sa parole.
23 Joab partit donc, et s’en alla à Gessur, d’où il amena Absalom à Jérusalem.
24 Mais le roi dit : Qu’il retourne dans sa maison, mais il ne me verra point. Absalom revint donc dans sa maison, et il ne vit point le roi.
25 Or il n’y avait pas d’homme dans tout Israël qui fût si bien fait ni si beau qu’Absalom ; depuis la plante des pieds jusqu’à la tête il n’y avait pas en lui le moindre défaut.
26 Lorsqu’il se rasait la tête, ce qu’il faisait une fois tous les ans, parce que sa chevelure lui pesait, le poids de ses cheveux était de deux cents sicles, selon le poids ordinaire.
[14.26 Deux cents sicles ; probablement babyloniens ; ce qui ferait trente ou trente et une onces. ― Le poids public ; l’hébreu porte : Le poids du roi, qui ne différait pas du premier avant la captivité de Babylone, selon de très savants critiques.]
27 Il avait trois fils, et une fille appelée Thamar, qui était très belle (d’une élégante beauté).
28 Absalom demeura deux ans à Jérusalem, sans voir le roi.
29 Ensuite il manda Joab pour l’envoyer vers David. Mais Joab ne voulut pas venir chez lui. Après qu’il l’eut mandé une seconde fois, Joab ayant encore refusé de venir
30 il dit à ses serviteurs : Vous savez que Joab a un champ (une moisson) d’orge qui est auprès du mien (de mon champ) ; allez donc, et mettez-y le feu. Ses gens brûlèrent donc l’orge de Joab (la moisson). Les serviteurs de Joab vinrent alors trouver leur maître, après avoir déchiré leurs vêtements, et ils lui dirent : Les serviteurs d’Absalom ont brûlé une partie de votre champ.
31 Joab alla donc trouver Absalom dans sa maison, et lui dit : Pourquoi tes gens (serviteurs) ont-ils mis le feu à ma moisson ?
32 Absalom répondit à Joab : Je t’ai fait prier de venir me voir, afin de t’envoyer vers le roi pour lui dire de ma part : Pourquoi suis-je revenu de Gessur ? Il vaudrait mieux que j’y fusse encore. Je demande donc la grâce de voir le roi ; que s’il se souvient encore de ma faute, qu’il me fasse mourir.
33 Joab étant allé trouver le roi, lui rapporta toutes ces choses. Absalom fut alors appelé ; il se présenta devant le roi, et se prosterna jusqu’à terre devant lui, et le roi le baisa.

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