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Juges 19.16
Grande Bible de Tours


Viol et guerre fratricide

1 Il y avait un lévite qui habitait sur le penchant de la montagne d’Éphraïm, et qui prit une femme de Bethléhem de Juda ;
2 Mais elle le quitta ; et étant retournée à Bethléhem, dans la maison de son père, elle demeura chez lui pendant quatre mois.
3 Son mari, voulant se réconcilier avec elle, vint la trouver pour lui témoigner de l’amitié et la ramener chez lui ; et il avait avec lui un serviteur et deux ânes. Sa femme le reçut bien, et l’introduisit dans la maison de son père. Son beau-père l’ayant appris, et le voyant venir, courut à sa rencontre avec joie,
4 Et l’embrassa. Le gendre demeura dans la maison du beau-père pendant trois jours, mangeant et buvant avec lui avec beaucoup de familiarité.
5 Le quatrième jour, le lévite, se levant avant le jour, voulut s’en aller ; mais son beau-père le retint, et lui dit : Prenez un peu de pain auparavant pour vous fortifier, et après vous partirez.
6 Ils s’assirent donc ; et ils mangèrent et burent ensemble. Le beau-père dit à son gendre : Je vous prie de rester encore ici aujourd’hui, afin que nous nous réjouissions ensemble.
7 Or le lévite, se levant, voulut s’en aller ; mais son beau-père le conjura avec tant d’instance, qu’il le retint et le fit demeurer chez lui.
8 Le lendemain matin, le lévite se préparait à partir ; mais son beau-père lui dit de nouveau : Je vous prie de prendre un peu de nourriture auparavant, afin qu’ayant réparé vos forces, jusqu’à ce que le jour soit plus avancé, vous partiez ensuite. Ils mangèrent donc ensemble.
9 Et le jeune homme se leva pour se mettre en route, avec sa femme et son serviteur ; mais son beau-père lui dit encore : Considérez que le jour baisse beaucoup, et que le soir approche ; demeurez encore chez moi aujourd’hui, et réjouissons-nous ; et demain vous partirez pour retourner dans votre maison.
10 Son gendre ne voulut point se rendre à ses paroles ; mais il partit aussitôt, et vint près de Jébus, qui s’appelle autrement Jérusalem, conduisant avec lui ses deux ânes chargés et sa femme.
11 Et lorsqu’ils étaient déjà près de Jébus, et que, le jour finissant, la nuit commençait, le serviteur dit à son maître : Venez, je vous prie, entrons dans la ville des Jébuséens, et demeurons-y.
12 Son maître lui répondit : Je n’entrerai point dans la ville d’un peuple étranger, qui n’est point des enfants d’Israël* ; mais je passerai jusqu’à Gabaa ;
Jérusalem était alors habitée en partie par des Israélites. Mais les Jébuséens dominaient la ville du haut de la citadelle, d’où ils ne furent chassés que par David.
13 Et quand je serai arrivé là, nous nous y arrêterons, ou au moins dans la ville de Rama.
14 Ils passèrent donc Jébus ; et, continuant leur chemin, ils se trouvèrent au coucher du soleil près de Gabaa, qui est dans la tribu de Benjamin.
15 Ils y allèrent pour passer la nuit ; et étant entrés dans la ville, ils s’assirent sur la place, et personne ne voulut les recevoir ni leur donner l’hospitalité*.
Comme les hôtelleries étaient rares dans ces temps, c’était une coutume digne d’éloges de prévenir les étrangers et de leur offrir l’hospitalité dans sa maison. (Job, XXXI, 32.)
16 Et voilà, sur le soir, qu’on vit paraître un vieillard qui revenait des champs après son travail, qui était lui-même de la montagne d’Éphraïm, et qui demeurait comme étranger à Gabaa. Or les hommes de ce pays étaient des enfants de Jémini*.
Des enfants de Jémini ou de Benjamin, c’est-à-dire très-méchants.

17 Ce vieillard, levant les yeux, vit le lévite assis sur la place de la ville avec son léger bagage, et lui dit : D’où venez-vous, et où allez-vous ?
18 Le lévite lui répondit : Nous sommes partis de Bethléhem de Juda, et nous retournons en notre maison, qui est sur le penchant de la montagne d’Éphraïm, d’où nous étions allés à Bethléhem ; et maintenant nous allons à la maison de Dieu* ; et personne ne veut nous recevoir sous son toit,
A Silo, où était le tabernacle.
19 Quoique nous ayons de la paille et du foin pour les ânes, avec du pain et du vin pour moi, pour votre servante et pour le serviteur qui est avec moi. Nous n’avons besoin d’aucune chose que d’un logement.
20 Le vieillard lui répondit : La paix soit avec vous ; je vous fournirai tout ce qui sera nécessaire ; je vous prie seulement de ne point rester sur cette place.
21 Et il les introduisit dans sa maison ; il donna à manger aux ânes ; et, pour eux, après qu’ils eurent lavé leurs pieds, il les fit mettre à table.
22 Pendant qu’ils faisaient festin, et que, fatigués du chemin, ils mangeaient et buvaient pour réparer leurs forces, il vint des hommes de cette ville qui étaient des enfants de Bélial, c’est-à-dire sans frein ; et, environnant la maison du vieillard, ils commencèrent à frapper à la porte, criant au maître de la maison, et lui disant : Faites sortir cet homme qui est entré chez vous, afin que nous l’outragions.
23 Le vieillard sortit dehors pour leur parler, et leur dit : Gardez-vous, mes frères, gardez-vous de faire un si grand mal, car j’ai donné à cet homme l’hospitalité, et cessez de penser à cette folie.
24 J’ai une fille vierge, et cet homme a sa femme ; je vous les amènerai, afin que vous puissiez les humilier et vous satisfaire ; seulement, je vous prie, ne commettez pas ce crime détestable à l’égard de cet homme*.
En voulant empêcher un plus grand crime, il fait lui-même une proposition criminelle.
25 Voyant qu’ils ne voulaient point se rendre aux paroles du vieillard, le lévite fit sortir sa femme, et l’abandonna à leurs outrages ; et, après l’avoir outragée toute la nuit, le matin ils la laissèrent.
26 Lorsque les ténèbres de la nuit se dissipaient, cette femme vint à la porte de la maison où logeait son mari, et y tomba étendue.
27 Le matin, le lévite se leva, et ouvrit la porte pour continuer sa route, et il vit sa femme gisant devant la porte, les mains étendues sur le seuil.
28 Croyant qu’elle était endormie, il lui dit : Levez-vous, et partons. Mais elle ne répondit pas. Il reconnut qu’elle était morte ; et il la prit, la mit sur son âne, et retourna dans sa maison.
29 Arrivé chez lui, il prit une épée, et divisa le corps de sa femme avec ses os en douze parts, et en envoya une part à chacune des tribus d’Israël.
30 A cette vue, les enfants d’Israël s’écrièrent : jamais rien de semblable n’a été fait en Israël, depuis que nos pères sortirent d’Égypte jusqu’à présent ; prononcez, et ordonnez tous ensemble ce qu’il faut faire*.
Par le récit de ces événements, l’Écriture nous montre combien une première faute entraîne de suites funestes après elle, et cause de renversements dans tout un peuple.

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