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2 Samuel 18.30
Grande Bible de Tours


Défaite et mort d’Absalom

1 David, ayant fait la revue de son peuple, établit des tribuns et des centeniers.
2 Il donna le tiers de ses troupes à commander à Joab, le tiers à Abisaï, fils de Sarvia et frère de Joab, et le tiers à Éthaï, de Geth. Et le roi dit ensuite à ses gens : J’irai aussi avec vous.
3 Mais le peuple répondit : Vous ne viendrez point ; car, quand même les ennemis nous mettraient en fuite, ils ne croiraient pas avoir triomphé ; et quand la moitié d’entre nous succomberait, ils en feraient peu de cas ; parce que vous seul êtes compté pour dix mille. Il vaut donc mieux que vous restiez dans la ville, pour être en état de nous secourir.
4 Le roi leur dit : Je ferai ce qui vous semblera bon. Il se tint donc à la porte, pendant que toute l’armée sortait par troupes de cent hommes et de mille hommes.
5 Et il donna cet ordre à Joab, à Abisaï et à Éthaï : Conservez-moi mon fils Absalon. Et tout le peuple entendit le roi qui recommandait Absalon à tous les chefs.
6 L’armée marcha donc en bataille contre Israël, et le combat fut livré dans la forêt d’Éphraïm.
7 Et là le peuple d’Israël fut taillé en pièces par l’armée de David. La défaite fut grande ce jour-là ; il y périt vingt mille hommes.
8 Les gens d’Absalon, fuyant après le combat, furent dispersés de tous côtés ; et il y en eut beaucoup plus qui périrent alors dans la forêt, qu’il n’y en eut qui moururent par l’épée.
9 Or il arriva qu’Absalon, monté sur son mulet, fut rencontré par les gens de David ; et comme il passait sous un grand chêne très-touffu, sa tête s’embarrassa dans les branches*, le mulet sur lequel il était assis passa outre, et il resta suspendu entre le ciel et la terre.
Sa tête se trouva prise entre deux branches, autour desquelles en outre s’entortilla sa chevelure, de sorte qu’il ne put pas se dégager. (S. JEAN CHRYSOSTOME.)
10 Quelqu’un le vit, et vint dire à Joab : J’ai vu Absalon suspendu à un chêne.
11 Joab dit à celui qui lui avait apporté cette nouvelle : Si tu l’as vu, pourquoi ne l’as-tu pas percé jusqu’en terre ? Et je t’aurais donné dix sicles d’argent et un baudrier.
12 Il répondit à Joab : Quand vous mettriez entre mes mains mille pièces d’argent, je n’étendrais jamais la main sur le fils du roi ; car nous avons tous entendu l’ordre que le roi vous a donné, à vous, à Abisaï et à Éthaï, quand il vous a dit : Conservez-moi mon fils Absalon.
13 Et si j’avais fait, au risque de ma vie, une action si téméraire, elle n’aurait pu être cachée au roi, et vous seriez-vous opposé à lui ?
14 Joab lui dit : Il n’en sera point comme tu veux ; mais je l’attaquerai moi-même en ta présence. Il prit donc dans sa main trois javelots, et les enfonça dans le cœur d’Absalon. Et comme il palpitait encore, toujours suspendu au chêne,
15 Dix jeunes écuyers de Joab accoururent, le percèrent de coups, et l’achevèrent.
16 Aussitôt Joab fit sonner de la trompette, retint ses troupes, et, voulant épargner le peuple, les empêcha de poursuivre les Israélites qui fuyaient.
17 On emporta Absalon et on le jeta dans une grande fosse qui était dans le bois, sur laquelle on éleva un grand monceau de pierres*. Tous les Israélites s’enfuirent, et chacun retourna dans sa maison.
Au lieu de monument et en signe d’opprobre.
18 Or Absalon, lorsqu’il vivait encore, s’était fait dresser une colonne dans la vallée du Roi, car il disait : Je n’ai point de fils, et ce sera là un monument qui fera vivre mon nom. Il donna donc son nom à cette colonne, et on l’appelle encore aujourd’hui la Main d’Absalon*.
Ce monument existait encore du temps de Josèphe. C’était un édicule de marbre érigé à deux stades de Jérusalem. (Antiquit., lib. III, cap. IX.)
19 Alors Achimaas, fils de Sadoc, dit à Joab : Je courrai, et j’annoncerai au roi que Dieu lui a fait justice, et l’a vengé de ses ennemis.
20 Joab lui dit : Vous porterez les nouvelles une autre fois, mais non aujourd’hui ; je ne veux pas que ce soit vous en ce moment, parce que le fils du roi est mort.
21 Et Joab dit à Chusi : Allez, et annoncez au roi ce que vous avez vu. Chusi fit à Joab un profond salut, et se mit à courir.
22 Achimaas, fils de Sadoc, dit de nouveau à Joab : Qui empêche que je ne coure aussi après Chusi ? Joab lui dit : Pourquoi voulez-vous courir, mon fils ? Vous ne serez pas le porteur d’une bonne nouvelle.
23 Mais enfin si je courais, ajouta Achimaas. Courez donc, répondit Joab. Ainsi Achimaas, courant par un chemin plus court, devança Chusi.
24 Cependant David était assis entre les deux portes de la ville ; et la sentinelle qui était sur la muraille au haut de la porte, levant les yeux, vit un homme qui était seul et qui courait ;
25 Et, jetant un grand cri, elle avertit le roi. Le roi dit : S’il est seul, il porte une bonne nouvelle. Or, comme celui-ci, se hâtant, approchait de plus près,
26 La sentinelle en vit un second qui courait aussi ; et, criant à haute voix d’en haut, elle dit : Je vois courir encore un autre homme, qui est seul. Le roi lui dit : Il porte aussi une bonne nouvelle.
27 La sentinelle ajouta : A voir courir le premier, il me semble que c’est Achimaas, fils de Sadoc. Le roi lui dit : C’est un homme de bien, et il nous apporte de bonnes nouvelles*.
On ne chargeait jamais les hommes de considération d’une mauvaise nouvelle ; car la coutume était de punir de tels messagers.
28 Achimaas, criant de loin, dit au roi : Salut, ô roi ! Dieu vous conserve ; et, s’abaissant jusqu’à terre devant lui, il ajouta : Béni soit le Seigneur votre Dieu, qui a livré entre vos mains ceux qui s’étaient élevés contre le roi, mon seigneur.
29 Le roi lui dit : Mon fils Absalon est-il en vie ? Achimaas lui répondit : Lorsque Joab, votre serviteur, m’a envoyé vers vous, ô roi ! j’ai vu s’élever un grand tumulte. Je ne sais pas autre chose.
30 Passez, lui dit le roi, et tenez-vous là. Lorsqu’il fut passé et qu’il se tenait à sa place,
31 Chusi parut, et il dit en arrivant : O roi, mon seigneur ! je vous apporte une bonne nouvelle, car le Seigneur a jugé aujourd’hui en votre faveur, et vous a délivré de la main de tous ceux qui s’étaient soulevés contre vous.
32 Le roi dit à Chusi : Mon fils Absalon est-il en vie ? Chusi lui répondit : Que les ennemis du roi, mon seigneur, et tous ceux qui se soulèvent contre lui pour le perdre, soient traités comme il l’a été.

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