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Job 4.18
Vigouroux


Intervention n° 1 d’Éliphaz

1 Alors Eliphaz de Théman prit la parole et dit :
[4.1 Après le monologue de Job, ses trois amis vont paraître successivement en scène. Ils défendront tous la même thèse : que l’on n’est malheureux que par sa faute et en punition de ses péchés. 1° Eliphaz, vrai scheik patriarcal, grave, digne, plus calme et plus réfléchi que ses deux amis, est nommée le premier et prend le premier la parole, parce qu’il est le plus âgé de tous, voir Job, 15, 10, et peut-être aussi parce qu’il est de Théman, dont la sagesse est célèbre, voir Jérémie, 49, 7 ; Abdias, 1, 8 ; Baruch, 3, 22-23. Il témoigne d’abord à Job dans son premier discours, plus d’affection et de sympathie que ses deux compagnons, mais, trompé par une foi aveugle à une opinion qu’il n’a jamais entendu contester (contestée ?), savoir que l’on souffre jamais que parce qu’on l’a mérité, il ne croit pas à l’innocence de celui qu’il est venu consoler, et ne tarde pas à se montrer dur et injuste à son égard. La vérité qu’il s’attache le plus à faire ressortir dans son langage, c’est la majesté et la pureté de Dieu, voir Job, 4, 12-21 ; 15, 12-16. ― Eliphaz ouvre la discussion avec la confiance qu’inspire l’expérience et sur le ton d’un prophète. C’est dans son premier discours qu’il parle avec le plus d’assurance. Le fond de son langage est vrai d’ailleurs ; il n’est faux que dans l’application exagérée qu’il en fait au cas présent. Tout se lie très bien dans ce que dit Eliphaz : au point de vue de la disposition oratoire et de l’arrangement des parties, ce discours est le plus parfait du poème. La révélation et l’expérience, les habitants du ciel et ceux de la terre lui ont appris à quoi s’en tenir sur le problème de la souffrance : 1° Job ne doit pas oublier qu’il a consolé autrefois des malheureux en leur disant que ce ne sont que les méchants, non les justes qui périssent, chapitre 4, versets 2 à 11. ― 2° Une vision nocturne lui a appris à lui-même que personne n’est juste devant Dieu, versets 12 à 21. ― 3° Le chagrin qui empêche Job de recourir à l’intercession des anges est la cause de la ruine des insensés, chapitre 5, versets 1 à 7. ― 4° Il doit se tourner vers Dieu, le juge équitable du juste et de l’impie, versets 8 à 16. ― 5° Heureux celui que Dieu châtie ! Dieu, par ce châtiment, veut lui préparer un grand bonheur, versets 17 à 27. Chacune de ces cinq pensées est tout à la fois une thèse et un reproche contre Job.]
2 Si nous nous mettons à te parler, tu le trouveras peut-être mauvais ; mais qui pourrait retenir la parole qu’il a conçue ?
3 Voici, tu en as instruit un grand nombre, et tu as fortifié les mains fatiguées.
4 Tes paroles ont affermi ceux qui chancelaient, et tu as fortifié les genoux tremblants.
5 Mais maintenant que le malheur est venu sur toi, tu perds courage ; il t’a touché, et tu es dans le trouble (es troublé).
6 Où (donc) est ta crainte de Dieu, ta force, ta patience, et la perfection de tes voies ?
7 Rappelle-toi, je te prie, quel innocent a jamais péri ; ou quand les hommes droits ont-ils été exterminés ?
[4.7 Qui a jamais péri, etc. On peut être innocent et périr en cette vie ; on peut être éprouvé par des malheurs et cependant être juste et innocent. Plusieurs prophètes et les martyrs en offrent un exemple sensible.]
8 J’ai vu, au contraire, que ceux qui commettent l’iniquité, qui sèment les maux et les moissonnent
9 sont re(n ?)versés par le souffle de Dieu, et consumés par le vent de sa colère.
10 Le rugissement du lion, et la voix de la lionne, et les dents des lionceaux ont été broyés (brisés).
11 Le tigre a péri parce qu’il n’avait pas de proie, et les petits du lion ont été dispersés (dissipés).
12 (Cependant) Une parole m’a été dite en secret, et mon oreille a recueilli comme à la dérobée ses faibles sons.
[4.12 La suite ; littéralement les veines. Il paraît certain que saint Jérôme a donné ici au latin vena le sens qu’on lui trouve dans le moyen âge, celui de série, ordre, ordo, series.]
13 Dans l’horreur d’une vision de nuit, lorsqu’un profond sommeil a coutume de s’emparer des hommes
14 je fus saisi de crainte et d’épouvante, et la frayeur pénétra jusque dans mes os.
15 (Et) Un esprit passa devant moi ; les poils de ma chair se hérissèrent.
16 Quelqu’un se tint là, dont je ne connaissais pas le visage ; un spectre parut devant mes yeux, et j’entendis une voix semblable à un souffle léger.
17 L’homme sera-t-il trouvé juste en comparaison de Dieu ? et sera-t-il plus pur que son créateur ?
[4.17 Voir Job, 25, 4.]
18 Ceux même qui le servent n’ont pas été stables, et il a trouvé le péché (la dépravation) dans ses anges.
[4.18 Voir Job, 15, 15 ; 2 Pierre, 2, 4 ; Jude, 1, 6. ― Ceux qui le servent, etc. ; c’est-à-dire les anges ne sont pas par eux-mêmes et sans un secours divin capables de se maintenir dans le bien. ― Dans ses anges ; déchus, qui quoique si purs et si parfaits, sont cependant tombés dans l’orgueil et l’infidélité.]

19 Combien plus ceux qui habitent des maisons d’argile (de boue), qui n’ont qu’un fondement de terre, seront-ils consumés comme par les vers ? (!)
20 Du matin au soir ils seront retranchés (moissonnés) ; et, parce que nul n’a d’intelligence, ils périront à jamais.
21 Ceux (même) qui seront restés de leur race seront emportés ; ils mourront, et non dans la sagesse. [4.21 Non dans la sagesse ; dans leur folie, en insensés.]

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