Job 4:1 - Alors Eliphaz de Théman prit la parole et dit :
[4.1 Après le monologue de Job, ses trois amis vont paraître successivement en scène. Ils défendront tous la même thèse : que l’on n’est malheureux que par sa faute et en punition de ses péchés. 1° Eliphaz, vrai scheik patriarcal, grave, digne, plus calme et plus réfléchi que ses deux amis, est nommée le premier et prend le premier la parole, parce qu’il est le plus âgé de tous, voir Job, 15, 10, et peut-être aussi parce qu’il est de Théman, dont la sagesse est célèbre, voir Jérémie, 49, 7 ; Abdias, 1, 8 ; Baruch, 3, 22-23. Il témoigne d’abord à Job dans son premier discours, plus d’affection et de sympathie que ses deux compagnons, mais, trompé par une foi aveugle à une opinion qu’il n’a jamais entendu contester (contestée ?), savoir que l’on souffre jamais que parce qu’on l’a mérité, il ne croit pas à l’innocence de celui qu’il est venu consoler, et ne tarde pas à se montrer dur et injuste à son égard. La vérité qu’il s’attache le plus à faire ressortir dans son langage, c’est la majesté et la pureté de Dieu, voir Job, 4, 12-21 ; 15, 12-16. ― Eliphaz ouvre la discussion avec la confiance qu’inspire l’expérience et sur le ton d’un prophète. C’est dans son premier discours qu’il parle avec le plus d’assurance. Le fond de son langage est vrai d’ailleurs ; il n’est faux que dans l’application exagérée qu’il en fait au cas présent. Tout se lie très bien dans ce que dit Eliphaz : au point de vue de la disposition oratoire et de l’arrangement des parties, ce discours est le plus parfait du poème. La révélation et l’expérience, les habitants du ciel et ceux de la terre lui ont appris à quoi s’en tenir sur le problème de la souffrance : 1° Job ne doit pas oublier qu’il a consolé autrefois des malheureux en leur disant que ce ne sont que les méchants, non les justes qui périssent, chapitre 4, versets 2 à 11. ― 2° Une vision nocturne lui a appris à lui-même que personne n’est juste devant Dieu, versets 12 à 21. ― 3° Le chagrin qui empêche Job de recourir à l’intercession des anges est la cause de la ruine des insensés, chapitre 5, versets 1 à 7. ― 4° Il doit se tourner vers Dieu, le juge équitable du juste et de l’impie, versets 8 à 16. ― 5° Heureux celui que Dieu châtie ! Dieu, par ce châtiment, veut lui préparer un grand bonheur, versets 17 à 27. Chacune de ces cinq pensées est tout à la fois une thèse et un reproche contre Job.]