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1 Rois 3.14
Vigouroux


Apparition de Dieu à Salomon

1 Le règne de Salomon s’étant ainsi affermi, il s’allia avec (le) Pharaon, roi d’Egypte ; car il épousa sa fille, qu’il amena dans la ville de David, jusqu’à ce qu’il eût achevé de bâtir son palais, la maison du Seigneur, et les murs qu’il faisait faire tout autour de Jérusalem.
[3.1 Voir 2 Paralipomènes, 1, 1. ― A Pharaon, roi d’Egypte. Ce roi d’Egypte n’est pas connu d’une manière certaine. C’était probablement Psousennès II, pharaon de la XXIe dynastie, qui résidait à Tanis.]
2 Le peuple, cependant, immolait toujours sur les hauts lieux, parce que jusqu’alors on n’avait point encore bâti de temple au (nom du) Seigneur.
3 Or Salomon aima le Seigneur, et il se conduisit selon les préceptes de David son père, excepté qu’il sacrifia et qu’il brûlait de l’encens sur les hauts lieux.
4 Il s’en alla donc à Gabaon pour y sacrifier, parce que c’était là le plus considérable (grand) de tous les hauts lieux ; et il offrit mille hosties en holocauste sur l’autel qui était à Gabaon.
[3.4 Gabaon, aujourd’hui el-Djib, était bâtie sur une des nombreuses collines qui s’élèvent en forme de mamelons, au-dessus du plateau de la terre de Benjamin, et portait un nom expressif, comme Gaba, Geba, Rama, Ramath, tout autant de mots qui, comme Gabaon, désignent des lieux élevés. Gabaon était située sur la partie la plus septentrionale d’une de ces collines, vis-à-vis de Maspha, placée au sud, sur une autre éminence. La route qui conduit à la mer, à Jaffa, par Béthoron, passe à peu de distance, au nord de l’élévation sur laquelle est bâtie el-Djib. Les flancs de la colline, disposés en terrasses, sont couverts de vignes et d’oliviers. A l’est, une source abondante sort d’un rocher et forme un large réservoir. Un peu plus bas, au milieu des oliviers, se trouvait un étang considérable, dont on voit encore les ruines. C’étaient sans doute les « grandes eaux de Gabaon », dont parle le prophète Jérémie, 41, 12.]
5 Or le Seigneur apparut en songe à Salomon pendant la nuit, et lui dit : Demande-moi ce que tu veux que je te donne.
6 Salomon lui répondit : Vous avez usé d’une grande miséricorde envers David mon père, votre serviteur, selon qu’il a marché devant vous dans la vérité et dans la justice, et que son cœur a été droit à vos yeux ; vous lui avez conservé cette grande miséricorde, et vous lui avez donné un fils qui est assis sur son trône, comme il paraît aujourd’hui.
7 Maintenant donc, Seigneur Dieu, vous m’avez fait régner, moi votre serviteur, à la place de David mon père ; mais je ne suis encore qu’un jeune enfant, qui ne sait de quelle manière il doit se conduire (ignorant mon entrée et ma sortie, note).
[3.7 Mon entrée et ma sortie. Voir 1 Rois, 29, 6.]
8 Et votre serviteur se trouve au milieu du peuple que vous avez choisi, d’un peuple infini, qui est innombrable à cause de sa multitude.
9 Donnez donc à votre serviteur un cœur docile, afin qu’il puisse juger votre peuple, et discerner entre le bien et le mal ; car qui pourra rendre la justice à votre peuple, à ce peuple si nombreux ?
[3.9 Voir 2 Paralipomènes, 1, 10.]
10 Le Seigneur agréa donc que Salomon lui eût fait cette demande.
11 Et il dit à Salomon : Parce que tu m’as fait cette demande, et que tu n’as point désiré un grand nombre d’années, ou de grandes richesses, ou la vie (les âmes) de tes ennemis, mais la sagesse pour discerner ce qui est juste,
[3.11 Les âmes ; c’est-à-dire la vie, pour la détruire.]
12 j’ai (déjà) fait ce que tu m’avais demandé, et je t’ai donné un cœur si plein de sagesse et d’intelligence, qu’il n’y a jamais eu d’homme avant toi qui t’ait égalé, et qu’il n’y en aura point après toi qui t’égale.
13 Mais je t’ai en outre donné ce que tu ne m’as point demandé, savoir, les richesses et la gloire, de sorte qu’aucun roi ne t’aura jamais égalé en ce point dans tous les siècles (jours) passés.
[3.13 Voir Sagesse, 7, 11 ; Matthieu, 6, 29.]
14 Que si tu marches dans mes voies, et que tu gardes mes préceptes et mes ordonnances, comme ton père les a gardés, je te donnerai encore une longue vie.
15 Salomon, s’étant réveillé, comprit que c’était un songe ; et étant venu à Jérusalem, il se présenta devant l’arche de l’alliance du Seigneur, offrit des holocaustes et des victimes pacifiques, et fit à tous ses serviteurs un grand festin.

Le sage jugement de Salomon

16 Alors deux femmes de mauvaise vie vinrent trouver le roi, et se présentèrent devant lui.
17 L’une d’elles lui dit : Je vous prie, mon seigneur, faites-moi justice. Nous demeurions, cette femme et moi, dans une même maison, et je suis (j’ai) accouché(e) près d’elle dans la même chambre.
18 Elle est (a) accouché(e) aussi trois jours après moi ; nous étions ensemble dans cette maison, et il n’y avait personne autre que nous deux.
19 (Or) Le fils de cette femme est mort pendant la nuit, car elle l’a étouffé en dormant ;
20 et se levant dans le silence d’une nuit profonde, pendant que je dormais, moi, votre servante, elle m’a ôté mon fils que j’avais à mon côté ; et l’ayant pris auprès d’elle, elle a mis auprès de moi son fils qui était mort.
21 Quand je me levai le matin pour allaiter mon fils, je vis qu’il était mort ; et, le considérant avec plus d’attention au grand jour, j’ai reconnu que ce n’était pas le mien, celui que j’avais enfanté.
22 L’autre femme lui répondit : Ce que tu dis n’est pas vrai ; mais c’est ton fils qui est mort, et le mien est vivant. La première, au contraire, répliquait : Tu mens, car c’est mon fils qui est vivant, et le tien est mort ; et elles disputaient ainsi devant le roi.
23 Alors le roi dit : Celle-ci dit : Mon fils est vivant, et le tien est mort. Et l’autre répond : Non ; mais c’est ton fils qui est mort, et le mien est vivant.
24 Le roi ajouta : Apportez-moi une épée. Lorsqu’on eut apporté une épée devant le roi
25 il dit (à ses gardes) : Coupez en deux cet enfant qui est vivant, et donnez-en la moitié à l’une, et la moitié à l’autre.
26 Alors la femme dont le fils était vivant dit au roi (car ses entrailles furent émues pour son fils) : Seigneur donnez-lui, je vous supplie, l’enfant vivant, et ne le tuez point. L’autre disait au contraire : Qu’il ne soit ni à moi ni à toi ; mais qu’on le divise en deux.
27 Alors le roi prononça cette sentence (répondit et dit) : Donnez à celle-ci l’enfant vivant, et qu’on ne le tue point ; car c’est elle qui est sa mère.
28 Tout Israël apprit donc la manière dont le roi avait jugé cette affaire, et ils conçurent tous de la crainte pour lui, voyant que la sagesse de Dieu était en lui pour rendre la justice.

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