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2 Samuel 18.7
Vigouroux


Défaite et mort d’Absalom

1 (Ainsi) David, ayant fait la revue de son armée, établit des tribuns et des centeniers (centurions).
2 (Et) Il donna le tiers de ses troupes à commander à Joab, le tiers à Abisaï, fils de Sarvia et frère de Joab, et le tiers à Ethaï, de Geth. Le roi dit ensuite au peuple : Je veux aller au combat avec vous.
3 Mais le peuple répondit : Vous ne viendrez pas ; car alors même que les ennemis nous auraient fait fuir, ils ne croiraient pas avoir fait grand chose ; et quand ils auraient taillé en pièces la moitié d’entre nous, ils n’en seraient pas plus satisfaits, parce que vous êtes considéré, vous seul, comme dix mille hommes. Il vaut donc mieux que vous restiez dans la ville, afin que vous soyez en état de nous secourir.
4 Le roi leur dit : Je ferai ce que vous voudrez (qui vous semble bon). Il se tint donc à la porte (de la ville), pendant que toute l’armée sortait par groupes de cent hommes et de mille hommes.
5 En même temps il donna cet ordre à Joab, à Abisaï et à Ethaï : Conservez-moi mon fils Absalom. Et tout le peuple entendit le roi, quand il recommandait Absalom à tous ses généraux.
6 L’armée marcha donc en bataille contre Israël, et le combat fut livré dans la forêt d’Ephraïm.
[18.6 Dans la forêt d’Ephraïm, à l’est du Jourdain, selon les uns, à l’ouest, selon les autres.]
7 L’armée d’Israël fut taillée en pièces par celle de David, et la défaite fut grande : vingt mille hommes périrent.
8 (Or) Le combat s’étendit dans toute la contrée, et il y en eut beaucoup plus qui périrent dans la forêt, qu’il n’y en eut qui moururent par l’épée en ce jour-là.
[18.8 Sur la face de toute la terre ; c’est-à-dire dans tout le pays.]
9 Or (Mais) il arriva qu’Absalom, monté sur son mulet, se trouva en face des gens de David. Le mulet pénétra sous un chêne grand et touffu, et la tête d’Absalom s’embarrassa dans les branches du chêne ; et, son mulet passant outre, il demeura suspendu entre le ciel et la terre.
[18.9 Le chêne, etc. Ce chêne était distingué de tous les autres arbres, c’est pour cela que l’écrivain sacré l’a fait précéder de l’article.]
10 Un soldat le vit en cet état, et vint dire à Joab : J’ai vu Absalom suspendu à un chêne.
11 Joab dit à celui qui lui avait apporté cette nouvelle : Si tu l’as vu, pourquoi ne l’as-tu pas abattu à terre en le perçant ? Et je t’aurais donné dix sicles d’argent et un baudrier.
[18.11-12 Le sicle d’argent avait chez les Hébreux le même poids que le sicle d’or, environ 14 grammes 177. Quant à la valeur comme monnaie, le sicle d’argent pur représentait environ 1 francs 60 et le sicle d’or pur, environ 23 francs 20 (en 1900 ?).]
12 Il répondit à Joab : Quand même vous pèseriez mille pièces d’argent entre mes mains, je ne porterais pas pour cela la main sur le fils du roi ; car nous avons tous entendu l’ordre que le roi vous a donné, à vous, à Abisaï, et à Ethaï, lorsqu’il vous a dit : Conservez-moi mon fils Absalom.
13 Et si je m’étais hasardé à faire au péril de ma vie une action si hardie, elle n’aurait pu être cachée au roi, et vous seriez vous-même contre moi.
14 Joab lui dit : Je ne m’en rapporterai pas à toi ; mais je l’attaquerai moi-même en ta présence. Il prit donc en sa main trois dards, dont il perça le cœur d’Absalom. Et comme il palpitait encore, toujours suspendu au chêne,
[18.14 Non pas, etc. Construction elliptique, pour il n’en sera pas comme, etc. Comparer à Matthieu, 26, 39.]
15 dix jeunes écuyers de Joab accoururent, le percèrent de coups (le frappant), et l’achevèrent.
16 Aussitôt (Or) Joab fit sonner la retraite, et, voulant épargner le peuple (la multitude), il empêcha ses gens de poursuivre davantage Israël qui fuyait.
17 On emporta Absalom, et on le jeta dans une (la) grande fosse qui était dans le bois, et sur cette fosse on éleva un (très) grand monceau de pierres. Or tout Israël s’enfuit dans ses tentes (tabernacle).
18 Absalom, lorsqu’il vivait encore, s’était fait dresser une colonne dans la vallée du roi. Je n’ai point de fils, disait-il, et ce sera là un monument qui fera vivre mon nom. Il donna donc son nom à cette colonne, et on l’appelle encore aujourd’hui : La main d’Absalom.
[18.18 Dans la Vallée du roi, probablement la Vallée de Cédron. On y voit encore aujourd’hui un monument qu’on appelle le tombeau d’Absalom. Il date seulement de l’époque grecque. Néanmoins il peut se trouver à l’endroit où Absalom avait fait élever son monument, qui devait être un cippe en pierre.]
19 Or Achimaas, fils de Sadoc, dit à Joab : Je vais courir vers le roi, et lui dire que Dieu lui a fait justice, et l’a vengé de ses ennemis.
20 Joab lui dit : Tu ne porteras pas les nouvelles aujourd’hui, mais une autre fois ; je ne veux pas que ce soit toi aujourd’hui, parce que le fils du roi est mort.
21 Joab dit donc à Chusi : Va, toi, et annonce au roi ce que tu as vu. Chusi se prosterna devant Joab, et se mit à courir.
22 Achimaas, fils de Sadoc, dit encore à Joab : Mais si je courais encore après Chusi ? Mon fils, dit Joab, pourquoi veux-tu courir ? Tu seras le porteur d’une nouvelle fâcheuse.
23 Achimaas répliqua : Mais enfin si je courais ? Cours (donc), lui dit Joab. Ainsi Achimaas, courant par un chemin plus court, dépassa Chusi.
24 Cependant David était assis entre les deux portes de la ville ; et la sentinelle qui était sur la muraille au haut de la porte, levant les yeux, vit un homme qui courait tout seul,
[18.24 Entre les deux portes ; c’est-à-dire entre la porte intérieure qui regardait la ville, et la porte extérieure qui regardait la campagne.]
25 et il en avertit le roi en criant. Le roi lui dit : S’il est seul, il porte une bonne nouvelle. Lorsque ce messager s’avançait à grande hâte et était déjà proche,
[18.25 S’il est seul, etc. ; car s’ils étaient vaincus, ils reviendraient en nombre.]
26 la sentinelle en vit un second qui courait (seul) aussi ; et criant d’en haut, elle dit : Je vois courir encore un autre homme, qui est seul. Le roi lui dit : Il porte aussi une bonne nouvelle.
27 La sentinelle ajouta : A voir courir le premier, il me semble que c’est Achimaas, fils de Sadoc. Le roi lui dit : C’est un homme de bien, et il nous apporte de bonnes nouvelles.
28 Achimaas, criant de loin, dit au roi : Salut, ô roi ! Et se prosternant jusqu’à terre devant lui, il ajouta : Béni soit le Seigneur votre Dieu, qui a livré entre vos mains ceux qui avaient levé leurs mains contre le roi mon seigneur !
29 Le roi lui dit : Mon fils Absalom est-il en vie ? Achimaas lui répondit : Lorsque Joab votre serviteur m’a envoyé vers vous, j’ai vu s’élever un grand tumulte ; c’est tout ce que je sais.
[18.29 La paix ; c’est-à-dire la santé, ou la vie. Nous avons déjà remarqué que par le mot paix, les Hébreux entendaient souvent toute sorte de prospérités.]
30 Passe, lui dit le roi, et tiens-toi là (attends ici). Lorsqu’il fut passé, et qu’il se tenait de côté,
31 Chusi parut, et il dit en arrivant : Mon seigneur le roi, je vous apporte une bonne nouvelle ; car le Seigneur a jugé aujourd’hui en votre faveur, et vous a délivré de la main de tous ceux qui s’étaient soulevés contre vous.
32 (Et) Le roi dit à Chusi : Mon fils Absalom est-il en vie ? Chusi lui répondit : Que les ennemis de mon roi, et tous ceux qui se soulèvent contre lui pour le perdre soient traités comme ce jeune homme (prince) l’a été.

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