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Jacques 2.17
Grande Bible de Tours


L’impartialité de la foi

1 Mes frères, n’alliez point l’acception des personnes à la foi que vous avez en Notre-Seigneur Jésus-Christ, le Seigneur de la gloire.
2 Car s’il entre dans votre assemblée un homme avec un anneau d’or et un habillement magnifique, et qu’il y entre aussi un homme pauvre, mal vêtu,
3 Et que vous arrêtiez la vue sur celui qui est habillé magnifiquement, et lui disiez : Asseyez-vous ici ; et que vous disiez au pauvre : Tiens-toi là debout ; ou : Assieds-toi à mes pieds,
4 Ne jugez-vous pas en vous-mêmes, et n’êtes-vous pas devenus des juges pleins de pensées iniques* ?
Il n’y avait que les personnes de distinction qui portassent des anneaux d’or au doigt, comme les sénateurs et les chevaliers chez les Romains. Saint Jacques ne veut pas condamner les distinctions que peut exiger le rang ou l’autorité de certaines personnes dans les assemblées des fidèles ; mais il condamne l’abus qui nous fait estimer les personnes précisément à cause de leurs richesses, et qui nous porte à mépriser les pauvres.
5 Écoutez, mes frères bien-aimés : Dieu n’a-t-il pas choisi les pauvres en ce monde pour les rendre riches dans la foi et héritiers du royaume promis à ceux qui l’aiment ?
6 Vous, au contraire, vous déshonorez le pauvre. Ne sont-ce pas les riches qui vous oppriment par leur puissance, et qui vous traînent devant les tribunaux ?
7 Ne sont-ce pas eux qui blasphèment le saint nom qui a été invoqué sur vous* ?
Ils le font blasphémer par les outrages qu’ils font aux pauvres, et par les autres dérèglements de leur vie.
8 Si cependant vous accomplissez la loi royale* selon l’Écriture : Vous aimerez votre prochain comme vous-même, vous faites bien.
La loi de la charité, qui est la reine de toutes les vertus, et qui nous a été imposée par Jésus-Christ, notre roi.
9 Mais si vous faites acception des personnes, vous commettez un péché, et vous êtes condamnés par la loi comme transgresseurs.
10 Car quiconque ayant gardé toute la loi, la viole en un seul point, est coupable comme l’ayant violée toute entière*.
Il perd par un seul péché la charité, qui est l’âme de toute la loi, et se rend digne de la malédiction éternelle, comme s’il l’avait violée tout entière, bien qu’il ne soit pas autant puni. (S. AUG. Epist. XVI, n. XIX, cap. VI.)
11 En effet, celui qui a dit : Vous ne commettrez point d’adultère, a dit aussi : Vous ne tuerez point ; si donc vous tuez, quoique vous ne commettiez pas d’adultère, vous êtes transgresseur de la loi.
12 Réglez vos paroles et vos actions, comme devant être jugées par la loi de la liberté*.
La loi chrétienne, la loi de la charité, qui nous délivre du joug des cérémonies judaïques et de l’esclavage du péché.
13 Car le jugement sera sans miséricorde pour celui qui n’aura point fait miséricorde ; mais la miséricorde s’élève au-dessus du jugement*.
Les œuvres de miséricorde que nous présenterons au tribunal de Dieu nous mettront à couvert de sa justice, et forceront en quelque sorte Dieu lui-même à nous faire miséricorde.

Les œuvres de la foi

14 Mes frères, que servira-t-il à quelqu’un de dire qu’il a la foi, s’il n’a point les œuvres ? La foi pourra-t-elle le sauver ?
15 Si un de vos frères ou une de vos sœurs sont nus, ou manquent de la nourriture de chaque jour,
16 Et que quelqu’un de vous leur dise : Allez en paix, réchauffez-vous et rassasiez-vous, sans leur donner ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela servira-t-il ?
17 Ainsi la foi qui n’a point les œuvres est morte en elle-même.
18 Mais quelqu’un dira : Vous avez la foi, et moi j’ai les œuvres ; montrez-moi votre foi sans les œuvres, et moi je vous montrerai ma foi par mes œuvres.
19 Vous croyez qu’il n’y a qu’un Dieu, vous faites bien ; mais les démons croient aussi, et ils tremblent.
20 Or voulez-vous savoir, ô homme vain, que la foi sans les œuvres est morte ?
21 Notre père Abraham ne fut-il pas justifié par les œuvres*, lorsqu’il offrit son fils Isaac sur l’autel ?
Cela n’est pas contraire à ce que dit saint Paul, qu’Abraham crut ce que Dieu lui dit, et que sa foi lui fut imputée à justice. Car la foi ne consiste pas seulement à croire, mais aussi à obéir ; ainsi l’obéissance d’Abraham était un effet de sa foi, par laquelle il était justifié avant d’offrir son fils Isaac ; mais par cette action d’obéissance, il reçut l’accroissement de sa justice et de sa foi. Il semble que saint Jacques veuille ici prévenir les objections que les faux docteurs avaient coutume de faire, en s’autorisant du passage de saint Paul (Rom, IV, 3.)
22 Vous voyez que sa foi était jointe à ses œuvres, et que c’est par les œuvres que sa foi fut consommée ;
23 Et qu’ainsi fut accomplie cette parole de l’Écriture : Abraham crut ce que Dieu lui avait dit, et sa foi lui fut imputée à justice, et il fut appelé ami de Dieu.
24 Vous voyez donc que l’homme est justifié par les œuvres, et non pas seulement par la foi.
25 Rahab, cette femme courtisane, ne fut-elle pas de même justifiée par les œuvres, en recevant les espions, et les renvoyant par un autre chemin ?
26 Car de même qu’un corps sans l’âme est mort, ainsi la foi sans les œuvres est morte.

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