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Matthieu 16.22
Vigouroux


1 Alors les pharisiens et les saduccéens s’approchèrent de Lui pour Le tenter, et ils Le prièrent de leur faire voir un signe qui vînt du Ciel.
[16.1 Voir Marc, 8, 11.]
2 Mais Il leur répondit : Le soir venu, vous dites : Il fera beau, car le ciel est rouge.
[16.2 Voir Luc, 12, 54.]
3 Et le matin : Il y aura aujourd’hui de l’orage, car le ciel est sombre et rougeâtre.
4 Vous savez donc discerner l’aspect du ciel, et vous ne pouvez pas connaître les signes des temps ! Cette génération mauvaise et adultère demande un signe, et il ne lui sera pas donné d’autre signe que celui du prophète Jonas. Et les laissant, Il s’en alla.
[16.4 Voir Matthieu, 12, 39 ; Jonas, 2, 1.]
5 Or Ses disciples, étant passés sur l’autre rive, avaient oublié de prendre des pains.
[16.5 C’était la coutume de ces temps et de ce pays que les voyageurs portassent le pain dont ils pourraient avoir besoin.]
6 Il leur dit : Voyez, et gardez-vous du levain des pharisiens et des saduccéens.
[16.6 Voir Marc, 8, 15 ; Luc, 12, 1.]
7 Mais ils pensaient et se disaient entre eux : C’est parce que nous n’avons pas pris de pains.
8 Jésus, le sachant, dit : Hommes de peu de foi, pourquoi pensez-vous en vous-mêmes que vous n’avez pas de pains ?
9 Ne comprenez-vous pas encore, et ne vous souvenez-vous pas des cinq pains distribués à cinq mille hommes, et du nombre des paniers que vous avez emportés ?
[16.9 Voir Matthieu, 14, 17 ; Jean, 6, 9.]
10 ni des sept pains distribués à quatre mille hommes, et du nombre de corbeilles que vous avez emportées ?
[16.10 Voir Matthieu, 15, 34.]
11 Comment ne comprenez-vous pas que ce n’est point au sujet du pain que Je vous ai dit : Gardez-vous du levain des pharisiens et des saduccéens ?
12 Alors ils comprirent qu’Il ne leur avait pas dit de se garder du levain qu’on met dans le pain, mais de la doctrine des pharisiens et des saduccéens.

Pierre reconnaît Jésus comme le Messie

13 Jésus vint aux environs de Césarée de Philippe, et Il interrogeait Ses disciples, en disant : Que disent les hommes touchant le Fils de l’homme ?
[16.13 Voir Marc, 8, 27. — Césarée de Philippe, au pied de l’Hermon, près d’une des sources du Jourdain, en Gaulonitide, s’appelait d’abord Panéas. Quand Philippe le tétrarque l’eut agrandie, il l’appela Césarée en l’honneur de Tibère César, et on y ajouta le nom même de Philippe pour le distinguer de la Césarée bâtie sur la Méditerranée, par Hérode le Grand, entre Joppé et Dora. Aujourd’hui Césarée de Philippe a repris son nom primitif sous la forme Bânias et compte environ 150 maisons.]
14 Ils Lui répondirent : Les uns, qu’Il est Jean-Baptiste ; les autres, Elie ; les autres, Jérémie, ou quelqu’un des prophètes.
[16.14 Voir Marc, 8, 28 ; Luc, 9, 19.]
15 Jésus leur dit : Et vous, qui dites-vous que Je suis ?
16 Simon Pierre, prenant la parole, dit : Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant.
[16.16 Voir Jean, 6, 70.]
17 Jésus lui répondit : Tu es bienheureux, Simon, fils de Jonas, parce que ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais Mon Père qui est dans les Cieux.
18 Et Moi, Je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre Je bâtirai Mon église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle.
[16.18 Voir Jean, 1, 42. — Dans le syro-chaldéen que l’on parlait au temps de Jésus-Christ, il n’y avait point de différence entre le nom propre Pierre, et le nom commun pierre ; c’est pourquoi, dans cette langue, l’allusion est plus naturelle. — Les portes de l’enfer, c’est-à-dire le palais, le royaume de l’enfer, l’enfer lui-même. Comme partie principale d’un édifice, les portes sont mises pour le tout. On dit la Porte Ottomane pour le royaume ottoman. Remarquez aussi que l’enfer est souvent représenté dans l’Ecriture comme un palais ayant des portes et des verrous.]
19 Et Je te donnerai les clefs du royaume des Cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi dans les Cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aussi dans les Cieux.
[16.19 Voir Isaïe, 22, 22 ; Jean, 20, 23. — Les mots lier et délier sont synonymes d’ouvrir et de fermer ; parce qu’anciennement on ouvrait les portes en déliant la barre, et on les fermait en la liant. Les clefs sont le symbole de la puissance. Voir Jean, 21, 17.]
20 En même temps Il ordonna à Ses disciples de ne dire à personne qu’Il était Jésus, le Christ.
21 Dès lors Jésus commença à montrer à Ses disciples qu’il fallait qu’Il allât à Jérusalem, qu’Il souffrît beaucoup de la part des anciens, et des scribes, et des princes des prêtres, et qu’Il fût mis à mort, et qu’Il ressuscitât le troisième jour.
[16.21 De la part des anciens, des scribes et des princes des prêtres. Les anciens, titre de dignité, dont il est si souvent question dans les Evangiles, sont les membres du sanhédrin. Cette dénomination provient de ce que primitivement les chefs des villes et les juges étaient choisis parmi les vieillards. Dans plusieurs passages des Actes des Apôtres, 11, 30, etc., et dans les Epîtres, le mot d’anciens a un autre sens, comme il sera expliqué en son lieu. — Sur les scribes et les princes des prêtres, voir Matthieu, note 2.4.]
22 Et Pierre, Le prenant à part, commença à Le reprendre, en disant : A Dieu ne plaise, Seigneur ; cela ne Vous arrivera point.
23 Mais Jésus, Se retournant, dit à Pierre : Va-t’en derrière Moi, Satan ; tu m’es un sujet de scandale, car tu n’as pas le goût des choses de Dieu, mais des choses des hommes.
[16.23 Voir Marc, 8, 33. — Retire-toi, etc. C’est comme si le Sauveur disait : Ma volonté et celle de mon Père est que je meure pour le salut des hommes, et tu veux m’empêcher de souffrir ; tu mérites donc d’être appelé Satan, c’est-à-dire adversaire, contradicteur.]
24 Alors Jésus dit à Ses disciples : Si quelqu’un veut venir après Moi, qu’il renonce à lui-même, et qu’il porte sa croix, et qu’il Me suive.
[16.24 Voir Matthieu, 10, 38 ; Luc, 9, 23 ; 14, 27.]
25 Car celui qui voudra sauver sa vie, la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de Moi, la trouvera.
[16.25 Voir Luc, 17, 33 ; Jean, 12, 25. — Car celui qui voudra sauver, etc. Comparer à Matthieu, 10, 39 (voir la note).]
26 Que sert à l’homme de gagner le monde entier, s’il perd son âme ? ou qu’est-ce que l’homme donnera en échange de son âme ?
27 Car le Fils de l’homme viendra dans la gloire de Son Père avec Ses Anges, et alors Il rendra à chacun selon ses oeuvres.
[16.27 Voir Actes des Apôtres, 17, 31 ; Romains, 2, 6.]
28 En vérité, Je vous le dis. il y en a quelques-uns de ceux qui sont ici présents, qui ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme venant en Son règne. [16.28 Voir Matthieu, 16, 27-28 (inutile). — Plusieurs Pères de l’Eglise croient que le Sauveur veut parler de sa transfiguration, rapportée dans le chapitre suivant ; l’expression quelques-uns de ceux qui sont ici donne à ce sentiment une probabilité. — Néanmoins, à cause des nombreux passages parallèles, dans lesquels le texte ne peut s’entendre de la Transfiguration, comme le verset précédent (27) ou en Matthieu, 24, 30 et Luc, 21, 27, on peut donner avec d’autres interprètes l’explication suivante. Il faut d’abord faire remarquer que cette annonce est confirmée par les quatre évangélistes et la comparaison des textes permet d’éclaircir le sens. Au lieu de : Venant dans son royaume, saint Marc, 8, 39, dit : « Le Royaume de Dieu venant dans sa puissance Â». Dans saint Matthieu, 10, 23, le Christ leur dit : « Vous n’aurez pas fini d’évangéliser toutes les villes d’Israël jusqu’à ce que vienne le Fils de l’homme. Â» Dans saint Jean, 21, 22, le Christ dit : « Je veux qu’il [saint Jean] demeure [vivant] jusqu’à ce que je vienne. Â» Saint Luc écrit pareillement : « Quelques-uns sont ici qui ne goûteront point la mort qu’ils n’aient vu le royaume de Dieu Â» (voir Luc, 9, 27). Si Jésus annonce que l’évangélisation de toutes les villes d’Israël ne sera pas achevée (voir Matthieu, 10, 23), alors que pourtant viendra le Fils de l’homme « dans sa Puissance Â», ce royaume annoncé ne pouvait être le règne de Dieu dans les âmes (à peine commencé), comme le pense J.-H. MICHON. Qu’est-ce alors ? CRAMPON pense à la ruine de Jérusalem en l’an 70 et à l’établissement du christianisme tout en indiquant qu’il ne s’agit là que du premier acte, de la figure, de ce qui doit s’accomplir complètement à la fin des temps. « Pendant tout le premier siècle, il y eut au sein de l’Eglise cette croyance que Jésus allait paraître dans le monde, pour y établir son règne dorénavant triomphant et glorieux. Â» (MICHON) Mais pourquoi n’est-il pas arrivé au temps annoncé ? Nous en donnons une explication en Jean, note 21.22.]

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