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2 Rois 5.2
Vigouroux


1 Naaman, général de l’armée (prince de la milice) du roi de Syrie, était puissant et en grand honneur auprès de son maître, parce que le Seigneur avait sauvé par lui la Syrie. Il était vaillant et riche, mais lépreux.
[5.1 Naaman, prince de la milice du roi de Syrie, Bénadad. Il habitait Damas, et d’après l’historien Josèphe, c’était lui qui avait tué le roi Achab d’Israël par une flèche tirée au hasard, voir 3 Rois, 22, 34. Son souvenir est toujours vivant à Damas. « D’après la tradition, la maison même qu’il habitait est aujourd’hui un hôpital de lépreux. Nous avons visité, dit le Dr Guibout, cette antique maison de Naaman, devenue, pour consacrer le souvenir de sa guérison miraculeuse, une léproserie. Nous y avons vu une douzaine de malheureuses femmes, défigurées par cette horrible maladie : le visage monstrueusement difforme, le front, les paupières, le nez, les lèvres, les joues d’un développement énorme, d’une épaisseur hideuse, d’une teinte violacée et sanieuse repoussante. Telle est la lèpre tuberculeuse, hypertrophique et ulcéreuse, à marche lente, désorganisant l’économie, incurable et mortelle. Tel était, sans doute, l’état de Naaman, quand Elisée le guérit. » (Jérusalem, Le Caire, Damas, 1889, p. 293).]
2 Or quelques voleurs, sortis de Syrie, avaient emmené captive une petite fille du pays d’Israël, qui fut depuis mise au service de la femme de Naaman.
3 Et elle dit à sa maîtresse : Plût à Dieu que mon seigneur eût été trouver le prophète qui est à Samarie ! Il l’aurait sans doute guéri de sa lèpre.
4 Naaman vint donc trouver son maître, et lui dit : Une jeune fille d’Israël a dit telle et telle chose.
5 Le roi de Syrie lui répondit : Allez, et j’écrirai au roi d’Israël. Il partit, prit avec lui dix talents d’argent, six mille écus (sicles) d’or, et dix vêtements de rechange,
[5.5 Le talent d’argent valait à peu près 4414 francs 50 ; et le sicle d’or environ 10 francs 51. ― Dix rechanges de vêtements ; ou dix vêtements de rechange ; c’est-à-dire dix tuniques et dix manteaux ; car les vêtements ordinaires étaient la tunique et le manteau. (Comparer à Juges, 14, 12). La coutume des Orientaux, de ne pas porter des habits justes au corps, permettait d’en offrir même à des personnes qu’on ne connaissait pas.]
6 et porta au roi d’Israël la lettre, qui était conçue en ces termes : Lorsque vous aurez reçu cette lettre, vous saurez je vous ai envoyé Naaman, mon serviteur, afin que vous le guérissiez de sa lèpre.
7 Lorsque le roi d’Israël eut lu cette lettre, il déchira ses vêtements, et dit : Suis-je (un) Dieu (, moi), pour pouvoir ôter et rendre la vie ? Pourquoi m’a-t-il envoyé un homme afin que je le guérisse de sa lèpre   Remarquez et voyez qu’il cherche une occasion de dispute contre moi.
8 Elisée, homme de Dieu, ayant appris que le roi d’Israël avait déchiré ainsi ses vêtements, lui envoya dire : Pourquoi avez-vous déchiré vos vêtements ? Que cet homme vienne à moi, et qu’il sache qu’il y a un prophète en Israël.
9 Naaman vint donc avec ses chevaux et ses chars, et s’arrêta à la porte de la maison d’Elisée.
10 Et Elisée lui envoya un messager pour lui dire : Va te laver sept fois dans le Jourdain, et ta chair se guérira, et tu seras purifié.
11 Naaman se retirait irrité, en disant : Je croyais qu’il sortirait vers moi, et que, se tenant debout, il invoquerait le nom du Seigneur son Dieu, qu’il toucherait de sa main ma lèpre, et qu’il me guérirait.
12 Les fleuves d’Abana, et de Pharphar, à Damas, ne sont-ils pas meilleurs que tous ceux d’Israël ? Ne puis-je pas m’y laver, et devenir pur ? Il s’était déjà retourné, et s’en allait (tout) indigné,
[5.12 Abana et Pharphar. « Quelques-uns croient que l’Abana est l’Oronte ; d’autres que c’est le Chrysorrhoas des Grecs et le Barrada des Musulmans. Des savants non moins estimables pensent devoir appliquer la dernière de ces dénominations au Pharphar. Peut-être ne serait-il pas déraisonnable de conjecturer que les Pharphar et l’Abana ne sont que deux branches d’un même fleuve. Quoi qu’il en soit de ces opinions, c’est surtout au Barrada que Damas doit la beauté et la fertilité de sa plaine. Sa source est au mont Liban. Il se divise aujourd’hui en sept branches : ce sont autant de rivières qui arrosent les jardins du dehors, pénètrent par divers canaux dans ceux de l’intérieur, fournissent de l’eau aux bains qui sont en grand nombre, aux fontaines publiques, aux bassins, au château-fort, se réunissent ensuite à peu de distance de Damas, coulent en un seul fleuve pendant quelques lieues et vont se perdre dans un grand lac que les Arabes appellent Behairat-el-Mardi, la mer du Pré. » (DE GERAMB.)]
13 lorsque ses serviteurs s’approchèrent de lui, et lui dirent : Père, alors même que le prophète vous aurait ordonné une chose difficile (importante), vous auriez dû néanmoins la faire ; combien plus deviez-vous obéir, lorsqu’il vous a dit : Allez vous laver, et vous deviendrez pur ?
[5.13 Le mot père était en Orient un titre d’honneur et une marque d’affection. Les Grecs et les Romains ont imité cet usage.]
14 Il s’en alla donc, et se lava sept fois dans le Jourdain, selon l’ordre de l’homme de Dieu ; et sa chair devint comme la chair d’un petit enfant, et il fut guéri.
[5.14 Voir Luc, 4, 27.]
15 Et il retourna avec toute sa suite vers l’homme de Dieu ; et il vint se présenter devant lui, et lui dit : Je sais certainement qu’il n’y a pas d’autre Dieu dans toute la terre que celui qui est en Israël. Je te conjure donc d’accepter l’offrande (une bénédiction) de ton serviteur.
[5.15 Si ce n’est dans Israël ; construction elliptique, pour : Si ce n’est celui qui est dans Israël. ― Une bénédiction, c’est-à-dire un présent. Voir Genèse, 33, 11.]
16 Elisée lui répondit&nnbsp;: Vive (Il vit) le Seigneur devant lequel je me tiens ! Je ne recevrai rien. Et, quelque instance que fît Naaman, il ne voulut jamais céder.
17 Et Naaman lui dit : Comme tu veux ; mais, je te prie, permets-moi d’emporter la charge de deux mulets de la terre de ce pays. Car à l’avenir ton serviteur n’offrira plus d’holocauste ou de victime aux dieux étrangers, mais seulement au Seigneur.
18 Il n’y a qu’une chose au sujet de laquelle tu voudras bien prier le Seigneur pour ton serviteur : lorsque le roi mon seigneur entrera dans le temple de Remmon pour adorer en s’appuyant sur ma main, si je me prosterne dans le temple de Remmon, lorsqu’il se prosternera lui-même, que le Seigneur me le pardonne.
[5.18-19 Les interprètes anciens et nouveaux justifient généralement, quoique diversement, la demande de Naaman, et par là même la réponse d’Elisée. Selon le plus grand nombre, Naaman pouvait consciencieusement accompagner le roi dans le temple de Remmon, lui prêter son bras pour s’appuyer et se prosterner, en se prosternant lui-même ; attendu que c’était là un service purement civil qu’il rendait à son maître, sans nul égard, nulle considération pour l’idole. Et si, malgré cela, il croit devoir implorer l’indulgence du Seigneur, c’est qu’il craint que son action, quoique licite en elle-même, ne puisse faire une impression fâcheuse sur ceux qui ne l’apprécieraient pas à sa juste valeur. Nous devons ajouter que le texte hébreu peut parfaitement s’entendre d’un fait qui a déjà eu lieu. Or, dans ce cas, toute difficulté disparaît entièrement.]
19 Elisée lui répondit : Va en paix. Naaman se sépara ainsi de lui, et il avait déjà fait quelque chemin,
[5.19 Dans le plus beau temps ; littéralement : dans le temps choisi ; c’est-à-dire au printemps ; car c’est ainsi que la Vulgate a rendu la même expression hébraïque que dans Genèse, chapitre 35. (?)]
20 lorsque Giézi, serviteur de l’homme de Dieu, dit en lui-même : Mon maître a épargné ce Syrien Naaman, et n’a rien voulu recevoir de lui. Vive le Seigneur (vit) ! je courrai après lui, et j’en recevrai quelque chose.
21 Giézi s’en alla donc après Naaman, et celui-ci, le voyant courir vers lui, descendit promptement de son char, vint au-devant de lui, et lui dit : Tout va-t-il bien ?
22 Giézi lui répondit : Très bien : Mon maître m’a envoyé vous dire : Deux jeunes hommes des fils des prophètes sont arrivés tout à l’heure de la montagne d’Ephraïm ; donne-leur un talent d’argent et deux vêtements de rechange.
[5.22 Un talent d’argent… deux vêtements, etc. Voir le verset 5.]
23 Naaman lui dit : Il vaut mieux que tu prennes deux talents. Et il le contraignit de les recevoir ; et il mit les deux talents d’argent dans deux sacs, prit deux vêtements, et il en chargea deux de ses serviteurs, qui les portèrent devant Giézi.
24 Lorsque le soir fut venu, Giézi les prit de leurs mains et les serra dans sa maison, et il renvoya ces gens, qui s’en retournèrent.
25 Giézi entra ensuite, et se tint devant son maître. Et Elisée lui dit : D’où viens-tu, Giézi ? Giézi lui répondit : Votre serviteur n’a été nulle part.
26 Mais Elisée lui répondit : Mon cœur (esprit) n’était-il pas présent avec toi lorsque cet homme est descendu de son char pour aller au-devant de toi ? Maintenant donc, tu as reçu de l’argent et des habits pour acheter des plants d’oliviers, des vignes, des bœufs, des brebis, des serviteurs et des servantes.
[5.26 L’homme ; Naaman. L’article, qui manque dans l’hébreu, est dans le grec.]
27 Mais (aussi) la lèpre (même) de Naaman s’attachera à toi et à toute ta race pour jamais. Et Giézi se retira d’avec son maître tout couvert d’une lèpre blanche comme la neige.

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