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Cantique 4.10
Grande Bible de Tours


Le jeune homme

1 Que vous êtes belle, ô mon amie, que vous êtes belle ! Vos yeux sont ceux de la colombe, sans parler de ce qui est caché à l’intérieur*. Vos cheveux sont comme les troupeaux de chèvres qui apparaissent sur le haut de la montagne de Galaad*.
La principale beauté de l’Église vient de ses vertus intérieures, et surtout de sa charité parfaite.
Les chèvres de Gaaad étaient célèbres par leur longue toison à la laine blanche et bouclée.
2 Vos dents sont comme des troupeaux de brebis tondues qui sont montées du lavoir, et qui portent toutes un double fruit, sans qu’il y en ait de stériles parmi elles*.
C’est-à-dire, sont blanches et pures, bien rangées, parfaitement saines et intactes. D’après certains interprètes, les dents de l’Épouse représentent les Docteurs de l’Église, qui broient le pain de la divine parole et le mettent à la portée de l’intelligence des fidèles. (S. AMBROISE et S. GRÉGOIRE DE NYSSE.)
3 Vos lèvres sont comme une bandelette de pourpre ; votre parole est douce. Vos joues sont comme une moitié de pomme de grenade, sans parler de ce qui est caché à l’intérieur.
4 Votre cou est comme la tour de David, couronnée de créneaux ; mille boucliers y sont suspendus, avec toutes sortes d’armes pour les plus vaillants.
5 Vos mamelles sont semblables aux jumeaux de la gazelle, qui paissent parmi les lis,
6 Jusqu’à ce que le jour commence à paraître, et que les ombres déclinent. J’irai à la montagne de la myrrhe et à la colline de l’encens*.
Montagne et colline du Liban, dont les arbres produisent la myrrhe et l’encens en abondance. Dans un sens plus élevé, la montagne de la myrrhe figure le Calvaire, où l’Époux devait monter pour y mourir. La colline de l’encens figure la gloire de la divinité où il devait s’élever pour recevoir l’encens de nos adorations et de nos prières. (S. GRÉGOIRE DE NYSSE, THÉODORET.)
7 Vous êtes toute belle, ô mon amie, et il n’y a point de tache en vous*.
Ces paroles, appliquées à l’Église, épouse de Jésus-Christ, le sont aussi à toute âme qui a été purifiée par son sang, et en particulier à la Vierge Marie, en qui tout a été pur et sans tache.
8 Venez du Liban, mon épouse, venez du Liban, vous serez couronnée ; venez de la pointe d’Amana, du haut des monts de Sanir et d’Hermon*, des cavernes des lions, et des montagnes des léopards.
Amana, Sanir et Hermon sont des pics de la chaîne orientale du Liban, appelée Anti-Liban.
9 Vous avez blessé mon cœur, ô ma sœur, mon épouse ; vous avez blessé mon cœur d’un seul de vos regards, avec un seul des cheveux qui tombent sur votre cou.
10 Que votre amour est délicieux, ô ma sœur, mon épouse ! Les délices de votre amour sont préférables au vin le plus exquis ; l’odeur de vos parfums surpasse celle des aromates les plus précieux.
11 Vos lèvres, ô mon épouse, sont un rayon qui distille le miel ; le miel et le lait sont sous votre langue*, et l’odeur de vos vêtements est comme l’odeur de l’encens.
La parole de Dieu est souvent comparée au miel et au rayon de miel. (Ps. XVIII, 11.) Or cette parole est toujours sur les lèvres de l’Église, pour rafraichir et vivifier les âmes qui lui appartiennent. Au miel est ajouté le lait, pour marquer que l’Église sait aussi prendre soin des enfants confiés à sa tendresse.
12 Ma sœur, mon épouse, est un jardin fermé, elle est un jardin fermé et une fontaine scellée.
13 Vos plantations forment un jardin de délices, rempli de pommes de grenades, et de toutes sortes de fruits de cypre et de nard.
14 Le nard et le safran, la canne et le cinnamome, avec tous les arbres du Liban, s’y trouvent, aussi bien que la myrrhe et l’aloès, et tous les parfums les plus exquis*.
Ces fruits et ces parfums de différentes espèces sont les images des vertus qui font l’ornement de l’Épouse.
15 Là est la fontaine des jardins et le puits des eaux vives*, qui coulent avec impétuosité du Liban.
Les eaux vives de la grâce ont leur source et leur centre dans l’Église, qui, par ses sept sacrements, comme par autant de canaux, les distribue aux âmes fidèles.

La jeune femme

16 Retirez-vous, aquilon ; venez, vent du midi, soufflez dans mon jardin, et que les parfums en découlent*.
Que mon bien-aimé vienne dans son jardin, et qu’il mange du fruit de ses arbres.
L’Épouse prie l’Esprit-Saint de faire éclore les parfums et les fleurs, c’est-à-dire les vertus, et de les répandre par toute la terre.

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