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Ecclésiaste 2.18
Vigouroux


Les plaisirs, les richesses et le travail

1 J’ai dit en mon cœur : J’irai, et je regorgerai de (nagerai dans les) délices, et je jouirai des biens ; et j’ai vu que cela aussi était une vanité.
2 J’ai regardé le rire comme une folie (erreur), et j’ai dit à la joie : Pourquoi te trompes-tu (séduis-tu) vainement ?
3 Je résolus en mon cœur de retirer ma chair du vin, pour porter mon esprit à la sagesse, et pour éviter la folie, jusqu’à ce que je visse ce qui est utile aux fils des hommes, et ce qu’ils doivent faire sous le soleil pendant les jours de leur vie.
[2.3 Ma chair ; hébraïsme, pour mon corps ; c’est-à-dire moi, ma personne ; c’est la partie pour le tout, figure très usitée dans le style biblique.]
4 J’exécutai (J’ai fait) de grands ouvrages, je me (suis) bâti(s) des maisons, et je plantai (j’ai planté) des vignes ;
5 je fis des jardins et des vergers, et j’y plantai toutes sortes d’arbres,
[2.5 Le Jardin fermé. D’après la tradition, le Jardin fermé se trouvait au sud de Bethléhem, au fond d’une vallée étroite et profonde appelée Ouadi Ourtas. « La chaleur concentrée et l’abondance des eaux rendent ce terrain si prodigieusement fertile qu’on y avoir cinq récoltes de pommes de terre par an. » (LIEVIN.)]
6 et je me construisis des réservoirs d’eaux, pour arroser la forêt où croissaient les arbres (qui étaient en pleine végétation) ;
[2.6 Des réservoirs d’eaux. Une tradition, dont il est d’ailleurs impossible de vérifier l’exactitude, attribue à l’auteur de l’Ecclésiaste les trois grands réservoirs situés au-dessous du Jardin fermé et qu’on appelle Etangs ou Vasques de Salomon.]
7 j’achetai des serviteurs et des servantes, et j’eus de nombreux esclaves nés à la maison (une nombreuse famille), et des troupeaux de bœufs, et de grands troupeaux de brebis, plus que tous ceux qui ont été avant moi dans Jérusalem.
[2.7 Des serviteurs et des servantes ; c’est-à-dire des esclaves hommes et femmes. ― Une nombreuse famille ; dans l’hébreu, des fils de maison ; ce qui signifie les fils des esclaves, nés dans la maison du maître.]
8 Je m’amassai de l’argent et de l’or, et les richesses des rois et des provinces ; je me procurai des chanteurs et des chanteuses, et (tout ce qui fait) les délices des fils des hommes, et des coupes pour servir à verser le vin ;
9 et je surpassai en richesses tous ceux qui ont été avant moi dans Jérusalem ; la sagesse aussi demeura avec moi.
10 Je n’ai rien refusé à mes yeux de tout ce qu’ils ont désiré, et j’ai permis à mon cœur de jouir de tous les plaisirs (toutes sortes de voluptés), et de prendre ses délices dans tout ce que j’avais préparé, et j’ai cru que mon partage était de jouir de mes travaux.
11 Puis, m’étant retourné vers tous les ouvrages que mes mains avaient faits, et vers les travaux où j’avais pris une peine inutile, j’ai vu en tout vanité et affliction d’esprit, et j’ai reconnu que rien n’est stable sous le soleil.

Le même sort pour tous

12 J’ai passé à la contemplation de la sagesse, et des erreurs, et de la folie. Qu’est l’homme, dis-je, pour qu’il puisse suivre le roi qui l’a créé ?
13 Et j’ai vu que la sagesse a autant d’avantage sur (surpasse autant) la folie que la lumière diffère des ténèbres.
14 Les yeux du sage sont à sa tête ; l’insensé marche dans les ténèbres ; et j’ai reconnu (appris) qu’ils meurent tous deux l’un comme l’autre.
[2.14 Voir Proverbes, 17, 24 ; Ecclésiaste, 8, 1.]
15 Et j’ai dit en mon cœur : Si moi et l’insensé devons mourir également, que me sert de m’être appliqué davantage à la sagesse ? Et me parlant à moi-même, j’ai reconnu que cela aussi était vanité.
16 Car la mémoire du sage n’est pas plus éternelle que celle de l’insensé, et les temps à venir enseveliront tout pareillement dans l’oubli ; le savant meurt aussi bien que l’ignorant.
17 C’est pourquoi j’ai été las de la vie, en voyant que tout est mauvais (tous les maux qui sont) sous le soleil, et que tout est vanité et affliction d’esprit.
18 J’ai ensuite (de nouveau) détesté toute l’application si grande avec laquelle j’avais tant travaillé sous le soleil, devant laisser après moi un héritier
19 au sujet duquel j’ignore s’il sera sage ou insensé, et pourtant il sera maître de tous mes travaux auxquels je me suis appliqué avec tant de peine ; et y a-t-il rien de si vain ?
20 C’est pourquoi j’ai cessé (d’agir), et mon cœur a renoncé à travailler davantage sous le soleil.
21 Car après qu’un homme a travaillé avec sagesse, et avec science et sollicitude, il laisse ce qu’il a acquis à un être (homme) oisif. Cela aussi est donc (une) vanité et un grand mal.
22 Car quel profit aura l’homme de tout son travail, et de l’affliction d’esprit dont il a été tourmenté sous le soleil ?
23 Tous ses jours sont pleins de douleurs et de misères (chagrins), et son âme n’a pas même de repos pendant la nuit. Et n’est-ce pas là une vanité ?
24 Ne vaut-il pas mieux manger et boire, et montrer le bonheur à son âme du fruit de ses travaux ? Et cela vient de la main de Dieu.
[2.24 Est-ce qu’il, etc. Le but de l’auteur dans ce verset est de nous prémunir contre une avarice sordide et la passion de rechercher les richesses, en disant qu’il vaut mieux passer sa vie à jouir avec modération des fruits de ses travaux, comme d’autant de dons du Créateur, que de s’en priver pour se consumer dans des soucis immodérés et dans une vaine poursuite des faux biens de ce monde. Ainsi rien ne prouve que cet auteur se montre épicurien, comme le veulent quelques incrédules.]
25 Qui se rassasiera et jouira de toutes sortes de délices autant que moi ?
26 A l’homme qui lui est agréable, Dieu a donné la sagesse, et la science, et la joie ; mais au pécheur il a donné l’affliction et les soins inutiles, afin qu’il amasse et accumule, et qu’il laisse ses biens à celui qui est agréable à Dieu. Mais cela aussi est (une) vanité et un stérile tourment d’esprit.

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