/   /   /  Ruth 3:2     

Ruth 3.2
Vigouroux


Mariage de Ruth et Boaz

1 (Or,) Après que Ruth fut revenue auprès de sa belle-mère, celle-ci lui dit : Ma fille, je pense à te mettre en repos, et je pourvoirai à ton bonheur.
2 Booz, aux filles duquel tu t’es jointe dans le champ, est notre proche parent, et il vannera cette nuit son orge dans son aire.
[3.2 Il vanne l’aire de l’orge ; pour il vanne l’orge de l’aire, ou dans l’aire. ― Quand on se reporte à la simplicité des mœurs de ces anciens temps, et que l’on examine sans prévention l’ensemble de ce récit, on est loin de le trouver scandaleux comme l’ont trouvé quelques incrédules, affectant une chasteté, qu’ils n’avaient peut-être pas dans le cœur.]

3 Lave-toi donc, parfume-toi d’huile, et prends tes plus beaux vêtements, et va à son aire. Que Booz ne te voie point jusqu’à ce qu’il ait fini de boire et de manger.
4 Quand il s’en ira dormir, remarque le lieu où il dormira ; tu y viendras, et tu découvriras la couverture dont il sera couvert du côté des pieds, et tu te jetteras (coucheras) là et y dormiras. Il te dira lui-même ensuite ce que tu dois faire.
5 Ruth lui répondit : Je ferai tout ce que vous me commanderez.
6 Elle alla donc à l’aire de Booz, et fit tout ce que sa belle-mère lui avait commandé.
7 Et lorsque Booz, après avoir bu et mangé, et être devenu plus gai, s’en alla dormir près d’un (du) tas de gerbes, elle vint doucement, et, ayant découvert sa couverture du côté des pieds, elle se coucha là.
[3.7 Et qu’il fut allé dormir près du tas de gerbes. Depuis le moment où le blé commence à être transporté sur l’aire jusqu’au jour où il en est enlevé, après avoir été battu et vanné, le propriétaire dort la nuit à côté de ses gerbes, dont quelques-unes lui servent de couche et le garantissent de la rosée de la nuit. Il est nécessaire de garder ainsi la récolte pour la garantir contre les voleurs, si l’aire n’est pas éloignée du village, ou pour la mettre à l’abri des ravages des sangliers, quand on est loin des lieux habités. Dans les parties montagneuses de la Palestine, les cerfs et les ours sont aussi à redouter pour les monceaux de blé. Sur les bords du Jourdain, les cultivateurs sont souvent obligés de couper les récoltes avant qu’elles soient entièrement mûres, pour les dérober aux Bédouins qui viennent du désert, s’emparent des grains, les chargent sur leurs chameaux ou leurs chevaux et les emportent.]
8 Tout à coup, vers minuit, Booz fut effrayé et se troubla voyant une femme couchée à ses pieds ;
9 et il lui dit : Qui es-tu ? Elle lui répondit : Je suis Ruth, votre servante ; étendez votre couverture sur votre servante, parce que vous êtes mon proche parent.
10 Booz lui dit : Ma fille, que le Seigneur te bénisse (tu es bénie du Seigneur) ; cette dernière bonté (miséricorde) que tu témoignes dépasse encore la première, parce que tu n’es pas allée chercher de jeunes gens, pauvres ou riches.
[3.10 La première miséricorde ; la bonté, la charité que tu as eue pour ton mari et ta belle-mère. ― La dernière ; le zèle que tu mets à faire revivre la mémoire et le nom de ton premier mari, en épousant un parent âgé préférablement à un jeune homme, que tu devrais naturellement rechercher étant jeune toi-même.]
11 Ne crains donc point, je ferai (pour toi) tout ce que tu me diras ; car tout le peuple de cette ville sait que tu es une femme vertueuse.
12 Pour moi, je ne désavoue pas que je sois ton parent ; mais il y en a un autre plus proche que moi.
13 Repose-toi cette nuit ; et aussitôt que le matin sera venu, s’il veut te retenir par son droit de parenté, tout sera bien ; s’il ne le veut pas, je te jure par le Seigneur qu’indubitablement (le Seigneur vit !) je te prendrai. Dors là jusqu’au matin.
[3.13 Le Seigneur vit ! Voir Juges, 8, 19.]
14 Elle dormit donc à ses pieds jusqu’à ce que la nuit fût passée ; et elle se leva le matin, avant que les hommes se pussent entre-connaître. Booz lui dit encore : Prends bien garde que personne ne sache que tu es venue ici.
15 Et il ajouta : Etends le manteau que tu as sur toi, et tiens-le bien des deux mains. Ruth l’ayant étendu et le tenant, il lui mesura six boisseaux d’orge et les chargea sur elle. Elle rentra à la ville en les portant
16 et vint trouver sa belle-mère, qui lui dit : Ma fille, qu’as-tu fait ? Elle lui raconta tout ce que Booz avait fait pour elle
17 et elle lui dit : Voilà six boisseaux d’orge qu’il m’a donnés, en me disant : Je ne veux pas que tu retournes vers ta belle-mère les mains vides.
18 Noémi lui dit : Attends, ma fille, jusqu’à ce que nous voyons l’issue de cette affaire. Car c’est un homme à n’avoir aucun repos qu’il n’ait accompli tout ce qu’il a dit.

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