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Parabole de l’intendant infidèle
1 Jésus disait aussi à ses disciples : Un homme riche avait un économe, et celui-ci fut accusé auprès de lui d’avoir dissipé ses biens. 2 Et il l’appela, et lui dit : Qu’est-ce que j’entends dire de toi ? Rends compte de ta gestion, car tu ne pourras plus désormais gérer mon bien. 3 Alors l’économe dit en lui-même : Que ferai-je, puisque mon maître m’ôte la gestion de son bien ? Travailler la terre, je ne le puis, et je rougis de mendier. 4 Je sais ce que je ferai, afin que, lorsque j’aurai été destitué de la gestion, il y ait des gens qui me reçoivent dans leurs maisons. 5 Ayant donc fait appeler chacun des débiteurs de son maître, il disait au premier : Combien dois-tu à mon maître ? 6 Il répondit : Cent mesures d’huile. Et l’économe lui dit : Prends ton obligation, assieds-toi vite, et écris cinquante. [16.6 Cent barils d’huile. Dans le texte original : cent baths, c’est-à-dire environ 3800 litres.] 7 Il dit ensuite à un autre : Et toi, combien dois-tu ? Il répondit : Cent mesures de froment. Et il lui dit : Prends ton obligation, et écris quatre-vingts. [16.7 Cent mesures de froment. Dans le texte original : cent kors, c’est-à-dire environ 33 ;800 litres.] 8 Et le maître loua l’économe infidèle de ce qu’il avait agi habilement ; car les enfants de ce siècle sont, dans leur monde, plus habiles que les enfants de lumière. [16.8 Les fils du siècle, les fils de la lumière, sont des locutions purement hébraïques, qui signifient les amateurs du siècle, ceux qui aiment les choses de la terre, les mondains et les hommes éclairés des lumières de la foi. — Entre eux, à l’égard les uns des autres ; ou bien dans leur manière d’agir, dans leur conduite ; mais la première interprétation est plus rapprochée du texte sacré. — Le maître loue, non l’injustice de son économe, mais son activité et son adresse ; il n’avait donné à celui-ci ni le droit ni la permission de disposer de son bien ; tandis que Dieu a donné non seulement une permission, mais un ordre formel à tous ceux qui tiennent de lui les biens temporels ou spirituels, de les distribuer libéralement. — « Par la conduite de l’économe infidèle, le Seigneur a voulu, selon saint Augustin, nous faire comprendre que si un maître de la terre a pu faire l’éloge de son serviteur qui, pour un intérêt temporel, avait tenu une conduite frauduleuse, à plus forte raison nous serons agréables au maître du ciel, si, conformément à ses divines lois et en vue de la vie éternelle, nous accomplissons envers le prochain des œuvres soit de justice, soit de miséricorde. Du reste le Seigneur n’a pas loué ce serviteur pour la nouvelle fraude commise envers son maître, mais pour la pénétration et l’esprit de prévoyance et de calcul dont il a fait preuve à son propre avantage. » (Mgr PICHENOT.)] 9 Et moi je vous dis : Faites-vous des amis avec les richesses d’iniquité, afin que, lorsque vous viendrez à manquer, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels. [16.9 Les richesses injustes sont ainsi appelées, parce qu’elles sont souvent mal acquises ou mal employées. Mais, comme en hébreu le même mot signifie vanité et iniquité, d’autres croient qu’il s’agit ici de richesses vaines, opposées aux biens véritables, dont il est parlé au verset 11.] 10 Celui qui est fidèle dans les moindres choses, est fidèle aussi dans les grandes ; et celui qui est injuste dans les moindres choses, est injuste aussi dans les grandes. 11 Si donc vous n’avez pas été fidèles dans les richesses injustes, qui vous confiera les véritables ? 12 Et si vous n’avez pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est à vous ? 13 Aucun serviteur ne peut servir deux maîtres ; car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir Dieu et mammon (l’argent). [16.13 Voir Matthieu, 6, 24. — L’argent, dans l’original, mammôna, mot araméen qui signifie richesses et peut-être aussi le dieu des richesses.] 14 Or les pharisiens, qui étaient avares, entendaient toutes ces choses, et ils se moquaient de lui. 15 Et il leur dit : Vous, vous cherchez à paraître justes devant les hommes, mais Dieu connaît vos cœurs ; car ce qui est grand pour les hommes est une abomination devant Dieu. 16 La loi et les prophètes ont duré jusqu’à Jean ; depuis lors, le royaume de Dieu est annoncé, et chacun fait effort pour y entrer. [16.16 Voir Matthieu, 11, 12.] 17 Il est plus facile que le ciel et la terre passent, qu’il ne l’est qu’un seul trait de la loi vienne à tomber. [16.17 Voir Matthieu, 5, 18.] 18 Quiconque renvoie sa femme, et en épouse une autre, commet un adultère ; et quiconque épouse celle qui a été renvoyée par son mari, commet un adultère. [16.18 Voir Matthieu, 5, 32 ; Marc, 10, 11 ; 1 Corinthiens, 7, 10-11.]
Histoire de l’homme riche et du pauvre Lazare
19 Il y avait un homme riche, qui était vêtu de pourpre et de lin, et qui faisait chaque jour une chère splendide. 20 Il y avait aussi un mendiant, nommé Lazare, qui était couché à sa porte, couvert d’ulcères, [16.20 Lazare, personnage fictif, selon l’opinion commune. — Couché à sa porte. Le mot grec pylôn désigne la grande porte d’entrée, comme il y en a dans les maisons les plus importantes.] 21 désirant se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche, et personne ne lui en donnait ; mais les chiens venaient aussi, et léchaient ses plaies. 22 Or il arriva que le mendiant mourut, et fut emporté par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche mourut aussi, et il fut enseveli dans l’enfer. [16.22 Le sein d’Abraham ; c’est-à-dire le lieu de repos des âmes des saints, jusqu’à ce que le Sauveur eût ouvert le ciel par sa mort. — Le riche mourut aussi et fut enseveli dans l’enfer. « Le mauvais riche, dit saint Jean Chrysostome, n’est pas damné parce qu’il fut riche, mais qu’il ne fut pas miséricordieux. Le mauvais riche, dit saint Grégoire, n’est pas damné pour avoir dérobé le bien d’autrui, mais pour n’avoir pas fait de son propre bien un légitime usage. Le mauvais riche, dit saint Ambroise, n’est pas damné pour avoir frappé le pauvre, mais pour avoir été réellement homicide envers lui, en le laissant mourir sans secours. » (Mgr PICHENOT.)] 23 Et levant les yeux, lorsqu’il était dans les tourments, il vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein ; [16.23 Dans les tourments de l’enfer. Voir plus bas, verset 28.] 24 et s’écriant, il dit : Père Abraham, ayez pitié de moi, et envoyez Lazare, afin qu’il trempe l’extrémité de son doigt dans l’eau, pour rafraîchir ma langue, car je suis tourmenté dans cette flamme. 25 Mais Abraham lui dit : Mons fils, souviens-toi que tu as reçu les biens pendant ta vie, et que Lazare a reçu de même les maux ; or maintenant il est consolé, et toi, tu es tourmenté. 26 De plus, entre nous et vous un grand abîme a été établi ; de sorte que ceux qui voudraient passer d’ici vers vous, ou de là venir ici, ne le peuvent pas. 27 Le riche dit : Je vous supplie donc, père, de l’envoyer dans la maison de mon père ; 28 car j’ai cinq frères, afin qu’il leur atteste ces choses, de peur qu’ils ne viennent, eux aussi, dans ce lieu de tourments. 29 Et Abraham lui dit : Ils ont Moïse et les prophètes ; qu’ils les écoutent. 30 Et il reprit : Non, père Abraham ; mais si quelqu’un des morts va vers eux, ils feront pénitence. 31 Abraham lui dit : S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, quand même quelqu’un des morts ressusciterait, ils ne croiront pas.