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Joël 1.18
Vigouroux


Une invasion dévastatrice

1 Parole du Seigneur, qui fut adressée à Joël, fils de Phatuel.
2 Ecoutez ceci, vieillards ; et vous tous, habitants du pays, prêtez l’oreille. Pareille chose s’est-elle faite de votre temps ou du temps de vos pères ?
[1.2 Vieillards, etc. Joël s’adresse aux habitants de Juda.]
3 Racontez-le à vos enfants (fils), et que vos enfants (fils) le disent à leurs enfants (fils), et leurs enfants (fils) à la génération suivante.
4 La sauterelle a mangé les restes de la chenille ; le ver (bruchus) a mangé les restes de la sauterelle, et la ni(g)elle a mangé les restes du ver (bruchus).
[1.4 La chenille, etc. Selon le plus grand nombre des interprètes, tant juifs que chaldéens, ces insectes ne sont qu’une figure, qu’un symbole des ennemis du peuple juif. Le Prophète, en effet, emploie parfois des expressions qui ne conviennent nullement à des insectes quelconques. ― L’invasion des sauterelles, qui occupe une si large place dans la prophétie de Joël, est interprétée de deux façons très différentes. ― 1° La paraphrase chaldaïque, saint Ephrem, saint Jérôme et un grand nombre de commentateurs, n’ont vu dans ces insectes qu’un symbole des peuples païens, Assyriens, Mèdes, Perses, Romains. ― 2° Beaucoup de modernes entendent cette invasion dans le sens littéral, s’appuyant surtout sur ce que le Prophète ne parle que des dégâts causés dans les champs et du mal fait aux animaux, non aux personnes, tandis que, s’il s’agissait d’une guerre, les personnes auraient eu beaucoup à souffrir, et Joël n’aurait pu se dispenser de parler de leurs tribulations. De plus, toutes ses paroles semblent se rapporter à un fait passé et non futur. ― 3° Quoiqu’il soit difficile de ne pas voir dans les deux premiers chapitres un événement historique, on peut néanmoins concilier ensemble, jusqu’à un certain point, les deux opinions en admettant, comme cela paraît très vraisemblable, que Joël, dans sa seconde partie, considère l’invasion dont il a parlé dans la première comme le type du jugement de Dieu qui approche.]
5 Réveillez-vous, ivrognes ; pleurez et criez (hurlez), vous tous qui buvez le vin avec délices (du vin doux), parce qu’il vous est enlevé de la bouche.
[1.5 Doux ; littéralement, avec douceur (in dulcedine). Comme nous l’avons remarqué plus d’une fois, les adjectifs en hébreu son souvent remplacés par un substantif précédé d’une proposition. Ajoutons que le terme hébreu que la Vulgate a traduit ici par douceur signifie le vin doux ou nouveau, en latin mustum, mot qu’elle a employée ailleurs elle-même (voir Cantique des Cantiques, 8, 2 ; Isaïe, 49, 26).]
6 Car un peuple vient fondre sur mon pays, fort et innombrable : ses dents sont comme les dents d’un lion, et ses mâchoires (molaires) comme celles d’un lionceau.
[1.6 Une nation ; les sauterelles, qui ravagent et détruisent tout.]
7 Il a changé ma vigne en désert, et il a arraché l’écorce de mes figuiers ; il les a entièrement dépouillés (de ses feuilles) et il les a jetés à terre ; leurs branches (rameaux) sont devenues blanc(he)s.
[1.7 Les sauterelles rongent aussi et dévorent l’écorce des arbres.]
8 Pleure comme une vierge qui se revêt d’un sac, à cause de l’époux de sa jeunesse.
[1.8 Un sac ; c’est-à-dire, un vêtement rude et grossier qu’on portait dans le deuil.]
9 Les oblations de blé et de vin (Le sacrifice et l’oblation) ont disparu de la maison du Seigneur ; les prêtres, les ministres du Seigneur, sont en deuil.
[1.9 Les prêtres, etc. ; parce qu’ils ne peuvent plus offrir de sacrifices, à cause du manque de toutes les récoltes.]
10 La contrée a été ravagée, la terre est en deuil, parce que le blé est détruit, le vin confus (a été confondu) et l’olivier languissant (l’huile s’est desséchée).
[1.10 Le vin a été confondu ; honteux de n’avoir pas répondu à ce qu’on en attendait. C’est une prosopopée semblable à le sol a pleuré, du même verset. Comparer aux versets 12 et 17 ; Isaïe, 24, 7 ; 33, 9. Les Septante portent partout ont séché quant à l’hébreu, il est à la rigueur susceptible des deux sens, mais le premier paraît mieux fondé.]
11 Les laboureurs sont confus, les vignerons poussent de grands cris à cause du blé et de l’orge, parce que la moisson des champs a péri.
12 La vigne est confuse et le figuier languissant ; le grenadier, le palmier, le pommier et tous les arbres des champs sont desséchés ; la joie s’en est allée confuse loin (s’est évanouie) des enfants (fils) des hommes.
[1.12 En sorte que. C’est la véritable signification qu’a ici le quia de la Vulgate expliqué par l’hébreu, et la seule que comporte le contexte.]
13 Prêtres, ceignez-vous et pleurez ; poussez des cris (hurlez), ministres de l’autel ; entrez dans le temple et couchez dans un sac, ministres de mon Dieu, parce que les oblations de blé et de vin (le sacrifice ainsi que la libation) ont disparu de la maison de votre Dieu.
[1.13 Ceignez-vous ; revêtez-vous d’habits de deuil.]
14 Ordonnez un jeûne sacré, convoquez (une) l’assemblée, rassemblez les vieillards et tous les habitants du pays dans la maison de votre Dieu, et criez au Seigneur. (:)
[1.14 Voir Joël, 2, 15.]
15 Ah ! quel (ah ! ah ! au) jour ! (;) car le jour du Seigneur est proche, et il vient comme un ravage du Tout-Puissant.
[1.15 Ah ! ah ! ah ! au jour (a, a, a, diei) ; c’est-à-dire, ô jour malheureux !]
16 Est-ce que devant vos yeux les aliments, la joie et l’allégresse n’ont pas disparu de la maison de notre Dieu ?
17 Les animaux (bêtes de somme) ont pourri dans leurs ordures, les greniers ont été détruits et les magasins (granges) ruinés (dévastées), parce que le blé est confus.
[1.17 Le blé a été confondu. Voir le verset 10. ― L’invasion des sauterelles ayant tout dévasté, les animaux périssent faute de nourriture.]
18 Pourquoi les bêtes gémissent-elles, et les bœufs du (les) troupeau(x de gros bétail) mugissent-ils (ont-ils mugi) ? C’est parce qu’il n’y a plus de pâturages pour eux ; les troupeaux de brebis périssent aussi (mais même les troupeaux de menu bétail ont péri entièrement).
19 (C’est) Vers vous, Seigneur, (que) je crierai, parce que le feu a dévoré la beauté des prairies (ce qu’il y avait de beau dans le désert), et que la flamme a brûlé tous les arbres de la contrée.
[1.19 Un feu ; la stérilité, qui rend les champs comme brûlés et qui est la suite des ravages des sauterelles.]
20 Les bêtes mêmes des champs, comme une aire altérée de (qui a soif de la) pluie, lèvent la tête vers vous, parce que les sources des eaux sont desséchées, et que le feu a dévoré la beauté des prairies (ce qu’il y avait de beau dans le désert).

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