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Galates 2.20
Vigouroux


1 Ensuite, quatorze ans après, je montai de nouveau à Jérusalem avec Barnabé ; je pris aussi Tite avec moi.
[2.1 Avec Barnabé. Voir Actes des Apôtres, 4, 36. — Ayant pris Tite. Voir 2 Corinthiens, 2, 13. — Quatorze ans depuis mon 1er voyage à Jérusalem, lequel eut lieu trois ans après ma conversion. — Je montai de nouveau pour assister au concile de Jérusalem (voir Actes des Apôtres, chapitre 15). C’était le 3e voyage de Paul à Jérusalem : le second, mentionné dans Actes des Apôtres, 11, 30, est passé ici sous silence parce qu’il n’avait été qu’un voyage d’affaires, et qu’à cette époque (Pâque de l’an 44), saint Jacques le Majeur avait déjà souffert le martyre, saint Pierre était en prison et les autres Apôtres dispersés.]
2 Or, j’y montai d’après une révélation, et je leur exposai (aux fidèles) l’Evangile que je prêche parmi les gentils ; je l’exposai en particulier à ceux qui paraissaient être les plus considérés (être quelque chose, note), afin de ne pas courir ou de n’avoir pas couru en vain.
[2.2 Qui paraissent être quelque chose ; c’est-à-dire des plus considérables. Comparer à Actes des Apôtres, 5, 36.]
3 Et même Tite, qui était avec moi, et qui était païen (gentil), ne fut pas obligé de se faire circoncire ;
4 et la considération des (quelques) faux frères qui s’étaient introduits par surprise et qui s’étaient glissés parmi nous, pour épier la liberté que nous avons en Jésus-Christ, afin de nous réduire en servitude
5 ne nous fit pas consentir, même un instant, à nous soumettre à eux, afin que la vérité de l’Evangile fût maintenue parmi vous.
6 Quant à ceux qui paraissaient les plus considérés (ce qu’ils ont été autrefois ne m’importe pas ; Dieu ne fait pas acception des personnes) ; ceux, dis-je, qui paraissaient les plus considérés, ne me communiquèrent rien.
[2.6 Voir Deutéronome, 10, 17 ; Job, 34, 19 ; Sagesse, 6, 8 ; Ecclésiastique, 35, 15 ; Actes des Apôtres, 10, 34 ; Romains, 2, 11 ; Ephésiens, 6, 9 ; Colossiens, 3, 25 ; 1 Pierre, 1, 17. — Rien de nouveau, rien qui fût en opposition avec ce que je leur avais exposé.]
7 Mais, au contraire, ayant vu que la charge de prêcher l’Evangile aux incirconcis m’avait été confiée, comme à Pierre celle de le prêcher aux circoncis
[2.7 Comme à la naissance de l’Eglise chrétienne, les Juifs conservaient encore une sorte d’horreur pour les gentils, saint Pierre et saint Paul se partagèrent le ministère évangélique, de manière que le premier fut chargé de prêcher les Juifs, et le second les gentils ; mais cela n’empêchait pas chacun d’eux d’annoncer indistinctement l’Evangile aux Juifs et aux gentils, toutes les fois que l’occasion s’en présentait.]
8 (car celui qui a agi efficacement dans Pierre pour le rendre apôtre des circoncis, a aussi agi efficacement en moi pour me rendre apôtre des gentils),
[2.8 Qui a opéré ; c’est-à-dire qui a fait paraître sa puissance. — L’apostolat de la circoncision, c’est-à-dire parmi les Juifs.]
9 Jacques, Céphas et Jean, qui paraissaient être les colonnes de l’Eglise, ayant reconnu la grâce qui m’avait été accordée, nous donnèrent la main, à moi et à Barnabé, en signe d’union, afin que nous allions, nous vers les païens (gentils), et eux vers les circoncis.
[2.9 Céphas est le même que saint Pierre. Voir Jean, 1, 42. — « Quelques auteurs ont prétendu que Céphas, avec lequel saint Paul eut un différend à Antioche, n’était pas saint Pierre ; d’autres que ce dissentiment était purement fictif ; mais ces sentiments sont inadmissibles. Le premier d’abord. — 1° Il a la tradition contre lui. A la vérité, quelques docteurs ont émis un doute sur l’identité de saint Pierre et de Céphas ; mais, comme le remarque saint Jérôme, ce n’était de leur part qu’une conjecture, et ils ne la faisaient que pour montrer la faiblesse des objections qu’on prétendait tirer du conflit d’Antioche. — 2° Céphas est bien le même nom que Pierre : il a en syriaque la même signification que Petros en grec. Saint Pierre le portait en Judée, et c’est le premier que le Sauveur lui ait donné. Saint Paul le lui donne indubitablement ailleurs. — 3° Il est évident que le personnage dont il s’agit est un personnage éminent, égal, sinon supérieur à saint Paul, par conséquent apôtre comme lui. Son exemple fait fléchir Barnabé et menace d’entraîner toute l’Eglise d’Antioche. Saint Paul fait un acte de courage en lui adressant une représentation. D’ailleurs, quel moyen de le distinguer du Céphas nommé plus haut, entre saint Jacques et saint Jean, comme étant, aussi bien qu’eux, une colonne de l’Eglise ? Le second sentiment n’est ni plus suivi ni plus solide. Saint Jérôme, qui l’avait d’abord proposé, d’après Origène et saint Chrysostome, fut obligé d’y renoncer. Il est bien vrai que les mots grecs, rendus dans la Vulgate par in facie, pris isolément, pourraient se traduire par : en apparence. Il est vrai aussi qu’il est parlé de dissimulation ou de défaut de franchise. Cela ne suffit pas néanmoins pour justifier l’hypothèse d’une scène concertée entre les deux apôtres, ou d’une discussion feinte pour l’instruction de leurs disciples. Ni cette interprétation ni cette hypothèse ne sont naturelles. On n’y a recouru que dans une intention apologétique, afin de couper court aux objections et de mettre en même temps à couvert la conduite de saint Pierre et de saint Paul. Mais on a pris le change, et on a substitué un tort véritable, un défaut de droiture dans l’un et l’autre apôtre, à une pure inadvertance ou à une erreur de procédé de la part de saint Pierre ; car le mot de saint Paul, que Pierre était répréhensible, n’entraîne pas d’autre conséquence et n’a pas plus de portée. Il signifie seulement que la conduite suivie par saint Pierre donnait lieu à des interprétations fâcheuses, que ses égards pour les préjugés de ses compatriotes étaient, contre son gré, de nature à confirmer les Juifs dans leurs prétentions, ainsi qu’à inquiéter et à rebuter les Gentils. Rien n’indique qu’il eût en cela blessé sa conscience le moins du monde. Dieu voulut qu’en cette occasion il fût averti de ce qu’il avait à faire, non par une vision comme à Joppé, mais par un collègue et un subordonné, afin que son humilité pût servir à l’édification de tous. Â» (L. BACUEZ.)]
10 Seulement nous devions nous souvenir des pauvres ; ce qu’aussi j’ai eu grand soin de faire.
11 Mais lorsque Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il était répréhensible.
[2.11 Saint Paul avait reproché à saint Pierre de s’être retiré de la table des gentils, dans la crainte de scandaliser les Juifs convertis ; ce qui pouvait faire croire aux gentils qu’ils étaient obligés de se conformer à la manière de vivre des Juifs, et par là même gêner la liberté chrétienne. Mais ce reproche n’attaque nullement la suprématie du prince des Apôtres ; car, dans de pareils cas, un inférieur peut et quelquefois doit avertir avec respect son supérieur ; et, comme le remarque saint Augustin, saint Pierre le souffrît avec une douceur, une humilité, une patience dignes de celui à qui le Sauveur avait dit : Tu es Pierre, et sur toi je bâtirai mon Eglise.]
12 En effet, avant l’arrivée de quelques personnes envoyées par Jacques, il mangeait avec les païens (gentils) ; mais, quand elles furent venues, il se retira et se tint à l’écart, craignant ceux de la circoncision.
13 Et les autres Juifs usèrent de la même dissimilation que lui, de sorte que Barnabé aussi fut entraîné dans cette dissimulation.
14 Mais quand je vis qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Evangile, je dis à Céphas, en présence de tous : Si toi, qui es Juif, tu vis à la manière des païens (gentils), et non comme les Juifs, pourquoi forces-tu les païens (gentils) de (à) judaïser ?
15 Nous, nous sommes Juifs de naissance, et non pécheurs d’entre les païens (gentils).
16 Sachant cependant que l’homme n’est pas justifié par les œuvres de la loi, mais par la foi en Jésus-Christ, nous avons nous-mêmes cru en Jésus-Christ, pour être justifiés par la foi au Christ, et non par les œuvres de la loi, parce que nulle chair ne sera justifiée par les œuvres de la loi.
[2.16 Voir Romains, 3, 20. — Nulle chair. Voir Matthieu, 24, 22.]
17 Mais si, en cherchant à être justifiés dans le Christ, nous sommes aussi nous-mêmes trouvés pécheurs, le Christ sera-t-il donc ministre du péché ? Loin de là !
18 Car si je rebâtis les choses que j’ai détruites, je me constitue prévaricateur.
[2.18 Sens : non, Jésus-Christ n’est pas ministre du péché ; car ce n’est pas quand nous cherchons à être justifiés par la foi en lui, sans les œuvres de la Loi, que nous sommes trouvés pécheurs, mais c’est quand, faisant tout le contraire, nous voulons rétablir la Loi dont nous avions reconnu l’impuissance et abandonné la pratique.]
19 En effet, par la loi je suis mort à la loi, afin de vivre pour Dieu ; avec le Christ j’ai été cloué à la croix.
20 Et je vis, non ce n’est plus moi, mais c’est le Christ qui vit en moi ; et si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé, et qui s’est livré lui-même pour moi.
21 Je ne rejette (regrette) pas la grâce de Dieu. Car si la justice s’acquiert par la loi, le Christ est donc mort en vain.

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