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Esther 9.20
Grande Bible de Tours


1 Ainsi, le treizième jour du douzième mois, que nous avons déjà dit auparavant se nommer adar, lorsqu’on se préparait à tuer tous les Juifs, et que leurs ennemis avaient soif de leur sang, les Juifs à leur tour commencèrent à être les plus forts, et à se venger de leurs adversaires.
2 Ils s’assemblèrent dans toutes les villes, les bourgs et les autres lieux, pour attaquer leurs persécuteurs et leurs ennemis, et nul n’osait leur résister, parce que la grandeur de leur puissance avait pénétré de frayeur tous les peuples.
3 Car les juges des provinces, les chefs et les intendants, et tous ceux qui avaient quelque dignité dans le territoire, et qui présidaient aux travaux, relevaient la gloire des Juifs par crainte de Mardochée,
4 Qu’ils savaient être prince du palais et avoir beaucoup de puissance. Sa réputation croissait aussi de jour en jour, et volait de bouche en bouche.
5 Les Juifs frappèrent leurs ennemis d’une grande plaie, et ils les tuèrent, leur rendant le mal qu’ils s’étaient préparés à leur faire.
6 Tellement qu’ils tuèrent dans Suse même jusqu’à cinq cents hommes, outre les dix fils d’Aman, fils d’Agag, ennemi des Juifs, dont voici les noms :
7 Pharsandatha, Delphon, Esphatha,
8 Phoratha, Adalia, Aridatha,
9 Phermestha, Arisaï, Aridaï et Jézatha.
10 Les ayant tués, ils ne voulurent toucher à rien de ce qui avait été à eux.
11 On rapporta aussitôt au roi le nombre de ceux qui avaient été tués à Suse ;
12 Et il dit à la reine : Les Juifs ont tué cinq cents hommes dans la ville de Suse, outre les dix fils d’Aman. Combien grand croyez-vous que doive être le carnage qu’ils font dans toutes les provinces ? Que demandez-vous de plus, et que voulez-vous que j’ordonne encore ?
13 La reine lui dit : S’il plaît au roi, que les Juifs aient le pouvoir de faire encore demain dans Suse ce qu’ils ont fait aujourd’hui, et que les dix fils d’Aman soient attachés à des potences*.
Esther crut qu’il était important par cette grande sévérité d’inspirer de la frayeur aux Perses, afin qu’ils devinssent plus modérés à l’égard des Juifs, qu’ils maltraitaient comme des esclaves, au mépris du vrai Dieu.
14 Le roi commanda qu’il fût fait ainsi ; et aussitôt l’édit fut affiché dans Suse, et les dix fils d’Aman furent pendus.
15 Les Juifs s’assemblèrent encore le quatorzième jour du mois d’adar, et ils tuèrent trois cents hommes à Suse, sans vouloir rien prendre de leur bien.
16 Les Juifs se levèrent pour défendre leurs vies dans toutes les provinces soumises à l’empire du roi, et ils tuèrent leurs ennemis et leurs persécuteurs en si grand nombre, que soixante-quinze mille hommes furent enveloppés dans ce carnage, sans qu’aucun des Juifs touchât à leur bien.
17 Ils commencèrent tous à tuer leurs ennemis le treizième jour du mois d’adar, et ils cessèrent le quatorzième ; ils firent de ce jour une fête solennelle, qu’ils ordonnèrent de célébrer dans tous les siècles suivants, dans la joie et les festins.
18 Mais ceux qui étaient dans la ville de Suse avaient fait le carnage le treizième et le quatorzième jour de ce même mois, et n’avaient cessé que le quinzième. C’est pourquoi ils le choisirent pour en faire une fête solennelle de festins et de réjouissances.
19 Les Juifs qui demeuraient dans les bourgs sans murailles et dans les villages choisirent le quatorzième jour du mois d’adar pour être un jour de festin, dans lequel ils font une grande réjouissance, et s’envoient les uns aux autres quelque chose de ce qui a été servi dans leurs festins.

Conséquences de la délivrance

Institution de la fête des Pourim

20 Mardochée eut soin d’écrire toutes ces choses, et les renfermant dans un livre, il l’envoya aux Juifs qui demeuraient dans toutes les provinces du roi, aux plus éloignées comme aux plus rapprochées,
21 Afin que le quatorzième et le quinzième jour du mois d’adar fussent des jours de fête qu’ils célébrassent tous les ans à perpétuité par des honneurs solennels,
22 Parce que ce fut ces jours-là que les Juifs se vengèrent de leurs ennemis, que leur deuil et leur tristesse furent changés en allégresse ; afin que ces jours fussent des jours de festin et de joie, qu’ils s’envoyassent les uns aux autres des mets de leur table, et qu’ils fissent aux pauvres de petits présents.
23 Les Juifs établirent donc une fête solennelle de tout ce qu’ils avaient fait en ce temps-là, selon l’ordre que Mardochée en avait donné par ses lettres*.
Saint Athanase rapporte que les Juifs, pour mieux se représenter cette faveur singulière, brûlaient alors l’effigie d’Aman ; mais comme cette effigie était attachée à une croix, et que dans la suite plusieurs d’entre eux prenaient de là occasion d’insulter à la croix de Jésus-Christ, les empereurs chrétiens abolirent cette coutume.
24 Car Aman, fils d’Amadath, de la race d’Agag, ennemi déclaré des Juifs, avait formé le dessein de les perdre, de les tuer et de les exterminer, et il avait jeté pour cela le phur, c’est-à-dire le sort dans notre langue.
25 Mais Esther alla ensuite trouver le roi ; elle le supplia de prévenir le mauvais dessein d’Aman par une lettre, et de faire retomber sur sa tête le mal qu’il avait médité contre les Juifs. Le roi, en effet, fit pendre Aman à une croix ainsi que ses fils.
26 C’est pourquoi depuis ce temps-là ces jours ont été appelés Phurim, c’est-à-dire des Sorts, parce que le phur, c’est-à-dire le sort, avait été jeté dans l’urne. Et cette lettre, ou plutôt ce livre, contient tout ce qui se passa alors.
27 Les Juifs donc, en mémoire de ce qui avait été concerté contre eux et de ce grand changement survenu ensuite, s’obligèrent, eux et leurs enfants, et tous ceux qui voudraient se joindre à leur religion, à en faire dans ces deux jours une fête solennelle, sans que personne pût s’en dispenser, selon qu’il est marqué dans cet écrit ; ce qui s’observe exactement chaque année aux jours destinés à cette fête.
28 Ce sont des jours qui ne seront jamais effacés de la mémoire des hommes, et que toutes les provinces, d’âge en âge, célébreront par toute la terre. Et il n’y a point de ville en laquelle les jours de Phurim, c’est-à-dire des Sorts, ne soient observés par les Juifs et par leurs enfants, qui sont obligés de pratiquer ces cérémonies.
29 La reine Esther, fille d’Abihaïl, et Mardochée, Juif, écrivirent encore une seconde lettre, afin qu’on eût tout le soin possible d’établir ce jour comme une fête solennelle dans toute la postérité ;
30 Et ils envoyèrent à tous les Juifs qui demeuraient dans les cent vingt-sept provinces du roi Assuérus, afin qu’ils eussent la paix et reçussent la vérité,
31 En observant ces jours des Sorts, et les célébrant en leur temps avec grande joie. Les Juifs s’engagèrent donc, selon que Mardochée et Esther l’avaient ordonné, à observer, eux et toute leur postérité, ces jours solennels des Sorts, en jeûnant et en adressant leurs cris à Dieu,
32 Et (ils reçurent en même temps) tout ce qui est contenu dans ce livre qui porte le nom d’Esther.

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