/   /   /  Ezéchiel 8:15     

Ezéchiel 8.15
Vigouroux


Idolâtrie d’Israël

1 Et il arriva dans la sixième année, le cinquième jour du sixième mois, comme j’étais assis dans ma maison et que les anciens de Juda étaient assis devant moi, que la main du Seigneur Dieu tomba sur moi.
[8.11-18 4° Vision de la ruine de Jérusalem, du chapitre 8 au chapitre 11. ― Deux ans et deux mois après sa vocation au ministère prophétique, Ezéchiel vit de nouveau la gloire du Seigneur et les chérubins. Il fut transporté en esprit à Jérusalem, dans la cour du temple, chapitre 8, versets 1 à 4, et là il vit les quatre espèces d’actes idolâtriques auxquels se livraient les hommes et les femmes d’Israël, versets 5 à 18 ; les premiers adoraient probablement Baal ou Moloch, le soleil et les animaux sacrés de l’Egypte ; les femmes pleuraient la mort d’Adonis, comme on le faisait en Phénicie. ― Alors sept anges apparaissent pour châtier les habitants de Jérusalem, chapitre 9 ; la ville est brûlée et le temple abandonné de Dieu, chapitre 10 ; Ezéchiel est chargé d’annoncer ces malheurs et la mort de Pheltias, chapitre 11, versets 1 à 13, et de prédire aux captifs leur délivrance future, versets 14 à 21 ; il est enfin transporté de nouveau en esprit en Chaldée, et raconte à ses frères ce qu’il vient de voir, versets 22 à 25.] [8.1 La sixième année de la captivité d’Ezéchiel qui fut emmené à Babylone avec le roi Jéchonias. ― Le sixième mois de l’année sacrée, et le douzième de l’année civile. Il commençait à la nouvelle lune d’août, selon les rabbins, mais c’était plus probablement à celle de septembre. ― La main du Seigneur. Voir Ezéchiel, 1, 3.]
2 Et j’eus une vision : (et voilà la ressemblance d’un homme,) c’était comme l’aspect d’un feu ; depuis les reins jusqu’en bas c’était du feu, et depuis les reins jusqu’en haut c’était comme une vive lumière, comme un brillant métal (du succin).
[8.2 D’un homme. Cette expression se lit ici dans les Septante, et les mots ses reins semblent l’exiger. Ajoutons que ces mêmes mots qui se trouvent dans une description semblable (voir Ezéchiel, 1, 27), sont précédés de un homme (voir Ezéchiel, 1, 26). ― Du succin (electri). Voir Ezéchiel, 1, 4.]
3 La ressemblance d’une main étendue (envoyée par cet homme) me saisit par les cheveux de ma tête ; et l’esprit m’éleva entre la terre et le ciel, et m’amena à Jérusalem dans une vision divine, près de la porte intérieure qui regardait vers l’aquilon, où était placée l’idole de (la) jalousie, pour exciter la jalousie.
[8.3 Voir Daniel, 14, 35. ― Près de la porte intérieure ; dans le parvis le plus extérieur. ― L’idole de la jalousie ; selon saint Jérôme et la plupart des interprètes, l’idole de Baal, qui avait été dressée dans le temple par Manassé (voir 4 Rois, 21, 7 ; 2 Paralipomènes, 33, 7), et qui, ayant été détruite par Josias (voir 2 Paralipomènes, 34, 4), avait été rétablie par ses successeurs. D. Calmet pense que c’était l’idole d’Adonis, mentionnée au verset 14. ― Pour provoquer la jalousie du Seigneur.]
4 Et voici que la gloire du Dieu d’Israël était là, selon la vision que j’avais eue dans la plaine.
[8.4 Selon la vision, etc. Comparer à Ezéchiel, 1, verset 4 et suivants.]
5 Et il me dit : Fils de (d’un) l’homme, lève les yeux du côté de l’aquilon. Et je levai les yeux du côté de l’aquilon, et voici qu’au nord de la porte de l’autel, à l’entrée, se trouvait cette (l’) idole de (la) jalousie.
6 Et il me dit : Fils de (d’un) l’homme, vois-tu ce qu’ils font, les grandes abominations que la maison d’Israël fait ici, pour que je m’éloigne de mon sanctuaire ? Mais, en te retournant, tu verras des abominations (encore) plus grandes.
7 Alors il me conduisit à l’entrée du parvis, et je regardai, et voici qu’il y avait un trou dans la muraille.
[8.7 Parvis du peuple, appelé simplement parvis, par opposition à celui des prêtres et des Lévites, nommé parvis intérieur (voir verset 16). Comparer à 3 Rois, 6, 36.]
8 Et il me dit : Fils de (d’un) l’homme, perce le mur. Et lorsque j’eus percé le mur, une porte apparut.
9 Et il me dit : Entre, et vois les affreuses (horribles) abominations qu’ils font ici.
10 J’entrai, et je regardai, et voici que des images de toutes sortes de reptiles et d’animaux, l’abomination et toutes les idoles de la maison d’Israël étaient peintes sur la muraille tout autour ;
[8.10 Cette description paraît indiquer que les Juifs, qui comptaient sur le secours des Egyptiens contre les Chaldéens, adoraient les dieux de l’Egypte, reptiles et animaux, comme on les voit peints sur les murs des temples égyptiens.]
11 et soixante-dix des anciens de la maison d’Israël étaient debout devant ces peintures ; et Jézonias, fils de Saphan, se tenait au milieu d’eux ; et chacun avait un encensoir à la main, et un épais (une vapeur comme un) nuage s’élevait de l’encens.
[8.11 Et soixante-dix, etc. ; vraisemblablement les membres du grand conseil (sanhédrin) des Juifs. ― Jézonias paraît être ici le chef de ces soixante-dix. ― Saphan ; scribe sous le règne de Josias (voir 4 Rois, 22, verset 3 et suivants).]
12 Et il me dit : Tu vois certainement, fils de (d’un) l’homme, ce que les anciens de la maison d’Israël font dans les ténèbres, chacun dans le secret de sa chambre ; car ils disent : Le Seigneur ne nous voit pas ; le Seigneur a abandonné (délaissé) le pays.
13 Et il me dit : Si tu te retournes, tu verras des abominations encore plus grandes, qu’ils commettent.
14 Et il me conduisit à l’entrée de la porte de la maison du Seigneur qui regardait vers l’aquilon, et voici, il y avait là des femmes assises, qui pleuraient Adonis.
[8.14 Adonis ; dans l’hébreu hattammouz, et dans les Septante le Thammouz ; ce qui montre que ce n’est pas un nom propre, mais un simple appellatif, dont la signification, il faut bien en convenir, est entièrement inconnue. Quant au mot Adonis, saint Jérôme l’a probablement employé pour nous montrer que les Syriens honoraient Hattammouz d’un deuil semblable à celui dont les Grecs honoraient Adonis. ― Le culte sensuel d’Adonis était ancien en Phénicie et en Chanaan. Les rites voluptueux de ce culte furent une des formes les plus populaires du culte de Baal. Le nom d’Adonis ne diffère pas par le sens de celui de Baal ; l’un et l’autre signifient également maître, seigneur, dans les langues sémitiques. Du temps de saint Jérôme, il existait encore un bois sacré d’Adonis dans les environs de Bethléem. Le prophète Jérémie, voir Jérémie, 22, 18, semble faire allusion, mais moins clairement qu’Ezéchiel, au culte que les femmes israélites rendaient à Adonis. C’est surtout à Gebal ou Byblos qu’il était adoré, parce que là coulait le fleuve Adonis qui portait son nom. On y voit encore de nombreuses ruines des tombeaux d’Adonis. Les femmes allaient y pleurer sa mort, à l’époque de l’année où le fleuve devient rouge, ce qu’on prenait pour son sang. Sur ces monuments est figurée la fin d’Adonis. Deux rochers sculptés le montrent la lance au poing, attendant l’attaque de l’ours. Les bas-reliefs représentent les femmes qui le pleurent. Pour rappeler la mort du dieu, elles plantaient dans un vase de la laitue, de l’orge et du fenouil, qu’elles exposaient sur la terrasse des maisons. Dans les sanctuaires brûlaient des parfums. Là se trouvait le simulacre d’Adonis qu’on enterrait. Le sixième jour, le dieu ressuscitait et alors commençait de hideuses bacchanales. Les femmes sacrifiaient à Thammouz leur chevelure. Ces fêtes avaient lieu à deux époques de l’année, au printemps et à l’automne.]
15 Et il me dit : Tu as certainement vu, fils de (d’un) l’homme, et si tu te retournes, tu verras des abominations encore plus grandes que celles-là.
16 Et il me conduisit dans le(s) parvis intérieur de la maison du Seigneur, et voici qu’à l’entrée du temple du Seigneur, entre le vestibule et l’autel, il y avait environ vingt-cinq hommes qui tournaient le dos au temple du Seigneur, et dont le visage regardait l’orient, et ils adoraient le (le lever du) soleil levant.
[8.16 Le parvis intérieur. Voir le verset 7. ― Environ (quasi) vingt-cinq hommes, etc. Il y avait toujours dans le temple douze prêtres et douze lévites qui servaient par semaine, et le grand-prêtre faisait le vingt-cinquième. ― Tournant le dos au temple. Pour protester contre les cultes solaires, le sanctuaire du vrai Dieu était vers le couchant, au lieu d’être dirigé vers le levant, comme les temples idolâtriques.]
17 Et il me dit : Tu as certainement vu, fils de (d’un) l’homme ; est-ce peu, pour la maison de Juda, d’avoir fait les abominations qu’ils ont faites en ce lieu, d’avoir rempli le pays d’iniquité, et d’avoir entrepris de m’irriter ? Et voici qu’ils approchent de leurs narines un (le) rameau.
[8.17 Ils approchent, etc. On voit bien qu’il s’agit d’un culte idolâtrique ; mais le Prophète ne le détermine pas avec précision ; il fait peut-être allusion à l’usage des Perses qui, en adorant le soleil levant, tenaient à la main gauche un petit faisceau de verges.]
18 Moi aussi j’agirai donc avec (dans ma) fureur : Mon œil n’épargnera pas, et je serai sans compassion, et lorsqu’ils crieront à haute voix à mes oreilles, je ne les écouterai pas.

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