/   /   /  Ezéchiel 2:9     

Ezéchiel 2.9
Vigouroux


Mission d’Ézéchiel

1 Telle fut la vision de l’image de la gloire du Seigneur. Je vis, et je tombai sur ma face, et j’entendis la voix de quelqu’un qui parlait, et qui me dit : Fils de (d’un) l’homme, tiens-toi sur tes pieds, et je te parlerai.
[2.1-9 Le premier chapitre raconte à grands traits la manifestation de Dieu à son Prophète ; les chapitre 2 à 3, verset 22, expliquent plus en détail quelle sera la mission d’Ezéchiel et le rôle qu’il devra remplir, chapitre 2, versets 3 à 7. Il lui fait manger un livre dans lequel est contenue sa parole, afin que le Prophète puisse en nourrir ses frères après s’en être nourri lui-même, du chapitre 2, verset 8 au chapitre 3, verset 3. Les contradictions, qui sont toujours réservées au ministre de Dieu, chapitre 3, verset 7 ; voir Matthieu, 10, 24-26, ne lui manqueront pas, mais le Seigneur le rendra plus fort que le diamant, chapitre 3, versets 8 et 9. La scène de la vocation d’Ezéchiel se termine d’une manière saisissante par les actions de grâces que les chérubins rendent à Dieu, qui vient de se choisir un prophète, chapitre 3, versets 12 et 13. Après une sorte de retraite de sept jours, qui était prescrite aux grands-prêtres pour leur consécration, voir Exode, 29, 30 ; Lévitique, 8, 33, Ezéchiel devient comme la sentinelle de son peuple, responsable du mal qu’il n’aura pas empêché ou du bien qu’il n’aura pas fait faire, quand il l’aurait pu. Les deux idées principales qui sont l’objet du livre entier des prophéties d’Ezéchiel se trouvent déjà dans le récit de son inauguration prophétique : le peuple est puni, parce qu’il a été infidèle à son Dieu ; cette pensée est développée dans les chapitre 3 à 32 ; Dieu n’en tiendra pas moins ses promesses en scellant son alliance par la venue du Messie, c’est ce qui est exposé, du chapitre 33 au chapitre 48.] [2.1 De quelqu’un ; c’est-à-dire du Seigneur, nommé auparavant dans ce même verset. ― Fils d’un homme ; ou d’homme ; expression poétique familière à Ezéchiel, et qui signifie seulement un homme, un mortel.]
2 Et (un) l’esprit entra en moi après qu’il m’eut parlé, et me plaça sur mes pieds ; et je l’entendis (quelqu’un) qui me parlait,
[2.2 Un esprit ; ainsi portent l’hébreu et les Septante : ce ne peut qu’être une inspiration divine. Voir au début de l’Introduction aux livres Prophétiques, comment Dieu se révélait à ses prophètes. ― Le Seigneur ; mot sous-entendu, est le vrai sujet grammatical du verbe eut parlé (locutus est) ; le latin peut être amphibologique, mais l’hébreu ne l’est pas. ― Il m’établit ; a, au contraire, pour sujet un esprit, pour la même raison.]
3 et qui me disait : Fils de (d’un) l’homme, je t’envoie vers les enfants d’Israël, vers ces peuples apostats qui se sont retirés de moi. Eux et leurs pères, ils ont violé mon alliance jusqu’à ce jour.
[2.3 Les fils d’Israël ; c’est-à-dire les fils de Juda, qui, à raison de leur origine, pouvaient être appelés fils d’Israël, d’autant plus que ce nom ne pouvait offrir aucune équivoque, à cette époque où le royaume d’Israël ne subsistait plus. Voilà d’où vient que l’écrivain sacré emploie dans son livre la première dénomination au lieu de la seconde. Or les Juifs sont traités comme les gentils de nation rebelle, apostate, parce qu’ils avaient abandonné le Seigneur ; et, comme le Prophète était envoyé de Dieu, tant à ceux qui étaient alors en captivité qu’à ceux qui étaient encore Judée, il devait parler de vive voix aux premiers, et écrire aux seconds.]
4 Ceux vers qui je t’envoie sont des enfants au front dur et au cœur indomptable ; et tu leur diras : Voici ce que dit le Seigneur Dieu.
5 Peut-être écouteront-ils enfin, et cesseront-ils de pécher (ils y manqueront), car c’est une maison qui m’irrite (exaspère) ; et ils sauront qu’un prophète a été au milieu d’eux.
6 Toi donc, fils de (d’un) l’homme, ne les crains pas, et ne redoute pas leurs discours, quoique ceux qui sont avec toi soient des incrédules et des rebelles (destructeurs), et que tu habites avec des scorpions. Ne crains pas leurs paroles et n’aie pas peur de leurs visages, car c’est une maison qui m’irrite (exaspère).
7 Tu leur diras donc mes paroles ; peut-être écouteront-ils et cesseront-ils de pécher (ils y manqueront), car ce sont des rebelles (parce qu’ils m’irritent sans cesse).
8 Mais toi, fils de (d’un) l’homme, écoute tout ce que je te dis, et ne m’irrite (exaspère) pas comme cette maison m’irrite (exaspère sans cesse) ; ouvre ta bouche, et mange tout ce que je te donne.
[2.8 Mange ce que je te donne ; ce livre (voir verset 9) ; c’est-à-dire pense à ce que tu vois et tu entends ; médite-le bien profondément. C’est une métaphore assez usitée (voir Apocalypse, 10, 8-10). Les Romains appelaient Varron un dévoreur de livres. D’ailleurs le livre ne fut pas réellement présenté à Ezéchiel, mais seulement en vision.]
9 Alors je regardai, et voici qu’une main s’avançait vers moi, et elle tenait un livre roulé.
10 Elle le déroula devant moi, et il était écrit en dedans et en dehors ; des lamentations, des plaintes et des malédictions (un chant et un malheur) y étaient écrit(e)s. [2.10 Voir Apocalypse, 5, 1. ― Un chant ; triste et lugubre. ― Malheur ; c’est-à-dire des malédictions. ― Un livre roulé. Les livres des anciens étaient généralement roulés et écrits seulement au-dedans, c’est-à-dire à l’intérieur du rouleau.]

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