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Néhémie 2.20
Vigouroux


Envoi de Néhémie à Jérusalem

1 La vingtième année du règne d’Artaxerxès, au mois de Nisan, on apporta du vin devant le roi. Je le pris et le lui servis. Et j’étais tout abattu (comme languissant) en sa présence.
[2.1 Au mois de Nisan, mars-avril, en la vingtième année, en 450 avant Jésus-Christ. Comme ce qui est raconté au chapitre Ier s’était passé au mois de Casleu (novembre-décembre) de la même vingtième année, il en résulte que Néhémie ne fait pas commencer l’année au mois de Nisan, selon l’ancienne coutume hébraïque, mais en automne, selon un usage répandu en Orient.]
2 Et le roi me dit : Pourquoi as-tu le visage triste, quoique tu ne me paraisses pas malade ? Ce n’est pas sans raison, mais tu as quelque chagrin de cœur. Et je fus saisi d’une (très) grande crainte
3 et je dis au roi : O roi, que votre vie soit éternelle. Pourquoi mon visage ne serait-il pas abattu, puisque la ville où sont les tombeaux de mes pères est déserte, et que ses portes ont été brûlées ?
4 Le roi me dit : Que (me) demandes-tu ? Je priai le Dieu du ciel

J’ai alors prié le Dieu du ciel

5 et je dis au roi : Si le roi le trouve bon, et si votre serviteur vous est agréable, envoyez-moi en Judée, à la ville du sépulcre de mes (mon) père(s), afin que je la rebâtisse.
6 Le roi, et la reine qui était assise auprès de lui, me dirent : Combien durera ton voyage, et quand reviendras-tu ? Je leur marquai le temps, et le roi l’agréa et me permit de m’en aller.
[2.6 La reine ne mangeait pas publiquement avec le roi, mais elle mangeait avec lui en particulier, comme nous le voyons dans le livre d’Esther et comme nous l’attestent les monuments anciens. ― Je lui marquai le temps, douze ans, ainsi qu’il résulte de ce qui est dit plus loin, voir 2 Esdras, 5, 14 ; 13, 6.]
7 Et (Puis) je dis au roi : Si le roi le trouve bon, qu’on me donne des lettres pour les gouverneurs du pays d’au-delà du fleuve, afin qu’ils me laissent passer jusqu’à ce que j’arrive en Judée
8 et une lettre pour Asaph, garde de la forêt du roi, afin qu’il me fournisse du bois pour que je puisse couvrir les tours du temple, les murailles de la ville, et la maison où je me retirerai. Le roi m’accorda ma demande, parce que la main favorable de mon Dieu était sur moi.
[2.8 De la forêt du roi, dans le texte original ; du paradis, c’est-à-dire du parc royal. Divers commentateurs ont soupçonné que ce parc royal était les jardins d’Etham, arrosés par les étangs appelés Etangs de Salomon, au sud de Jérusalem. ― Les portes de la tour de la maison. Ces mots sont obscurs. Il s’agit ou des portes du parvis du Temple, ou des portes de la forteresse qui était au nord du Temple et fut connue du temps des Machabées, qui la reconstruisirent, sous le nom de Bâris ; ce nom rappelle celui de Birâh qu’on lit ici dans l’original et qui est traduit Bâris, dans le grec.]
9 J’allai trouver les gouverneurs du pays d’au-delà du fleuve, et je leur présentai les lettres du roi. Or le roi avait envoyé avec moi des officiers de guerre (princes de la milice) et des cavaliers.
10 Sanaballat l’Horonite, et Tobie, le serviteur Ammonite, l’ayant appris, furent saisis d’une extrême affliction, parce qu’il était venu un homme qui cherchait le bien (la prospérité) des fils d’Israël.
[2.10 Sanaballat était sans doute le chef de la Samarie. Il est appelé l’Horonite, parce qu’il était originaire d’Horonaïm, ville moabite, ou plutôt de l’une des deux Bethoron, la haute ou la basse, qui faisaient partie de la tribu d’Ephraïm. ― Tobie est désigné comme le serviteur Ammanite, soit parce qu’il était d’origine ammonite, soit parce qu’il avait été esclave chez les Ammonites.]
11 J’arrivai à Jérusalem, et j’y passai trois jours.
12 Et je me levai pendant la nuit, ayant peu de gens avec moi. Je ne dis à personne ce que Dieu m’avait inspiré de faire dans Jérusalem. Il n’y avait pas avec moi d’autre cheval (de bête) que celui (l’animal) sur lequel j’étais monté.
13 (Or) Je sortis la nuit par la porte de la vallée, je vins devant la fontaine du dragon et à la porte du fumier ; et je considérais les murs en ruines de Jérusalem, et ses portes consumées par le feu.
[2.13 La porte de la vallée, qui conduisait à la vallée de Benhinnom, devait être à l’ouest de la ville de Jérusalem, à peu près à l’endroit où est aujourd’hui la porte de Jaffa. ― Devant la fontaine du dragon. Cette fontaine n’est mentionnée sous ce nom que dans ce passage. C’est probablement la fontaine appelée aujourd’hui le Bir-Eyub, à qui l’on avait donné le nom de fontaine du Dragon, au temps d’Esdras, à cause de quelque grand serpent qu’on avait trouvé sans doute dans son voisinage. ― La porte du fumier ou Porte Sterquiline était au sud de Jérusalem. Elle existe encore sous ce nom, mais à une autre place, et conduit à la vallée d’Hinnom. On y voit aussi beaucoup de fumier dans les environs, Voir, pour la description de la topographie de Jérusalem à cette époque la note 17 à la fin du volume (appendices).]
14 Je passai de là à la porte de la fontaine et à l’aqueduc du roi, et il n’y avait pas de place par où pût passer le cheval (la bête) sur lequel j’étais monté.
[2.14 A la porte de la fontaine. C’était probablement une porte située au sud du mont Sion qui menait à la Fontaine et à l’étang de Siloé. ― L’aqueduc du roi est sans doute l’aqueduc souterrain creusé dans le roc vif, qui conduit l’eau de la Fontaine de la Vierge à la Fontaine et à l’étang de Siloé ou l’aqueduc dit inférieur. ― Il n’y avait pas d’endroit… Le chemin était obstrué par les ruines et les décombres accumulés.]
15 Je montai de nuit par le torrent, et je considérais les murailles, et je rentrai par la porte de la vallée et m’en revins.
[2.15 Par le torrent du Cédron.]
16 Cependant les magistrats ignoraient où j’étais allé et ce que je faisais, et jusqu’alors je n’avais rien dit aux Juifs, ni aux prêtres, ni aux grands, ni aux magistrats, ni à aucun de ceux qui avaient le soin des travaux.
17 Je leur dis alors : Vous voyez l’affliction où nous sommes. Jérusalem est déserte, et ses portes ont été brûlées. Venez, rebâtissons les murs de Jérusalem, afin que nous ne soyons plus (désormais) dans (un) l’opprobre.
18 Et je leur rapportai comment (que) Dieu avait étendu sa main favorable sur moi, et les paroles que le roi m’avait dites, et je leur dis : Venez, et bâtissons. Et ils se fortifièrent dans cette bonne résolution.
19 Mais Sanaballat l’Horonite, Tobie le serviteur Ammonite, et Gosem l’Arabe, ayant été avertis, se raillèrent de nous avec mépris, et dirent : Que faites-vous là ? Cette entreprise n’est-elle pas une révolte contre le roi ?
20 Je répondis à cette parole, et je leur dis : C’est le Dieu du ciel lui-même qui nous assiste, et nous sommes ses serviteurs. Nous nous lèverons et nous bâtirons : mais vous, vous n’avez ni part, ni droit, ni souvenir dans Jérusalem.

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