/   /   /  Ruth 2:9     

Ruth 2.9
Vigouroux


Rencontre de Ruth et Boaz

1 Or Elimélech (, mari de Noémi,) avait un parent, homme puissant et extrêmement riche, appelé Booz.
2 Et Ruth la Moabite dit à sa belle-mère : Si vous l’agréez (ordonnez), j’irai dans quelque champ, et je ramasserai les épis qui seront échappés aux moissonneurs, partout où je trouverai quelque père de famille qui me témoigne de la bonté. Noémi lui répondit : Va, ma fille.
[2.2 Dans le champ ; voisin du lieu où elles se trouvaient. ― Les épis qui auront échappé des mains des moissonneurs. La récolte du froment commence ordinairement en Palestine vers la fin de mai. Les moissonneurs, prenant les épis de la main gauche, les coupent de la main droite avec une faucille, ou bien les arrachent les avec la main par la racine ; on les lie en gerbes avec un lien fait de la paille même qu’on vient de couper et on les laisse, ainsi liés, sur place. Hommes et femmes travaillent aujourd’hui, comme du temps de Ruth, à cette opération. Ils avancent en diagonale à travers le champ qu’ils moissonnent. Ce ne sont pas les cultivateurs ordinaires qui moissonnent, ce sont des hommes pris à gage pour la journée.]
3 Elle s’en alla donc, et elle recueillait les épis derrière les moissonneurs. Or il arriva que le champ où elle était appartenait à Booz, le parent d’Elimélech.
[2.3 Elle recueillait les épis derrière les moissonneurs. Aujourd’hui comme du temps de Ruth, « les plus pauvres parmi le peuple, la veuve et l’orphelin, se voient souvent à la suite des moissonneurs, recueillant les épis qui ont été laissés en arrière. » (VAN LENNEP.)]
4 Et étant venu lui-même de Bethléhem, il dit à ses moissonneurs : Que le Seigneur soit avec vous ! Ils lui répondirent : Que le Seigneur vous bénisse !
5 Alors Booz dit au jeune homme qui veillait sur les moissonneurs : A qui est cette jeune fille ?
6 Il lui répondit : C’est cette Moabite qui est venue avec Noémi du pays de Moab.
7 Elle nous a demandé de pouvoir recueillir les épis qui seraient demeurés, en suivant les pas des moissonneurs ; et elle est dans le champ depuis le matin jusqu’à cette heure, sans être retournée un moment chez elle.
8 Booz dit à Ruth : Ecoute, ma fille ; ne va point dans un autre champ pour glaner, et ne pars point de ce lieu ; mais joins-toi à mes jeunes filles,
[2.8 Mes jeunes filles ; c’est-à-dire les jeunes filles qui me servent.]
9 et suis partout où l’on fera la moisson, car j’ai commandé à mes gens que nul ne te fasse aucune peine ; et quand tu auras soif, va où sont les vases, et bois de l’eau dont boivent mes serviteurs.
[2.9 Et même si tu as soif, va où sont les vases et bois de l’eau dont mes serviteurs eux-mêmes boivent. Les moissonneurs sont toujours très altérés, aussi vont-ils boire souvent à une cruche d’eau qu’on garde cachée à l’ombre d’un arbre ou dans des broussailles. Les peintures égyptiennes représentant la moisson nous montrent presque toujours des outres d’eau destinées aux ouvriers. Tantôt une femme les leur apporte, tantôt on les voit boire à longs traits.]

10 Ruth, se prosternant le visage contre terre, (adora,) et dit à Booz : D’où me vient que j’aie trouvé grâce à vos yeux, et que vous daigniez me connaître, moi qui suis une femme étrangère ?
11 Il lui répondit : On m’a rapporté tout ce que tu as fait à l’égard de ta belle-mère après la mort de ton mari, et comment tu as quitté tes parents et le pays où tu es née, pour venir chez un peuple qui t’était inconnu auparavant.
12 Que le Seigneur te rende le bien que tu as fait, et puisses-tu recevoir une pleine récompense du Seigneur, le Dieu d’Israël, vers lequel tu es venue, et sous les ailes duquel tu as cherché ton refuge.
13 Elle lui répondit : J’ai trouvé grâce à vos yeux, mon seigneur, qui m’avez consolée, et qui avez parlé au cœur de votre servante, bien qu’elle ne soit pas comme (ne suis pas semblable à) l’une de vos servantes.
[2.13 Qui ne suis pas semblable ; qui suis au-dessous.]
14 Booz lui dit (encore) : Quand l’heure du repas sera venue, viens ici, et mange du pain, et trempe ton morceau dans le vinaigre. Elle s’assit donc à côté des moissonneurs, et se versa de la bouillie ; elle en mangea, se rassasia, et garda le reste.
[2.14 Chez les anciens, le vinaigre figurait ordinairement dans les repas des gens de la campagne. ― Quand le moment du repas est venu, les moissonneurs se réunissent tous ensemble, à l’ombre d’un arbre, autour d’un plat fourni par le propriétaire du champ. Les mets préférés sont le leben ou le lait aigre, des grains rôtis, la salade ou des mets vinaigrés, nourriture peu substantielle mais rafraîchissante, et par là même très agréable au milieu de la chaleur qui dévore les travailleurs. Sur les épis rôtis, voici ce que dit un voyageur : « Je rencontrai entre Acre et Seyde un berger qui conduisait le lus grand troupeau de chèvres que j’eusse encore vu dans le pays. Il dînait avec des épis de froment à moitié mûrs, qu’il mangeait, après les avoir fait rôtir, d’aussi bon appétit que les Turcs font leur pillaus. Il nous régala du même mets et nous offrit à boire du lait tout chaud. Il est parlé de ces épis ainsi rôtis dans le livre de Ruth, preuve que cette nourriture est fort ancienne dans l’Orient. Elle est pareillement en usage en Egypte, avec cette différence que les pauvres gens substituent aux épis de froment ceux du blé de Turquie et du millet. Les premiers hommes qui usèrent de cette nourriture, ignoraient les raffinements de l’art, et vraisemblablement ceux qui s’en servent les ignorent encore. Cependant je mets beaucoup de différence entre du bon pain de froment et ces épis rôtis. » (FR. HASSELQUIST.)]
15 Elle se leva (ensuite) de là pour (continuer à) recueillir des épis. Or Booz donna cet ordre à ses gens (serviteurs) : Quand même elle voudrait couper l’orge avec vous, ne l’empêchez pas.
16 Jetez même exprès des épis de vos javelles, et laissez-en debout, afin qu’elle n’ait point de honte de les recueillir, et qu’on ne la reprenne jamais de ce qu’elle aura ramassé.
17 Elle glana donc dans le champ jusqu’au soir ; et ayant battu avec une baguette les épis qu’elle avait recueillis, et en ayant tiré le grain, elle trouva environ la mesure d’un éphi d’orge, c’est-à-dire trois boisseaux.
[2.17 L’éphi contenait environ trente pintes. ― En litres : 38 litres 88. ― Quand la quantité d’orge ou de froment est petite, on sépare le grain de l’épi en le battant avec un bâton et on le vanne au moyen d’un courant d’air qui emporte le chaume.]
18 S’en étant chargée, elle revint à la ville, et les montra à sa belle-mère ; elle lui présenta aussi et lui donna les restes de ce qu’elle avait mangé, et dont elle avait été rassasiée.
19 Sa belle-mère lui dit : Où as-tu glané aujourd’hui, et où as-tu travaillé ? Béni soit celui qui a eu pitié de toi. Ruth lui indiqua celui dans le champ duquel elle avait travaillé, et lui dit que cet homme s’appelait Booz.
20 Noémi lui répondit : Qu’il soit béni du Seigneur ; car il a gardé la même bonne volonté pour les morts qu’il a eue pour les vivants. Et elle ajouta : Cet homme est notre proche parent.
21 Ruth lui dit : Il m’a donné ordre encore de me joindre à ses moissonneurs jusqu’à ce qu’il ait recueilli tous ses grains.
22 Sa belle-mère lui répondit : Il vaut mieux, ma fille, que tu ailles moissonner avec les servantes de cet homme, de peur que quelqu’un ne te fasse de la peine dans le champ d’un autre.
23 Elle se joignit donc aux filles de Booz, et elle moissonna constamment avec elles jusqu’à ce que les orges et les blés eussent été mis dans les greniers.

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