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Les Sadducéens nous sont présentés, dans le Nouveau Testament, comme les adversaires des. Pharisiens (voyez ce mot). Ces deux partis existaient depuis longtemps lorsque Jésus entra en contact avec eux. L’origine de leurs doctrines, sinon de leur appellation, remonte vraisemblablement à trois cents ans environ avant J.-C., c’est-à-dire à l’époque où l’on commença, en Israël, à accompagner la Loi de ces Commentaires auxquels les Pharisiens attachaient une importance si grande. A bien des égards, ceux-ci apparaissaient comme des novateurs : leurs commentaires de la Loi étaient une nouveauté, leurs synagogues étaient une nouveauté, leurs doctrines de la résurrection et des anges étaient des nouveautés. Il était inévitable que des résistances se manifestassent. Il y eut des conservateurs, et ce furent les Sadducéens, recrutés presque uniquement, semble-t-il, parmi le clergé de Jérusalem et les personnages de marque de la ville sainte. A l’époque de Jésus, en tous cas, ils sont le petit nombre et ont perdu, en dehors du Temple, beaucoup de leur influence. A certaines périodes de leur histoire, ils furent, politiquement, très forts ; mais il leur fut toujours difficile d’être populaires, car ils s’opposaient au peuple en luttant contre les adaptations pharisiennes de la religion aux besoins des masses. Les Pharisiens, en effet, bien qu’ils aboutissent, au temps de Jésus, à un formalisme sans précédent et souvent à l’hypocrisie la plus caractérisée, n’avaient songé, à l’origine, qu’à sauver la religion du peuple. Les Sadducéens, en s’opposant à l’évolution religieuse, font figure de purs négateurs ce qui n’est jamais une attitude populaire. Sans doute, ils sont religieux, mais leur religion, probablement assez froide, trouve pleine satisfaction dans le culte du Temple et dans la vieille Loi, telle qu’Esdras l’avait rétablie. On s’explique, en tous cas, que les Sadducéens ne soient guère connus que par leurs négations.
I. Ils niaient la résurrection (Mt 22.23,32). Et leur point de vue était que la résurrection des morts ne pouvait être prouvée par un texte de la Loi. Moïse n’avait rien dit à ce sujet : c’était clone qu’il n’y avait rien à en dire. L’ancien Israël n’avait pas connu ces espérances et rien n’autorisait de nouveaux docteurs, dépourvus de tout mandat divin, à les faire luire aux yeux du peuple. On saisit ici, chez les Sadducéens, cet état d’esprit, pour lequel tout développement de la doctrine, toute évolution des croyances, toute possibilité de progrès religieux doivent être écartés sans examen, la vérité totale ayant été révélée une fois pour toutes, autrefois. Mais il faut ajouter que cette négation de la résurrection dénote peut-être aussi, chez les Sadducéens, une tendance matérialiste de la pensée. Le paragraphe suivant semble confirmer cette supposition.
II. Ils niaient l’existence des anges, des démons, des esprits. Sur ce point, on peut se demander comment les Sadducéens justifiaient leur opinion, étant donné qu’il leur était bien difficile de prouver que les livres de la Loi ne contenaient aucune allusion à la croyance qu’ils rejetaient (voir : anges). Ont-ils été entraînés à cette négation du monde des esprits par leur attitude d’hostilité générale contre tout ce qui était de couleur pharisienne, — et l’on sait que les Pharisiens avaient donné un considérable développement à la théorie de l’existence et de l’action des anges et des démons ? Ou bien faut-il admettre que la tendance au matérialisme était assez forte, chez les Sadducéens, pour les conduire à faire peu de cas de certaines croyances authentiquement anciennes ? Les deux motifs se combinaient sans doute dans leur esprit.
Les Sadducéens étaient donc les conservateurs et les Pharisiens les novateurs, en matière de doctrine. Mais, dans un autre ordre d’idées, leurs rôles étaient renversés. Depuis le temps de la conquête de la Palestine par Alexandre le Grand, il existait parmi les Juifs deux tendances politiques : les uns apprirent à connaître la civilisation grecque et à l’apprécier, les autres, plus que jamais, considéraient toute relation avec l’étranger comme la pire des infidélités à la Loi. Lors de l’insurrection des Macchabées, le peuple, presque tout entier, combattit pour l’indépendance de la patrie ; mais un petit nombre de Juifs désapprouvaient ce fanatisme ; ils ne trouvaient pas les étrangers si détestables ; ils aimaient à parler leur langue, à se pénétrer de leurs idées et de leurs mœurs ; peut-être par indifférence, peut-être par tournure d’esprit matérialiste et utilitaire, ils étaient tolérants et larges: c’étaient les philhellènes, qu’on appellera, à l’époque de la domination romaine (depuis 63 avant J-C.), les Sadducéens. Ici, par opposition au conservatisme intransigeant et farouche des Pharisiens, ils représenteront le parti des idées nouvelles, de la modération, du sang-froid et de l’équité ; mais aussi donneront-ils parfois le spectacle moins édifiant de leur complaisance pour des moeurs singulièrement corrompues.
On comprend que Jésus n’ait trouvé, chez les Sadducéens, que des adversaires.
L’origine du nom donné à ce parti est obscure. Selon les uns, il leur serait venu d’un certain Sadoq, du reste inconnu, qui aurait été leur premier docteur. Selon d’autres, il signifierait partisan des prêtres, « cléricaux », et ferait allusion à Sadoq, le prêtre contemporain de David et de Salomon, fondateur de la dynastie sacerdotale du Temple de Jérusalem.