Ezéchiel 26:2 - Fils de (d’un) l’homme, parce que Tyr a dit de Jérusalem : (Très) Bien ! elles sont brisées, les portes des peuples ; on se retourne (elle s’est tournée) vers moi ; je me remplirai, elle est déserte ;
[26.2 et suivants. « Si le prophète Ezéchiel, annonçant à la cité arrogante et superbe (Tyr) ses malheurs futurs, n’y eût joint le tableau de la grandeur dont elle allait déchoir, nous n’aurions aujourd’hui, dit l’amiral Julien de la Gravière, qu’une idée imparfaite du degré d’opulence auquel pouvait attendre, dans l’antiquité, une place de commerce. Tyr s’était réjouie du sac de Jérusalem ; le prophète lui prédit que ses murs aussi tomberont, assaillis par les tours de bois et par les chaussées de terre, ébranlés à la base par les béliers. Ce rocher, où les pêcheurs font de nos jours sécher leurs filets, a été jadis le marché du monde. Les flottes y rapportaient des contrées les plus éloignées des richesses immenses : des ports de la Libye, du fer, de l’étain et du plomb ; de la Grèce, des esclaves et des chevaux. L’Ethiopie fournissait l’ébène et l’ivoire ; la Syrie, les pierres précieuses, la pourpre, les étoffes de lin et de soie ; la Judée, le froment, le baume, le miel, l’huile et les résines. Du territoire de Damas venaient les laines et les vins ; de l’Arabie, les bestiaux ; de Saba, l’or et les parfums. L’Afrique, l’Asie et l’Europe contribuaient à l’envi au luxe d’une cité assez riche pour garnir d’ivoire les bancs de ses rameurs et dont chaque armateur vivait entouré de la splendeur d’un prince. Pendant près de six siècles, cette prospérité merveilleuse connut à peine quelques passagères éclipses. En l’année 715, le roi d’Assyrie vint frapper sans succès aux portes de Tyr ; cent quarante et un ans plus tard, le roi de Babylone, Nabuchodonosor, les enfonça. Le siège dura cependant quatorze ans. Plus d’un guerrier y perdit les cheveux et revint les épaules courbées. » Tyr ne s’est plus relevée de sa ruine. « Quelques centaines de maisons croulantes et presque désertes, où les Arabes rassemblent le soir les grands troupeaux de moutons et de chèvres noires, aux longues oreilles pendantes, qui défilent devant nous dans la plaine, voilà la Tyr d’aujourd’hui, dit Lamartine. Elle n’a plus de port sur les mers, plus de chemins sur la terre ; les prophéties se sont dès longtemps accomplies sur elle. »] [26.2 Les portes des peuples. Ces mots, qui s’appliquent à Jérusalem et qui sont mis dans la bouche des Tyriens, indiquent que les Phéniciens avaient pris ombrage du commerce que les habitants de Jérusalem faisaient avec les peuples voisins, et pour ce motif, ils applaudissent à la ruine de la cité sainte.]