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Les grandes fêtes annuelles d’Israël étaient au nombre de quatre.
I. Pâque.
Bien qu’elle ne soit pas mentionnée dans les récits bibliques avant le temps du roi Josias (Les récits de l’Exode relatifs à la Pâque appartiennent, en effet, à l’ouvrage sacerdotal, mêlé aux ouvrages plus anciens, mais ne datant lui-même que du temps d’Esdras) (voir : Bible, formation de l’Ancien Testament). (De 16.1-8 ; 1Ro 23.21-23 ; Eze 45.21), cette fête date assurément d’une époque antérieure, car, outre que les rites du repas sacrificiel et de l’aspersion des portes dénotent le caractère très archaïque des cérémonies pascales, il est certain que si la Pâque était apparue pour la première fois lors de la concentration du culte à Jérusalem, elle n’aurait pas eu pour caractère essentiel d’être une fête de famille, car une fête de famille se célèbre à domicile. La Pâque fut à l’origine une fête du foyer, célébrée au foyer. Il est vrai que les législations postérieures s’efforcèrent de perpétuer ce caractère familial de la fête, bien qu’elle fût désormais, pour la majorité des fidèles, sans rapport avec la maison paternelle, n’étant plus célébrée qu’à Jérusalem. L’Israélite des campagnes dut se transporter à la ville avec sa famille et le bétail du sacrifice et faire le repas pascal dans le logis de fortune qu’il pouvait y avoir trouvé, et la Pâque fut désormais beaucoup moins la fête du foyer que la fête de la communauté. On facilita d’ailleurs le déplacement des gens de la campagne en leur permettant d’acheter à Jérusalem le bétail destiné au sacrifice (Deutéronome 14.24,26). Au temps de Jésus, c’était dans le parvis extérieur du temple même que se faisaient ces achats (voir : Sanctuaires, hauts-lieux, Temples). A cette même époque, la Pâque attirait à Jérusalem des pèlerins innombrables (plus de deux millions, selon l’estimation sans doute exagérée de l’historien Josèphe). Le rituel du repas pascal était le suivant : le père de famille bénissait la coupe et la passait aux convives ; ceux-ci mangeaient ensuite quelques herbes amères ; puis venaient la lecture de la Loi, les prières et l’explication de l’origine de la cérémonie ; une deuxième fois, la coupe circulait et l’on chantait les psaumes 113 et 114. Une prière encore et le repas proprement dit commençait, composé de l’agneau pascal, de pain sans levain et d’herbes amères. La coupe passait une troisième fois ; on chantait les psaumes 115-118 ; on buvait encore une quatrième fois, et la cérémonie était terminée.
II. Fête des pains sans levain.
Cette fête était étroitement unie à la Pâque et, comme elle, mise en rapport avec la sortie d’Egypte. Elle devait rappeler le départ des Israélites, quittant en hâte le pays de la servitude et mangeant du pain que l’on n’avait pas eu le temps de faire lever (Ex 12). Mais certains textes montrent que cette fête marquait aussi le commencement de la moisson. On peut en conclure qu’à l’origine elle était essentiellement agricole et sans doute cananéenne avant de devenir israélite, et qu’elle se combina par la suite avec la Pâque des Hébreux parce qu’elle tombait à la même époque. La législation sacerdotale, d’ailleurs (contemporaine d’Esdras), bien qu’insistant sur cette signification historique, n’en retient pas moins des rites qui rappellent son origine agricole, comme l’offrande de la première gerbe (Le 23.10).
III. Fête de la moisson (ou des semaines, ou Pentecôte).
Cette fête marquait l’achèvement de la moisson des blés et durait une journée. Elle n’avait, à l’origine., de rapport avec aucun fait historique. C’était une fête purement agricole, vraisemblablement empruntée aux Cananéens. La législation du Deutéronome la dénomma fête des semaines parce qu’elle survenait sept semaines après celle des pains sans levain (De 16.9). La législation sacerdotale insistait sur la cérémonie essentielle de la fête, la présentation, à Yahvé de deux pains tels qu’on les consommait, c’est-à -dire levés. Le judaïsme postérieur lit de cette fête une commémoration de la promulgation de la Loi an Sinaï. Du temps de Jésus, c’était, après Pâque, la fête la plus populaire. Le nom grec de Pentecôte fait allusion aux sept semaines (49 jours) qui la séparaient de la Pâque. On la célébrait le 50° jour.
IV. Fête des récoltes (ou des tabernacles).
Le cycle des quatre grandes fêtes d’Israël s’achevait par la fête des récoltes. Par ce mot, il faut entendre j’ensemble de toutes les récoltes de l’année, y compris la vendange. Elle avait donc lieu en automne, « au mois d’Ethanim. qui est le septième mois » (1Ro 8.2 ; voir : Année, mois et semaine). Ce fut longtemps après l’exil encore, la plus grande fête, appelée par excellence la fête ou la fête de Yahvé (1Ro 8.2 ; 12.32 ; Juges 21.19 ; Le 23.39-41 ; Eze 45.25 ; Ne 8.14). C’est la seule qui soit mentionnée dans les livres historiques de l’Ancien Testament. Dans la législation deutéronomique, elle est appelée fête des tabernacles. Il n’est pas probable que ce nom date de cette époque, et il est certain que la coutume qu’il rappelle est très archaïque : on habitait pendant les sept jours de la fête dans des huttes de feuillage, destinées, selon la législation sacerdotale, à rappeler le souvenir des tentes de l’ancien Israël (Le 23.42-43). On donnait ainsi à la fête une signification historique et nationale qu’elle n’avait pas eu à l’origine.
V. Il faut citer encore la fête mensuelle de la Nouvelle lune (1Sa 20 ; 2Ro 4.23 ; Esa 1.13 ; Amos 8 ; Eze 46.1), fête très ancienne dont la célébration remontait sans doute à l’époque nomade, et le Jour des expiations (Le 16 ; 23.22-23 ; No 29.7-9), fête récente, au contraire, créée par la législation sacerdotale, destinée à la fois à assurer la purification du Temple et à obtenir l’expiation de tous les péchés du peuple qui n’auraient pas été expiés par des cérémonies antérieures, en particulier les péchés involontaires.
A part cette dernière, qui s’accompagnait d’un, jeûne (voir ce mot), toutes les fêtes religieuses d’Israël étaient caractérisées par de grandes démonstrations de joie. Le Deutéronome ordonne sans cesse au peuple de « se réjouir en présence de Yahvé » (De 12.7,12 ; 14.26 ; 16.11, etc.). Une de ces réjouissances était le repas du sacrifice qui donnait lieu parfois, semble-t-il, à des excès (Amos 2.8 ; Esa 28.7ss) ; une autre les processions et des danses accompagnées de musique (Juges 21.19-21 ; Psaumes 149.3 ; 150.4).