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Ce mot provient du grec apostolos, dont le radical apparaît sans déformation dans l’adjectif apostolique. Apôtre signifie messager ou, mieux encore, délégué, missionnaire, c’est-à-dire personnage muni de toute l’autorité de celui qui l’envoie. — La tradition la plus ancienne semble n’avoir donné ce titre d’apôtre aux disciples qu’à l’occasion de la mission spéciale que Jésus leur confia quand il les envoya, deux à deux, pour prêcher ta repentance et guérir les malades. (Marc 3.13-19 ; 6.7-13, 30). Mais cette désignation des Douze devint bientôt habituelle et servit à les distinguer des autres disciples. Luc l’emploie déjà de ta sorte (Luc 17.5 ; 24.10 ; Ac 1.2 ; etc.). Le Nouveau Testament contient quatre listes des Apôtres : Mat 10.2 ; Marc 3.16 ; Luc 6.14 ; Ac 1.13, cette dernière omettant naturellement Judas Iscariot.
Ces listes ne contiennent pas les douze noms dans le même ordre, mais elles des groupent invariablement en séries de quatre, dans chacune desquelles ce sont les mêmes apôtres qui figurent, exactement comme s’il y avait eu, en fait, trois escouades de disciples. De plus, dans toutes ces listes, chaque groupe de quatre noms débute invariablement par le même, exactement comme si chaque escouade avait eu, en fait, son chef désigné ; Pierre, pour la première ; Philippe, pour la seconde, et Jacques, fils d’Alphée, pour la troisième. Ce nombre de douze apôtres paraît avoir eu une signification symbolique et avoir correspondu, dans la pensée de Jésus, aux douze tribus israélites (Mt 19.28). En un sens absolu ce nombre était limitatif. Il fallut le compléter, après la disparition de Judas (Ac 1.15-26), mais on comprend qu’on n’envisageât pas la possibilité de le dépasser en instituant un treizième, un quatorzième apôtre. C’est probablement là une des raisons (il y en avait d’autres) pour lesquelles les prétentions de Paul à l’apostolat (Galates 1.1), soulevèrent dans certains milieux de violentes oppositions (1Co 9.2). Dans ce sens absolu du mot, le titre d’apôtre était réservé aux hommes qui avaient partagé la vie de Jésus durant son ministère et qui étaient les témoins de sa résurrection (Ac 1.21-22). — Cependant le mot apostolos appartenait au langage courant et y conservait sa signification habituelle de messager, délégué ou missionnaire. Il arrivait donc qu’on l’employât, même dans l’Eglise, avec son sens ordinaire et ce fut le cas, par exemple, quand les chrétiens de l’Eglise d’Antioche choisirent, parmi leurs « prophètes et docteurs », Barnabas et Paul pour leur confier une mission d’évangélisation chez les païens (Ac 13.2-3). Ils étaient les délégués, les apôtres de cette communauté entreprenante. Aussi Lue n’hésite-t-il pas, en racontant leur apostolat, à leur donner ce titre, généralement réservé aux Douze (Ac 14.4 ; 14.14). Et on sait que Paul a fait de même en parlant de ses compagnons d’évangélisation. Il écrit ses deux lettres aux Thessaloniciens en sort propre nom et au nom de Silvain et de Timothée ; et c’est de lui-même et de ses deux compagnons qu’il dit : « Etant apôtre du Christ, nous aurions pu nous imposer à vous ; or, au contraire, nous avons été pleins de douceur parmi vous » (1Th 2.6-7).
Dans une autre épître il parle d’Andronicus et de Junias, ses parents et ses compagnons de captivité, et il écrit « Ils sont distingués entre les apôtres et même ont été en Christ avant moi » (Romains 16.7). — Quoi d’étonnant si Paul a revendiqué pour lui-même le titre apostolique, étant donné, en outre, qu’il remplissait une des conditions essentielles demandées à ceux qui faisaient parti du cercle restreint des Douze ? N’avait-il pas été témoin, lui aussi, de la résurrection du Seigneur (1Co 9.1) ? — L’autorité impliquée par le titre d’apôtre n’est nulle part définie formellement dans le Nouveau Testament. Deux exemples nous permettent cependant d’en apprécier l’étendue et la signification. Lors de l’institution des sept diacres nous voyons les apôtres convoquer « une réunion de tous les disciples » chargés d’élire des hommes « pleins d’Esprit saint, sages et considérés ; l’élection faite, c’est aux apôtres que revient la charge de les consacrer solennellement par l’imposition des mains » (Ac 6.1-6). Plus tard, lorsque fut soulevée la grave question de savoir si les païens convertis devaient être astreints à observer toute la loi rituelle des Juifs, le débat fut porté devant « les Apôtres et les Anciens (voir ce mot) » de Jérusalem, qui formulèrent leur décision dans une lettre dont le ton est celui d’une fraternelle recommandation plutôt que d’un ordre formel, et dont l’autorité est toute morale (Ac 15). Dans les Eglises fondées par Paul, l’apôtre exerce une réelle autorité en nommant les Anciens, en communiquant le don de l’Esprit, en tranchant toutes sortes de questions relatives tant à la vie privée des chrétiens qu’à la vie sociale de la communauté et à son culte (Actes 14.23 ; 19.6 ; 1Corinthiens chapitres 6, 7, 8, 10, 11, 12, 14 ; etc., etc.). — Les rapports de l’apôtre Paul avec les Douze sont empreints à la fois d’un sens très net de son indépendance et du désir le plus fraternel d’agir en communauté d’esprit avec eux.