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Les Hébreux ont plusieurs noms pour signifier les sauterelles, et ils en reconnaissent de plusieurs sortes, qui sont inconnues parmi nous. Dieu frappa l’Égypte de la plaie des sauterelles (Exode 10.4-12 Psaumes 77.46 ; 104.34-35), qui ravagèrent tout ce qui était resté à la campagne dans ce pays-là. Les anciens historiens et les nouveaux voyageurs remarquent que dans l’Afrique et dans plusieurs endroits de l’Asie, les sauterelles sont en très-grand nombre ; que quelquefois elles viennent s’abattre dans un pays comme une nuée, et rongent tout ce qu’elles rencontrent ; que leur quantité est même quelquefois si grande, qu’elles obscurcissent le soleil, et que les peuples les voyant en l’air sont saisis, dans l’incertitude si elles ne tomberont pas sur leur pays. Le prophète Joël (Joël 1.6-7 ; 2.3-5), rapportant une stérilité arrivée dans la Judée ensuite d’une multitude de sauterelles qui l’avaient désolée, en parle comme d’une armée ennemie qui y aurait commis toutes sortes de dégâts. Isaïe (Isaïe 33.4-5) remarque que quand les sauterelles sont emportées par le vent dans la mer, et qu’ensuite elles sont rejetées par monceaux sur le sable, on fait de grands trous dans la terre pour les enterrer, ou bien on les brûle, pour empêcher l’infection qu’elles pourraient produire dans l’air. Et en effet, il est quelquefois arrivé qu’elles ont causé de grandes pestes.
Alvarez, Histoire d’Éthiopie, pages 3 et suivants, dit ceci : Généralement, par tout le domaine de Prêtre-Jan, le pays est affligé d’une grande plaie de locustes sans nombre, qui mangent et consument tous les blés et arbres ; la quantité de ces animaux étant si grande qu’elle excède le croire raisonnable ; tellement que leur infinie multitude couvre la terre et remplit l’air ; si bien qu’il est difficile que les rayons du soleil puissent pénétrer jusqu’en bas et transmettre leur lumière accoutumée… Et je ne veux passer outre sans vous donner à entendre ce que j’ai vu par trois fois, l’une desquelles et la première fut en Barva (Débaroa), où nous avions déjà demeuré l’espace de trois ans, pendant lesquels il nous fut, dit souventes fois : Un tel pays ou royaume a été détruit cette année par les locustes…
Aucher-Eloi, voyageant, le 1° mai 1835, de Bagdad à Mossoul (Relations de voyages en Orient, pages 197), fut témoin des ravages causés par les sauterelles. « Je trouvai sur la route, dit-il, une énorme quantité de sauterelles qui n’étaient encore qu’à l’état de larve, et qui se dirigeaient toutes du même côté :La terre en était couverte et semblait brûlée sur leur passage. C’est ainsi que, favorisées par le vent, elles ont quelquefois dévasté l’Asie et l’Europe. »]
Moïse (Lévitique 11.22) déclare impurs tous les animaux qui volent et qui marchent à quatre pattes ; mais il excepte ceux qui, ayant les pieds de derrière plus grands, sautent et ne rampent pas sur la terre. Ensuite il désigne quatre sortes de sauterelles nommées en hébreu arbd, salah, chargal et sauterelles ; que saint Jérôme a rendues par bruchus, attacus, ophiomachus et locusta. On peut voir sur le sujet des sauterelles Bochart, dans son grand ouvrage de Animalibus sacris, partie 2 livre 4 chapitre 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8.
Après la défense (lire permission) que Moïse fait d’user de sauterelles, on ne peut douter que l’on ne mangeât communément de ces animaux dans la Palestine et dans les pays voisins ; ainsi il n’y a nulle difficulté que le terme acrides, dont se sert saint Matthieu (Matthieu 3.4) en parlant de ce qui servait à la nourriture de saint Jean, ne puisse signifier des sauterelles. Les anciens font foi que dans l’Afrique, dans la Syrie, dans la Perse et presque dans toute l’Asie, les peuples mangent communément de ces animaux. Il y a même des peuples entiers à qui l’on donne le nom d’Acridophages ou mangeurs de sauterelles, parce que c’est là leur principale nourriture. Plusieurs auteurs nouveaux témoignent que l’usage en est encore commun aujourd’hui dans l’Afrique et dans l’Orient. Clénard, dans une lettre écrite de Fez l’an 1541, assure qu’il a vu apporter dans cette ville des chariots chargés de sauterelles que le peuple achète pour se nourrir. Kirsténius, dans ses Notes sur saint Matthieu, dit qu’il a appris de son maître arabe qu’il en avait souvent vu sur le Jourdain ; qu’elles sont de même forme, mais plus grosses que les nôtres ; qu’on leur arrache les ailes et les pattes, et qu’on pend le reste à son cou jusqu’à ce qu’elles viennent à s’échauffer et à se fermenter, et qu’alors on les mange, et que c’est un fort bon manger. Un religieux qui a voyagé en Égypte, assure qu’il a mangé de ces sauterelles, et qu’on s’en nourrit à la campagne pendant quatre mois de l’année. Voyez les commentateurs sur saint Matthieu,. chapitre 3.4., et Bochart, de Animal sacr page 2, 1.4.
Un savant orientaliste, M. Ludolf, dans son Histoire d’Éthiopie, a Prétendu montrer Que ce que la Vulgate et le commun des interprètes de l’Écriture explique des cailles (Exode 16.1 Nombres 10.11) que Dieu envoya à son peuple dans le désert pour le nourrir, doit s’entendre des sauterelles. Il rapporte pour son opinion diverses preuves dont nous avons donné le précis ci-devant sous le mot Cailles.