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L’empereur Néron n’est point nommé par son nom dans l’Écriture ; mais il y est désigné en quelques endroits par sa qualité d’empereur et par son surnom de César. C’est à lui que saint Paul appela, lorsqu’ayant été arrêté dans le temple de Jérusalem, il fut envoyé à Césarée à Félix, gouverneur [procurateur] de Judée, qui l’y retint deux ans en prison, puis le remit à Festus, son successeur dans le gouvernement de cette province, lequel ayant dessein de le livrer aux Juifs, saint Paul fut obligé d’appeler à Néron. Il fut donc conduit à Rome, et y arriva au mois de février de l’an 60 de Jésus-Christ. Il y demeura deux ans, prêchant l’Évangile avec beaucoup de liberté ; jusque-là qu’il devint célèbre même à la cour de l’empereur, où il y avait un bon nombre de chrétiens (Philippiens 4.22). Il salue les Philippiens au nom des frères qui étaient de la maison de César, c’est-à-dire, de la cour de Néron. Nous ne savons pas précisément comment il fut absous des accusations des Juifs ; s’il comparut devant Néron, ou si les Juifs, ses ennemis, se désistèrent de leurs poursuites : mais il est certain qu’il fut délivré l’an 62 de Jésus-Christ.
Il revint à Rome l’an 65 de Jésus-Christ, 11 et 12 de Néron ; et ayant, à ce que l’on dit, converti une concubine de ce prince, il fut arrété et mis en prison par ses ordres. Il comparut devant lui, et il fut abandonné de tout le monde dans cette importante occasion (2 Timothée 4.16-17) ; mais Dieu le délivra pour lors de la gueule de ce lion. Il y comparut une seconde fois, et fut condamné à être décapité l’an 66 de Jésus-Christ. L’apôtre saint Pierre fut aussi arrêté et mis à mort par les ordres du même prince, et en même temps que saint Paul. On compte Néron pour le premier persécuteur des chrétiens ; et la persécution qu’il excita contre eux l’an 66 de Jésus-Christ passe pour la première de la part des empereurs romains. Néron, le plus cruel et le plus extravagant, aussi bien que le plus corrompu et le plus impie de tous les hommes, commença à poursuivre les chrétiens à l’occasion de l’embrasement de Rome, dont tout le monde le croyait auteur. Il voulut en rejeter la haine sur les chrétiens. On se saisit premièrement de ceux qui passaient publiquement pour chrétiens, et, par leur moyen, on en découvrit beaucoup d’autres. On les condamna à la mort, et on insulta même à leur supplice. Ou en couvrit quelques-uns de peaux de bêtes, pour les faire déchirer par les chiens ; on en attacha d’autres à des croix, el on en fit périr quelques-uns par les flammes, en les faisant allumer durant la nuit, comme pour servir de flambeaux au peuple. Néron fournit ses jardins pour y exercer ces cruautés.
Depuis ce temps, on commença à publier des édits contre les chrétiens ; et on trouve un grand nombre de martyrs sous Néron depuis l’an 64, surtout en Italie. Nous avons déjà parlé de la mort de saint Pierre et de saint Paul, qui fut une suite de cette persécution, laquelle dura apparemment jusqu’à la mort de Néron, arrivée l’an 68 de Jésus-Christ, et 14 de ce prince, qui se tua lui-même le neuvième ou l’onzième de juin. Je n’entre pas dans le détail de ses actions ; je me borne à ce qui regarde la religion chrétienne, et à ce qui peut avoir rapport an Dictionnaire de la Bible. La révolte des Juifs contre les Romains arriva vers l’an 65 et 66 de Jésus-Christ, 12 et 13 de Néron. La ville de Jérusalem s’étant soulevée en l’an 66, Florus y tua trois mille six cents personnes, et commença ainsi la guerre. Peu de temps après, ceux de Jérusalem égorgèrent la gar nison romaine. Cestius viiit à Jérusalem pour réprimer les séditieux ; mais il se relira, après l’avoir tenue assiégée pendant environ six semaines, et il fut défait dans sa retraite, le 8 de novembre de l’an 66 de l’ère vulgaire. Sur la fin de la même année, Néron donna à Vespasien la conduite de ses troupes contre les Juifs. Ce général fit la guerre dans la Galilée et dans le reste de la Judée, pendant les années 67 et 68 de Jésus-Christ, 13 et 14 de Néron. Mais Néron s’étant tué la quatorzième année de son règne, la ville de Jérusalem ne fut assiégée qu’après sa mort, l’an 70 de Jésus-Christ, 1 et 2 de Vespasien.