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Cinquième empereur de Rome, n’est jamais nommé dans l’Écriture autrement que par son titre d’empereur ou de César, parce que dans les divers passages où il est question de lui, ce n’est pas de sa personne, mais de son titre qu’il est parlé. On sait comment dès le commencement de son règne il fit concevoir à tous les plus belles espérances ; doux, vertueux, modeste, ami de la paix et de la justice, il était fortifié dans ces heureuses dispositions par Burrhus et Sénèque, les instituteurs de sa jeunesse. Il annonça au sénat que son désir était de prendre Auguste pour modèle, et dans les premiers temps on le vit s’efforcer de tenir sa promesse ; il diminua les impôts, fit de grandes largesses au peuple pour se concilier son affection, et lui donna des jeux splendides. Malheureusement il était faible et passionné ; il prit pour directeur son confident Narcisse, scélérat et fourbe consommé, qui fit de lui cet atroce Néron dont le souvenir fait frissonner l’histoire. C’est à l’instigation de Narcisse qu’il fit assassiner Britannicus, son frère adoptif, puis sa mère, Agrippine, à qui il devait la vie et l’empire (voir Claude).
Ce pas fait, rien ne devait naturellement l’arrêter, il prit un affreux plaisir à l’odeur du meurtre, et fit massacrer une foule inouïe d’innocents. Cependant son premier crime ne le laissa jamais tranquille, et ses remords le poursuivirent partout jusqu’à la mort. Pour s’étourdir, pour étouffer les cris de sa conscience, en même temps que pour assouvir ses passions désordonnées, il se livrait aux plus honteuses débauches. Il répudia sa femme Octavie, sœur de Britannicus, pour épouser l’infâme Poppée, et bientôt il fit périr à son tour d’un coup de pied cette seconde épouse et l’enfant qu’elle lui promettait. Avec cela il se piquait d’être artiste, poète et musicien ; il prenait part lui-même aux jeux publics et aux représentations dramatiques ; là il se montrait vêtu en histrion, entouré des histrions qui faisaient sa société habituelle, jouant du luth ou récitant ses poésies, se mêlant enfin parmi les lutteurs, et combattant lui-même. Il fit ainsi plusieurs voyages en Campanie, à Naples, en Grèce, sans autre but que de se donner en spectacle au peuple, et d’obtenir ses applaudissements.
Sous son règne un immense incendie consuma les plus beaux quartiers de Rome, et cette capitale fut presque entièrement la proie des flammes ; pendant cette désolation, lui-même du haut d’une tour de laquelle il pouvait à son aise contempler les ravages et les progrès du feu, il chantait en s’accompagnant de sa lyre, un poème qu’il avait composé sur l’embrasement de Troie. Il est incertain s’il fut lui-même l’auteur de cet incendie ; du moins il fit quelque chose pour en soulager les victimes. Quoi qu’il en soit, il imputa le crime aux chrétiens, et ordonna contre eux une persécution qui fut la première et la plus violente de toutes. Ce fut sans doute vers cette époque que l’apôtre Paul reçut à Rome la couronne du martyre.
La 12° année de son règne une conspiration formée contre ses jours lui fut découverte par la perfidie d’un esclave ; non seulement tous les conjurés périrent, mais avec eux presque tous leurs alliés, parents ou amis. Sa fureur ne connaissait pas de bornes ; sur un simple soupçon les plus honnêtes citoyens étaient sacrifiés ; Rome fut inondée de sang. Le poète Lucain, Burrhus, Sénèque, subirent le sort de tant d’autres hommes illustres. Enfin le châtiment arriva : Néron fut précipité de son trône par une révolte de l’armée, et se tua au moment où on allait le saisir, âgé de trente-et-un ans, après en avoir régné quatorze. La nouvelle de sa mort causa une joie inexprimable ; ses statues furent renversées et traînées dans la boue, mais on lui fit des funérailles magnifiques.
Il ressort de Philippiens 4.22, que quelques personnes de sa maison avaient embrassé la foi chrétienne. C’est à cet empereur que Paul en appela du jugement de Festus. Quelques commentateurs ont entendu de Néron le lion de la gueule duquel Paul avait été délivré (2 Timothée 4.17). Mosheim pense que l’apôtre parle dans ce passage sans figure, et qu’il veut dire qu’il a failli être condamné à combattre les bêtes féroces. Cependant le sens le plus simple c’est le sens général figuré : « J’ai échappé à un grand danger ».