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Hôtes, Hospitalité.
L’hospitalité a toujours été fort en honneur par les peuples policés. Nous voyons dans Homère et dans les anciens auteurs grecs, quel respect ils avaient pour les hôtes. Ils croyaient que les dieux allaient quelquefois par le monde déguisés en voyageurs, et observant la conduite que tenaient les hommes envers leurs semblables. La crainte qu’on avait de mépriser un dieu, au lieu d’un voyageur, faisait qu’on recevait avec respect les plus inconnus ; et les droits de l’hospitalité étaient parmi eux les plus sacrés et les plus inviolables.
L’Écriture nous fournit divers exemples de l’hospitalité exercée par les patriarches. Abraham reçoit les trois anges, se prosterne à leurs pieds, les invite, les presse (Genèse 18.2-3), les sert lui-même, se tient debout en leur présence ; Sara son épouse fait la cuisine et cuit le pain pour ses hôtes. Loth attend à la porte de la ville pour recevoir les hôtes qui y pouvaient arriver (Genèse 19.1-3). Lorsque les habitants de Sodome se présentent devant sa maison pour faire insulte à ses hôtes, il sort, il leur parle, il s’expose à leur fureur, et offre de livrer ses propres filles à leur brutalité, pourvu qu’ils épargnent ses hôtes. On voit à-peu-près la même chose dans ce vieillard de Gabaa, qui avait reçu le jeune lévite avec sa femme (Juges 19.16-17). Saint Paul se sert de l’exemple d’Abraham et de Loth (Hébreux 13.2), pour animer les fidèles à exercer celte vertu, disant qu’elle a mérité à ceux qui l’ont exercée, l’honneur de recevoir des anges sous la forme d’hommes.
Les apôtres saint Pierre et saint Paul, remplis de Jésus-Christ, ont eu grand soin de recommander l’hospitalité aux fidèles ; et les premiers chrétiens ont fait de l’exercice de cette vertu un de leurs plus importants devoirs. Le Sauveur dit à ses apôtres (Matthieu 10.40-41), que quiconque les reçoit le reçoit lui-même, et que celui qui leur donnera même un verre d’eau, ne perdra pas sa récompense. Enfin au dernier jour du jugement, il dira aux méchants : Allez, maudits, au feu éternel ; j’ai été hôte, et vous ne m’avez point reçu ; … et ce que vous n’avez pas fait au moindre des miens, vous ne l’avez pas fait à moi-même. Saint Pierre (1 Pierre 4.9) veut que les fidèles exercent l’hospitalité envers leurs frères sans murmure et sans plainte. Saint Paul dans plusieurs de ses Épîtres recommande l’hospitalité : Hospitalitatem nolite oblivisci, dit-il aux Hébreux (Hébreux 13.2). Voyez (Romains 12.13). Hospitalitatem sectantes. Mais il la recommande surtout aux évêques. Dans les deux Épîtres à Timothée et à Tite, où il marque les devoirs et les qualités de l’évêque, il n’oublie pas l’hospitailté (1 Timothée 3.2 Tite 1.8). Que celui qui n’exerce pas l’hospitalité, ne soit pas fait évêque, dit saint Grégoire le Grand. Et si l’évêque ne reçoit pas tous les étrangers dans sa maison, il est inhumain : Episcopus nisi mues receperit, inhumanus est, dit saint Jérôme.
Les premiers fidèles étaient si zélés et si exacts à s’acquitter de ce devoir, que les païens mêmes en étaient dans l’admiration. Ils exerçaient l’hospitalité envers tous les étrangers, mais principalement envers ceux qui étaient de la même croyance et de la même communion : Domesticos fidei. Les fidèles n’allaient guère sans lettres de communion, qui témoignaient la pureté de leur foi. Il n’en fallait pas davantage pour les faire recevoir par tous les lieux ou Jésus-Christ était connu. Nous croyons que les deux dernières lettres de saint Jean l’Évangéliste pourraient bien être de ces lettres de communion et de recommandation, que l’on donnait aux chrétiens qui allaient en voyage.