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Cette touchante et noble vertu qui ramène les hommes à la fraternité primitive, en établissant pour quelques jours la communauté des biens, a toujours été répandue en Orient ; elle est encore aujourd’hui dans les mœurs de ces populations. Elle est recommandée aux chrétiens (Romains 12.13 ; Hébr. 13.2), comme elle l’était aux Hébreux, qui, du reste, la pratiquaient presque d’eux-mêmes comme les autres peuples orientaux. L’étranger, quel qu’il fût, était invité à entrer dans la maison (Genèse 19.2 ; Exode 2.20 ; Juges 13.15 ; 19.21), on lui lavait les pieds suivant l’usage du pays (Genèse 18.4 ; 19.2 ; cf. 1 Timothée 5.10), et on lui fournissait pour lui et pour ceux qui étaient avec lui, hommes, chevaux, chameaux, tout ce dont ils pouvaient avoir besoin, nourriture et logement (Genèse 18.5 ; 19.3 ; 24.25-32 ; Exode 2.20 ; Juges 19.20), soins de toute espèce et protection (Josué 2.1 ; etc.). À son départ il était accompagné honorablement par son hôte et par sa famille ; chez les Arabes encore il se borne pour tout remerciement à dire à ceux qui l’ont hébergé : « Que Dieu vous garde ! » Refuser l’hospitalité à un voyageur était l’indice de la plus sordide et de la plus dure avarice ; l’insulter ou troubler son repos était une grossièreté sans nom (Genèse 19.4). Après l’exil, l’hospitalité entre Juifs et Samaritains ne fut plus qu’une vertu nominale ; castes distinctes, ces deux peuples se haïssaient avec la fureur ordinaire des castes ; les Juifs aimaient mieux faire un détour que de s’exposer à demander l’hospitalité à des Samaritains, et ces derniers, peut-être moins obstinés dans leur haine (Luc 10.33), repoussaient cependant de leurs maisons les Juifs qui se rendaient à Jérusalem, surtout lorsqu’ils paraissaient s’y rendre pour les fêtes religieuses (Luc 9.53). Notre Sauveur, dans la parabole du bon Samaritain, montre combien l’idée de prochain doit rester indépendante de toutes considérations personnelles ou religieuses, lorsqu’il s’agit de la charité dont l’essence est d’être universelle.
D’après Homère, l’hospitalité des païens aurait été fondée sur la croyance que les dieux, déguisés en simples mortels, se promènent quelquefois sur la terre pour éprouver les hommes, les récompenser de leur hospitalité, ou les punir de leur dureté ; cette idée sublime a été rappelée par notre Sauveur, et bien peu modifiée, lorsqu’il dit à ses disciples : « Celui qui vous reçoit me reçoit » (Matthieu 10.40-41 ; cf. 25.34-43). « Par elle, dit encore un apôtre, quelques-uns ont logé des anges, n’en sachant rien » (Hébreux 13.2).